Le 7 mars 2020, nous étions à Montgenèvre pour la Grande Maraude solidaire. L'occasion de mettre en lumière le travail des maraudeurs, ces personnes qui aident des réfugiés se trouvant en danger dans les montagnes. Témoignage d’une de nos militantes.
Je côtoie des migrants en Bretagne depuis l’ouverture d’un CAO (un centre d’accueil et d’orientation – destiné à recevoir des personnes depuis les campements de Calais) dans ma commune fin 2016, je donne toujours des cours de français à des personnes qui parfois ne connaissent aucune autre langue que la leur ou qui n’ont jamais fréquenté une école. Certains parlent désormais français et il leur arrive de me raconter des bribes de leur histoire.
Malgré le long voyage de puis la Bretagne : Lorient-Briançon 13h de train (je me dis que par rapport à ce que les migrants ont vécu ce n’est rien), il me semblait important d’être présente pour soutenir moralement celles et ceux qui maraudent toutes les nuits pour aider les migrants.
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Harcelés pour avoir sauvé des vies
J’ai apprécié, lors de la conférence, la sélection des intervenants. Il y avait un sauveteur en mer du qui encourt 20 ans de prison en Italie pour avoir secouru des vies en Méditerranée. Une militante de l'Auberge des Migrants à Calais qui a fait le récit du harcèlement et de la répression à l'encontre des associations solidaires. Un maraudeur briançonnais poursuivi en justice, puis relaxé en appel grâce à la diffusion d'une vidéo mettant en évidence les témoignages "dénués de véracité" des forces de l'ordre. Ce choix permettait de voir la diversité des aides apportées en France, chacun faisant ce qu’il peut pour les aider avec les caractéristiques propres à son association.
Souvent on a une idée de la façon dont ces personnes réfugiées et migrantes sont traitées en France, mais cela reflète une infime partie de ce qui se passe réellement : arrestations même à 10 km à l’intérieur de la France, procès pour les aidants, gazage dans les camps pour les faire évacuer… Une justice avec deux poids, deux mesures : une pour les aidants, une autre pour les forces de l’ordre qui semblent pouvoir refouler des personnes en toute impunité.
Des moments forts
Un moment très émouvant : l’arrivée des militants italiens qui nous ont rejoints pour notre manifestation à la frontière depuis leur côté de la montagne. Ce qui m’a le plus impressionnée c’est la multiplicité des pancartes racontant chacune l’histoire d’un migrant. Ces pancartes étaient face à la Police aux Frontières (PAF), ils ont donc pu les lire pendant toute la manifestation.
L’une d’elles racontait que ce jeune homme avait tenté plusieurs fois de passer la frontière, qu’à chaque fois, il avait été refoulé, la dernière fois a été la bonne, il a réussi à passer et à pouvoir demander l’asile en France, maintenant il a le statut de réfugié et il travaille. Comme quoi, il avait bien le droit de déposer sa demande d’asile et sa demande était bien justifiée.
Lors des prises de paroles, il a été évoqué le droit de chaque policier à désobéir à un ordre si celui-ci lui paraît illégal. Un fascicule à ce sujet avait été édité à leur intention.
Encore un grand bravo à l’ensemble des aidants rencontrés à l’occasion de cette belle action !
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