Il était en danger de mort. Alaa Abdel Fattah avait totalement arrêté de s’alimenter et de boire au moment de l'ouverture de la COP27 à Charm-el-Cheikh. Bien qu'il ait mis un terme à sa grève totale, sa situation et son état de santé restent préoccupants. Alors qu’il est toujours détenu arbitrairement, nous appelons à sa libération !
« J'ai mis un terme à ma grève de la faim. », c’est ce qu’Alaa Abdel Fattah a écrit dans une lettre à sa famille, datant du 14 novembre. Depuis plusieurs semaines, ses proches interpellent le monde entier sur sa situation : « Alaa est en train de mourir » alertait sa sœur Sanaa Seif le 3 novembre. Elle mettait en garde : « Nous savons que les autorités égyptiennes seraient heureuses qu'Alaa meurt. La seule chose qui les intéresse, c'est que cela n'arrive pas sous les yeux du monde. Mais le monde regarde. »
Pour protester contre son incarcération, Alaa Abdel Fattah ne consommait que 100 calories par jour depuis plus de sept mois . Le 1er novembre, il a cessé totalement de s’alimenter. Au premier jour de la COP27, le 6 novembre, il a cessé de boire. Une grève totale qui mettait sa vie en grand danger. Pour autant, les autorités égyptiennes n’autorisaient pas sa famille, ni son avocat de lui rendre visite. Alaa Abdel Fattah n’est plus détenu au secret : sa famille lui a rendu visite en prison ce jeudi 17 novembre. Néanmoins, les autorités égyptiennes empêchent toujours son avocat de lui rendre visite. C’est le troisième refus qu’il essuie.
La COP27 se clôture ce vendredi 18 novembre. Les projecteurs internationaux ne seront plus braqués sur l’Egypte de la même façon, alors qu’Alaa Abdel Fattah et des milliers d’autres prisonniers d’opinion restent détenus dans la plus grande opacité. Il est donc primordial de poursuivre la mobilisation et la pression sur les autorités égyptiennes pour obtenir la libération d’Alaa Abdel Fattah !
AGIR POUR ALAA ABDEL FATTAH
Pour la libération d'Alaa, une mobilisation internationale est plus que jamais nécessaire !
Comment agir ?
1. Interpellez les autorités égyptiennes via Twitter
2. Interpellez les autorités égyptienne par mail et courrier postal
1. Interpellez les autorités égyptiennes sur Twitter
Tweetez ce message. 👇
.@AlsisiOfficial, vous recevez les dirigeants du monde entier pour la COP27.
Dans le même temps, Alaa Abdel Fattah, militant égypto-britannique emprisonné depuis trois ans, est en danger de mort.
Avant qu’il ne soit trop tard, libérez-le ! Le monde vous regarde. #FreeAlaa #SaveAlaa
2. Écrivez aux autorités égyptiennes
Vous pouvez utiliser vos propres mots ou vous inspirer du modèle ci-dessous. Vous trouverez à la fin du courrier les adresses emails et adresses postales. 👇
Objet : Alaa Abdel Fattah, en danger de mort, doit être libéré immédiatement !
Monsieur le Président de la République,
Je vous écris pour vous faire part de ma vive préoccupation concernant le sort du militant égypto-britannique Alaa Abdel Fattah, et je vous exhorte à le libérer immédiatement. Depuis plus de 200 jours, il ne consomme que 100 calories par jour afin de protester contre son incarcération injuste et contre la privation de visites consulaires dont il fait l’objet. Le 31 octobre 2022, dans une lettre adressée à sa famille, il a annoncé qu’il intensifiait sa grève de la faim en supprimant tout apport de calories le 1er novembre et en cessant toute consommation d’eau le 6 novembre. Les autorités ont refusé d’autoriser la famille ou l’avocat d’Alaa Abdel Fattah à le voir ou à le contacter et refusent également de donner des informations détaillées sur son état de santé, son sort et le lieu où il se trouve. Les autorités ont interdit tout contact avec sa famille depuis le 31 octobre. Entre le 7 et le 9 novembre, Laila Souef, la mère d’Alaa Abdel Fattah, s’est rendue quotidiennement à la prison de Wadi el Natroun afin d’y déposer du courrier et de récupérer une lettre de son fils, mais elle est repartie chaque fois sans nouvelles. Le 10 novembre, un agent de sécurité lui a dit qu’une « intervention médicale » avait eu lieu et que les autorités judiciaires en étaient informées, mais il ne lui a donné aucune autre information et lui a demandé de ne plus venir à la prison. Des agents des forces de sécurité ont empêché l’avocat d’Alaa Abdel Fattah de lui rendre visite le 10 novembre, ignorant ainsi une autorisation délivrée par le parquet le 9 novembre au soir. Compte tenu de la pratique bien établie de la privation de soins de santé adaptés en prison, je crains que les décisions médicales relatives au traitement d’Alaa Abdel Fattah ne soient pas prises par des professionnel·le·s de santé indépendant·e·s, conformément à l’éthique médicale et sans ingérence ou mesures coercitives de la part des autorités.
Alaa Abdel Fattah a été arrêté pour la dernière fois en septembre 2019 ; il a été soumis à la torture et à d’autres mauvais traitements et condamné par un tribunal d’exception en décembre 2021, sur la base de fausses accusations et uniquement parce qu’il a exercé pacifiquement ses droits fondamentaux. Cet homme, qui n’aurait jamais dû être incarcéré, est un prisonnier d’opinion. Les autorités égyptiennes sont au bout du compte responsables de sa vie.
Je vous prie instamment de libérer Alaa Abdel Fattah et Mohamed El-Baqer dans les meilleurs délais et sans condition, car ils sont détenus alors qu’ils n’ont fait qu’exercer pacifiquement leurs droits humains. Dans l’attente de leur libération, les autorités égyptiennes doivent révéler immédiatement les informations sur l’état de santé d’Alaa Abdel Fattah et sur le lieu où il se trouve, et doivent permettre à sa famille, à son avocat et aux autorités consulaires britanniques de lui rendre visite immédiatement, tout comme elles doivent lui permettre de passer des appels téléphoniques réguliers. Les autorités doivent le protéger de la torture et d’autres mauvais traitements et lui donner de toute urgence accès à des soins médicaux adaptés, dans un établissement choisi par sa famille où il pourra être soigné par des professionnel·le·s de santé en conformité avec l'éthique médicale et en respectant notamment les principes de confidentialité, d’autonomie et de consentement éclairé.
Veuillez agréer, Monsieur le Président de la République, l’expression de ma haute considération.
Destinataires :
1. Par email
Courriel du porte-parole d'Abdel Fattah Al-Sissi : p.spokesman@op.gov.eg
Courriel de l'Ambassade d'Égypte en France : ambassadedegypteaparis@hotmail.com
2. Par voie postale
Président Abdel Fattah Al-Sissi
Office of the President, Al Ittihadia Palace
Cairo, Arab Republic of Egypt
Copie à envoyer à :
Ambassade d’Égypte en France
56 avenue d’Iéna - 75116 Paris
Alaa dans les discussions de la COP27
Face à l’urgence de la situation d’Alaa Abdel Fattah, certains dirigeants réunis à Charm El-Cheikh pour la COP27 ont évoqué son cas.
Emmanuel Macron a évoqué le cas de Alaa lors d’une rencontre avec son homologue égyptien Abdel Fattah al-Sissi. «J’ai soulevé plusieurs cas individuels de personnalités plus fragiles […] plus sensibles », dont celui de Alaa Abdel Fattah, a déclaré le président français lors d’une conférence de presse. « Le président Sissi d’abord s’est engagé à ce qu’évidemment sa santé soit préservée » a relevé Emmanuel Macron. Il a appelé à sa libération, a précisé l’Elysée (source AFP). Ces prises de positions doivent être prises en considération par les autorités égyptiennes et suivies d'engagements concrets pour la libération immédiate et sans condition d'Alaa. L’ONU demande également « la libération immédiate » du militant.
Lire aussi : COP27 : comment les autorités égyptiennes tentent de redorer leur image
Un symbole de la répression de la société civile
Alaa Abdel Fattah est devenu le symbole de l'arbitraire du régime.
Agnès Callamard, secrétaire générale d'Amnesty International
Alaa Abdel Fattah est la bête noire des autorités égyptiennes. Célèbre militant, il a participé activement à la révolution égyptienne de 2011. Pour ses activités militantes pacifiques, il aura passé la majeure partie de ces neuf dernières années en prison. Il a été arrêté pour la dernière fois en septembre 2019, aux côtés de plusieurs autres militants de la société civile. En décembre 2021, il a été condamné à cinq ans de prison pour « diffusion de fausses informations. »
La COP27 ne doit pas passer sous silence la situation des droits humains en Égypte, un pays où des milliers de personnes sont emprisonnées arbitrairement alors qu’elles n’ont fait qu’exercer pacifiquement leurs droits. La situation d'Alaa Abdel Fattah en est un exemple des plus probants.