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URGENCE PROCHE ORIENT

Exigez avec nous la protection sans condition des populations civiles

Des travailleurs étrangers sur le chantier de construction du stade de football d'Al-Wakrah, l'un des stades de la Coupe du monde 2022 au Qatar.
Des travailleurs étrangers sur le chantier de construction du stade de football d'Al-Wakrah, l'un des stades de la Coupe du monde 2022 au Qatar © AFP PHOTO / MARWAN NAAMANI
Personnes réfugiées et migrantes

À un mois du Mondial, neuf actions à mener par le Qatar pour ENFIN protéger les travailleurs migrants

Vous le savez, depuis 2010, date d’attribution de la Coupe du Monde 2022 au Qatar, des centaines de milliers de travailleurs migrants ont été exploités pour la construction des infrastructures et fournir les services nécessaires pour accueillir l'événement sportif le plus regardé au monde. Un mois avant le Mondial, le Qatar a encore un long chemin à parcourir pour améliorer la situation des deux millions de travailleurs migrants. Voici les actions qu’il doit mener URGEMMENT !

Voici un plan d'action en neuf points, demandant au Qatar de corriger les graves manquements dans sa réforme du travail.

1. Mettre fin au travail forcé

De nombreux travailleurs migrants au Qatar continuent d'être soumis par leurs employeurs à des conditions assimilables à du travail forcé, en particulier les agents de sécurités et les travailleuses domestiques. Les travailleurs sont notamment privés de jours de repos et contraints de travailler sous la menace de rétention de salaire et de confiscation de passeport. Pourtant, malgré la gravité de ces abus, le gouvernement continue de prendre des mesures insuffisantes pour y remédier. Le Qatar devrait former des inspecteurs pour détecter les pratiques de travail forcé, enquêter sur ces cas et obliger les employeurs abusifs à rendre des comptes afin que les victimes obtiennent réparation.

Lire aussi : Qatar, des agents de sécurité soumis au travail forcé

2. Protéger les travailleuses domestiques

Malgré l'introduction d'une nouvelle loi destinée à protéger les travailleuses domestiques il y a cinq ans, le Qatar n'a toujours pas pris de mesures efficaces pour s'attaquer de manière efficace aux abus graves dont elles sont victimes. En conséquence, ces personnes extrêmement vulnérables - en majorité des femmes – continuent de travailler dans certaines des conditions les plus dures et faire face aux  plus graves mauvais traitements au Qatar. Elles doivent notamment travailler jusqu’à 18 heures par jour, et sont soumises à des agressions physiques et sexuelles. Le Qatar doit immédiatement multiplier les inspections et sanctionner les employeurs abusifs, offrir aux travailleuses domestiques une protection juridique égale en les faisant entrer dans le champ d'application de la loi sur le travail, et veiller à ce qu'elles aient facilement accès à un refuge .

Lire aussi : Abusées et exploitées, des femmes employées de maison au Qatar témoignent

3. Enquêter sur les décès de travailleurs et renforcer les protections thermiques

Des milliers de travailleurs migrants sont morts ces dix dernières années sans que le Qatar n’apporte d’explication. Les décès de centaines d’entre eux sont susceptibles d’être liés au travail sous une chaleur extrême. Malgré les preuves évidentes que ces conditions climatiques comportent un risque majeur pour la santé des travailleurs, et mettent leur vie en danger, le gouvernement a mené peu d’enquêtes sur les décès de milliers de travailleurs. . En conséquence, les familles se voient refuser le droit de savoir comment leurs proches sont morts et se retrouvent dans une situation financière désespérée. La législation visant à améliorer la protection des travailleurs contre les conditions climatiques extrêmes du pays  doit être renforcée. Le Qatar doit enquêter et authentifier les décès des travailleurs et fournir une réparation aux familles de ceux qui sont morts à cause de leurs conditions de travail, y compris le stress thermique.

4. Mettre véritablement fin au système de la kafala

Le système de parrainage par kafala, par essence abusif, a été réformé au Qatar. Cela signifie que la grande majorité des travailleurs migrants ont désormais légalement le droit de quitter le pays et de changer d'emploi sans la permission de leur employeur. Cependant, si de nombreux travailleurs semblent avoir pu bénéficier de ces changements, dans la pratique, un grand nombre d’entre eux  restent piégés dans des situations d'exploitation, à la merci d'employeurs abusifs qui conservent un vaste pouvoir sur leurs employés. Le Qatar doit supprimer tous les obstacles juridiques et pratiques qui subsistent, tels que l'accusation de "fuite", et pénaliser les employeurs qui maintiennent le système de kafala pour contrôler les travailleurs migrants.

5. Autoriser les syndicats

Les travailleurs migrants ne sont toujours pas en mesure de former et d'adhérer à des syndicats au Qatar et les comités mixtes formés et dirigés par les employeurs, ne couvrent que 2% de la main-d'œuvre. Bien qu'ils assurent une certaine représentation des travailleurs, ces comités présentent de graves lacunes, car ils ne disposent pas de mécanismes de négociation collective et n'offrent pas aux travailleurs les protections juridiques essentielles. Le gouvernement doit respecter ses obligations internationales et permettre aux travailleurs migrants de former et d'adhérer à des syndicats indépendants.

6. Mettre fin aux frais de recrutement illégaux

De nombreux travailleurs migrants doivent payer d’importants frais de recrutement illégaux auprès d’agences pour obtenir un emploi au Qatar. Payant entre 1 000 et 3 000 dollars US en frais de recrutement, les travailleurs ont besoin de mois, voire d'années, pour rembourser cette dette, ce qui les piège dans des cycles d'exploitation et rend difficile pour eux de contester ou d'échapper à des employeurs abusifs. Le Qatar s’est engagé à s’attaquer au problème, et des centres de visa du Qatar ont régulé le processus de recrutement dans certains pays. Mais ils ne sont pas conçus pour lutter efficacement contre le paiement de frais de recrutement illégaux. Le gouvernement doit travailler avec les pays d'origine pour lutter contre cette pratique et rembourser les travailleurs migrants qui ont payé pour leur emploi au Qatar.

7. Augmenter le salaire minimum et renforcer les protections salariales

Un nouveau salaire minimum est entré en vigueur en 2020. Néanmoins, les salaires au Qatar restent faibles, et sont parfois retardés voire pas payés du tout. Les conséquences sont graves : les travailleurs et leurs familles ne peuvent pas rembourser les dettes contractées pour le paiement des frais de recrutement, et se retrouvent enfermés dans des cycles d'abus et d'exploitation. Depuis 2015, des initiatives ont tenté d'identifier et de prévenir le vol de salaire, mais le problème se poursuit à une échelle importante. Les autorités devraient augmenter et réviser le salaire minimum, renforcer la protection des salaires et interdire les pratiques discriminatoires consistant à verser des salaires différents selon la nationalité des travailleurs.

 8. Renforcer les mécanismes de recours

Les travailleurs migrants continuent de rencontrer des difficultés majeures pour obtenir justice et réparation pour toute une série d'abus, malgré l'introduction de nouveaux mécanismes et des comités de travail. Un nombre grandissant de travailleurs ont réussi à obtenir réparations après avoir déposé des plaintes pour vol de salaire, mais ils restent confrontés à des lacunes et des retards. Un fonds de compensation a également commencé à indemniser certains travailleurs, leur offrant un soulagement nécessaire, mais il n'est pas accessible à tous et les montants versés sont plafonnés. Le Qatar doit augmenter le nombre de juges dans les comités, accepter les demandes collectives, historiques et à distance et s'assurer que le fonds rembourse  l'intégralité de leurs cotisations aux travailleurs. Il doit également veiller à ce que les travailleurs migrants puissent accéder à des recours pour des abus non liés au salaire.

9. Compenser les abus historiques

Au cours des 12 dernières années, les travailleurs et travailleuses ont beaucoup perdu - argent, libertés, santé et même leurs vies - et trop peu a été fait pour réparer ces violations. Malgré les avancées réalisés ces dernières années, l’impact sur les travailleurs a été limité par l'introduction tardive des réformes et leur mauvaise mise en œuvre. Très peu de travailleurs ou leurs familles ont reçu une compensation ou d'autres formes de recours, et les mécanismes existants ne sont pas conçus pour s'attaquer aux abus historiques. Le Qatar et ses partenaires de la Coupe du monde doivent travailler ensemble pour offrir un recours aux travailleurs en établissant un programme de réparation complet, tout en continuant à renforcer les mécanismes de réparation existants.

Voir notre documentaire "Les exploités du Qatar" 👇

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RAMENEZ LA COUPE À LA RAISON

Depuis plus de dix ans, au Qatar, des milliers de travailleuses et travailleurs migrants qui œuvrent pour la Coupe du monde de football 2022 vivent un enfer. En France, nous demandons à la Fédération Française de Football (FFF) d’agir face à ces violations des droits de milliers de travailleuses et travailleurs migrants au Qatar.