Droits au logement, à la santé, à l’eau, à la vie… Autant de droits menacés par le dérèglement climatique. Face à ce constat, les États prendront-ils des mesures radicales lors de la COP 25 ?
Alors que les participants à la COP 25 se réunissent à Madrid, du 2 au 13 décembre 2019, nous exigeons des États qu’ils prennent des mesures audacieuses, nécessaires pour protéger les droits humains face à la crise climatique.
Comprendre : Pourquoi le dérèglement climatique menace les droits humains ?
Climat hostile aux droits humains
Le dérèglement climatique est une crise qui touche les droits fondamentaux à l’échelle mondiale ; il a des conséquences pour les droits à la vie, à la santé, au logement, à l’eau et à l’assainissement et pour bien d’autres droits. Il touche de manière disproportionnée les personnes et les groupes marginalisés ou soumis aux inégalités. De ce fait, des millions d’êtres humains souffrent déjà des effets catastrophiques de phénomènes climatiques exacerbés par le dérèglement climatique.
Des populations, y compris des adolescents, se mobilisent pourtant depuis longtemps, et de manière croissante, pour réclamer la justice climatique. Mais les réponses n’ont pour l’instant pas été à la hauteur du problème.
C’est aux États d’agir. Ils doivent notamment abandonner progressivement les énergies fossiles, veiller à ce que cela se fasse de manière équitable pour toutes et tous et à ce que cette transition soit réellement juste.
Les manifestations entravées
L’un des obstacles à la lutte pour la justice climatique est l’hostilité et la violence auxquelles se heurtent les défenseurs des droits humains qui protègent leurs terres, leur territoire et l’environnement. Parfois, les violences peuvent être le fait des forces de sécurité de l’État ou d’agents de sécurité privés agissant pour le compte d’intérêts privés.
À cela s’ajoutent, dans la majorité des pays du globe, la multiplication des obstacles à l’exercice des droits à la liberté de réunion et d’association et la répression de plus en plus forte des manifestations.
Dans ce contexte, il peut être risqué de manifester pour demander que des mesures soient prises contre le dérèglement climatique et participer aux grèves mondiales pour le climat. Ainsi, en octobre 2019, au Royaume-Uni, des manifestants ont été arrêtés en masse et les manifestations ont été interdites, ce qui a fini par mettre un point d’arrêt aux rassemblements de Londres.
À Paris, la Marche pour le climat du 21 septembre 2019 a été entravée par l’utilisation massive de gaz lacrymogènes contre des manifestants largement pacifiques, au point que Greenpeace France a dû se résoudre à appeler les participants à quitter les lieux.
Une urgence climatique
La grande majorité des États, en particulier les pays riches et industrialisés qui ont la capacité et la responsabilité d’agir plus vite, ne se fixent pas d’objectifs suffisamment ambitieux. Les émissions de CO2 générées par les combustibles fossiles continuent d’augmenter et ont atteint un nouveau record en 2018.
Au sein des pays du G20, la part des énergies fossiles atteint environ 82 % et le montant des subventions accordées aux centrales électriques fonctionnant au charbon a presque triplé entre 2013 et 2017. En particulier en France et en Turquie, le subventionnement des énergies fossiles a augmenté entre 2012 et 2017.
En adoptant des décisions fermes et ambitieuses à Madrid, les États peuvent faire preuve de leur engagement à placer les droits des personnes et des communautés au centre de leur réponse à cette urgence.
Nos revendications
Pour la COP 25, Amnesty International demande aux États de :
revoir à la hausse les ambitions en matière d’action climatique pour réduire les émissions de gaz à effet de serre ;
faire en sorte qu’un mécanisme ferme soit mis en place pour apporter soutien et recours aux personnes dont les droits humains sont affectés par la crise climatique ;
convenir de règles de coopération visant à réduire les émissions tout en respectant les droits humains ;
améliorer les initiatives afin que les politiques climatiques internationales intègrent pleinement l’égalité des genres et remédient aux discriminations croisées.
Nous demandons aux les pays riches industrialisés, dont la France, de :
adopter des objectifs de réduction d’émissions visant à diviser par deux leurs émissions bien avant 2030, et parvenir à zéro émission de CO2 à l’horizon 2030 ou dès que possible après cette échéance ;
augmenter sensiblement le financement et le soutien à des initiatives climatiques respectueuses des droits fondamentaux, notamment en matière de transfert de technologies, dans des pays moins riches qui sont incapables de prendre seuls les mesures d’atténuation et d’adaptation au changement climatique qui s’imposent ;
fournir aux personnes dont les droits ont été affectés par le changement climatique les moyens et le soutien nécessaires ainsi que l’accès à des recours juridiques, y compris à une indemnisation, en particulier dans les pays moins riches.