Au terme d’un marathon judicaire qui a vu le procès de Martine Landry renvoyé à trois reprises depuis le début de l’année, l’évidence s’est imposée, le 30 mai dernier, au tribunal correctionnel de Nice. L’évidence s’appelle relaxe.
La justice, n’a pas pu apporter la preuve que l’amie Martine, militante d’Amnesty International et de l’Anafé, avait « aidé à l’entrée d’étrangers en France ». Retraitée âgée de 73 ans, chargée par Amnesty de missions d’observation à la frontière, elle était accusée d’avoir « convoyé » deux migrants mineurs entre l’Italie et la France, le 28 juillet 2017, au poste frontière de Menton-Vintimille.
Martine Landry assure pour sa part n’avoir recueilli les deux adolescents qu’après leur passage de la frontière, sur le territoire français donc. Elle les a d’ailleurs aussitôt remis à la Police de l’Air et des Frontières (PAF), afin qu’ils soient pris en charge par l’aide sociale à l’enfance (ASE).
Le verdict sera rendu le 13 juillet et ne semble pas faire de doute, la procureure de la République, Valentine Vinesse, ayant donc demandé la relaxe pour Martine Landry. Mais ce procès laisse cependant un sentiment de malaise, voire de colère. En effet, il a moins porté sur les faits reprochés à tort à Martine Landry, que sur la chronologie du sort de ces deux mineurs guinéens.
Ils seraient arrivés mi-juillet en France, auraient été expulsés vers l’Italie – il est pour le coup totalement illégal de renvoyer des mineurs – le 26 juillet 2017, avant d’être renvoyés par les policiers italiens en France le 28 juillet.
Lire aussi : L'abandon des enfants migrants
La présidente du tribunal, Laurie Duca, a cherché à comprendre le déroulement de cette « partie de ping-pong entre France et Italie ». Ping-pong dont les balles, sont rappelons-le, des mineurs étrangers isolés.
On a eu le sentiment tout au long de l’audience que Martine Landry était mise en cause pour faire oublier les turpitudes des policiers français comme italiens.
Outre les ombres de ce dossier sur le comportement de la PAF et de l’ASE, ce procès illustre l’acharnement judiciaire contre les militants de Roya Solidaire. À l’issue de son réquisitoire, La Procureure de la République a mis en cause, sans les nommer, Cédric Herrou et Mme Mireille Damiano, son avocate et celle Martine Landry.
Elle a même envisagé l’ouverture d’une information pour « faux et usage de faux », en élaborant une extravagante théorie du complot. Le tribunal de Nice n’en a donc sans doute pas fini avec le « délit de solidarité ».
D’autant précise Jean-François Dubost, responsable du programme Protection des populations à Amnesty, qui témoignait à la barre, qu’avec la nouvelle loi Asile-immigration « des poursuites injustes comme celles visant Martine Landry continueront d’être possibles »….