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URGENCE PROCHE ORIENT

Exigez avec nous la protection sans condition des populations civiles

© AFP

Le Premier ministre indien Narendra Modi, "invité d'honneur" du 14 juillet : un triste symbole

Pour le 14 Juillet, Emmanuel Macron déroule le tapis rouge au Premier ministre indien Narendra Modi. Il en a fait son “invité d’honneur”. Un triste symbole.

En ce 14 juillet censé « célébrer l’adhésion de la France aux droits humains », le Président Macron a choisi de faire du Premier ministre indien son invité d’honneur. Un choix pour le moins déconcertant si on analyse le bilan indien en matière de droits humains. Décryptage.

Pour rappel, la situation des droits humains en Inde, c’est 👇

1. La persécution des minorités religieuses, ethniques et de genre en toute impunité

Les minorités (religieuses, ethniques et de genre) subissent toujours de violentes persécutions dans le pays, en toute impunité.

Au Manipur en ce moment-même, les violences entre groupes ethniques se poursuivent, les autorités sont incapables de protéger les droits humains

2. La restriction de l’espace civique

Criminalisation du droit de manifester, harcèlement, surveillance illégale, détentions de défenseurs des droits humains, opposants, étudiants et journalistes : l'Inde déploie tous les moyens pour museler toute voix dissidente.

Cette criminalisation par le gouvernement indien de la liberté d’expression et de réunion pacifique impose de dangereuses restrictions à la société civile. 

3. Des attaques contre les organisations de la société civile, dont Amnesty Inde est le triste symbole

 En Inde de nombreuses associations nationales et internationales de défense des droits humains, parmi lesquelles Amnesty International Inde, sont victimes de harcèlement judiciaire, d’intimidations et de fermetures arbitraires. Après de nombreuses attaques depuis 2016 (inspections des locaux, gel des comptes bancaires, poursuites) notre section indienne a dû fermer ses portes en septembre 2020.

De nombreux défenseur·es des droits humains, journalistes, avocat·es, opposant·es politiques, manifestant·es pacifiques, universitaires et étudiant·es, sont en butte à des arrestations et détentions arbitraires, à des poursuites sans fondement, à la surveillance numérique illégale et à d’autres formes de violation de leurs droits notamment à la liberté d’expression et de réunion.

Depuis la dernière visite du Premier ministre Modi en France, le défenseur des droits humains cachemiri Khurram Parvez, détenu depuis novembre 2021, a fait l’objet de nouvelles accusations dans le cadre d'une campagne de dénigrement et de harcèlement contre ses anciens collègues ; en avril 2023, sa détention a été déclarée arbitraire par le Groupe de travail des Nations unies sur la détention arbitraire.

L’Inde ne cesse de régresser dans tous les classements internationaux relatifs aux droits humains, quel que soit l’angle d’analyse retenu : elle se classe 160ème sur 180 pays au Classement mondial de la liberté de la presse de 2023, 180ème selon l’Indice de Performance Environnementale de 2022, 132ème selon l’Indice de Développement Humain du PNUD de 2021, 135ème selon l’Indice Mondial sur l’écart entre les genres, etc.

La crise des droits humains observée en Inde devrait être dénoncée par les autorités françaises

L’Inde refuse par ailleurs de répondre aux demandes d’accès des rapporteurs spéciaux des Nations unies à son territoire, malgré son engagement affiché à coopérer pleinement avec ces dernières notamment lors de sa candidature au Conseil des droits de l’homme des Nations unies dont elle est membre.

« Nous alertons depuis des années les autorités françaises sur les dérives autoritaires du régime et ses attaques répétées contre les institutions publiques et les contre-pouvoirs (universités, justice, médias). Des pans entiers de la population indienne sont mis au ban de la société et menacés. Amnesty International a documenté des atteintes majeures à l'État de droit et au fonctionnement libre des institutions dans le pays » explique Jean-Claude Samouiller, président d’Amnesty International France.

La crise des droits humains observée en Inde devrait être dénoncée par les autorités françaises en cette journée de fête nationale, précisément supposée symboliser « l’adhésion de la France aux droits humains.

Jean-Claude Samouiller, président d’Amnesty International France

La France ne doit pas rester silencieuse sur le bilan de l'Inde en matière de droits humains au nom de considérations économiques et géostratégiques.

Elle doit dénoncer ces graves dérives et exiger de l’Inde le respect de ses engagements en la matière, faute de quoi elle enverrait un signal politique désastreux de normalisation et d’impunité aux auteurs des graves violations des droits humains commises, encouragées ou tolérées par les autorités indiennes.

La société civile indienne doit pouvoir compter sur le soutien de la diplomatie française dans la défense de ses droits.