La famille Gabe a fui les Balkans pour chercher refuge. C’est à Morlaix, après un long périple, que ses membres vont rencontrer les militants d’Amnesty International. Récit.
Lundi 12 décembre 2016, la nuit tombe sur la gare de Morlaix. Le train en provenance de Paris marque l’arrêt puis reprend sa route en direction de Brest. C’est là que descend la famille Gabe avec ses deux filles âgées de 11 et 16 ans. Morlaix, ultime étape avant l’Angleterre après un long périple qui les a menés des Balkans en Suède, de Suède en Italie et d’Italie à Paris. Mais l’homme qui devait venir les chercher à la gare n’est pas au rendez-vous.
N’a-t-il seulement jamais existé ? Seul le passeur qui a pris l’argent de la famille Gabe à leur départ le sait.
Perdus, ils errent sur le quai lorsque Fabienne s’aperçoit de leur présence et va à leur rencontre. Rapidement, elle comprend la situation et appelle un de ses amis, qui décide de les héberger en urgence. Mise au courant de la situation, Elyane, membre du groupe local d’Amnesty à Morlaix relance alors avec succès le conseil municipal du village voisin de Carantec, qui avait voté quelques mois auparavant la mise à disposition d’un logement pour une famille de migrants.
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Une fuite sans répits pour la famille Gabe
Dans son pays, le père de la famille Gabe faisait partie d’un parti politique auquel il lui arrivait de prêter son restaurant pour l’organisation de réunions. C’est après la défaite aux élections de ce parti que les choses ont commencé à se compliquer pour lui et sa famille.
Il a tout d’abord reçu des menaces de l’administration visant à fermer son restaurant. Puis, alors qu’il se rendait à Skoder, sa voiture a été criblée de balles par des policiers, sans sommation. Deux d’entre elles l’atteignent et le blesse gravement. L’opération ne permet pas d’enlever les balles mais le laisse en vie. Son frère a moins de chance, il meurt sur le coup.
À sa sortie de l’hôpital, M. Gabe porte plainte mais les menaces reprennent. Son restaurant est saccagé, son appartement cambriolé. Lui et sa femme décident alors de quitter l’Albanie avec leurs deux plus petites filles. Leur aînée choisit de rester avec la famille de son mari. Mais tous deux sont vite rattrapés par les menaces de la police. Après s’être cachés un temps dans la forêt, ils apprennent qu’elle est enceinte et décident eux aussi d’abandonner études et travail pour fuir l’Albanie.
À son arrivée, le jeune couple est accueilli avec chaleur par les réseaux militants bretons. Comme pour la famille Gabe, le soutien va des cours de français à l’aide pour l’accès aux soins, qui permet notamment un accouchement dans de bonnes conditions.
Plus spécifiquement, les militants d’Amnesty International aident l’ensemble des membres de la famille dans leur demande d’asile. En 2017, la convocation de l’Ofpra finit par tomber. La famille a six jours pour se rendre à Montreuil y défendre leur demande. Elyane obtient du siège d’Amnesty une aide financière pour organiser le déplacement.
Elle accompagne la famille à Montreuil et, grâce à sa carte d’adhérente d’Amnesty, est même autorisée à assister à l’entretien de demande d’asile. Malheureusement, la demande est rejetée et la famille fait appel.
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Grâce aux preuves matérielles de leur persécution qu’ils arrivent à réunir et à authentifier, avec l’aide de leur avocate spécialisée en droit des étrangers, la famille Gabe espère maintenant que la CNDA leur donnera raison et qu’ils pourront continuer à construire leur vie en Bretagne.
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