L’arrestation et la détention d’un ancien étudiant de l’université Columbia, qui avait manifesté en faveur de la population palestinienne à Gaza, créent un dangereux précédent pour la liberté d’expression aux États-Unis.
Dans le pays du Premier amendement, symbole de la protection des libertés individuelles et de la démocratie aux États-Unis, l’arrestation et la détention de Mahmoud Khalil, fraichement diplômé de l’université de Columbia, soulèvent autant d’incompréhension que de critiques.
Syrien d’origine palestinienne, Mahmoud Khalil, a été arrêté dans sa résidence universitaire le 8 mars dernier, avant d’être conduit dans un centre de détention de Louisiane. Titulaire d’une « carte verte », un permis de résidence permanente, marié à une Américaine enceinte de 8 mois, il ne fait l’objet d’aucune charge. Il risque pourtant d’être expulsé à tout moment.
Son « crime » ?
Avoir participé activement il y a un an et demi aux manifestations et aux campements organisés en solidarité avec Gaza sur le campus de l’université de Columbia, où il a obtenu un master en administration publique en décembre 2024.
« Je suis prisonnier politique » affirme-t-il dans une déclaration transmise au quotidien britannique le Guardian. « Mon arrestation est une conséquence directe de l’exercice de mon droit à la liberté d’expression, alors que je plaidais pour une Palestine libre et la fin du génocide à Gaza ».
Personne ne devrait être séparé de sa famille et envoyé en détention pour avoir simplement exercé son droit de manifester, et personne ne doit être expulsé pour avoir défendu les droits humains. […] Quelle que soit la manière dont l'administration Trump tente de la manipuler, la liberté d'expression est un droit humain, pas un motif d'expulsion.
Paul O'Brien, directeur exécutif d'Amnesty International USA
Mahmoud Khalil a été arrêté « non pas pour des actes criminels mais pour des choses qu’il a dites » résume de son côté un éditorialiste du Washington Post qui dénonce « une menace contre les droits garantis par le Premier amendement ». Dans sa déclaration au Guardian, Mahmoud Khalil estime qu’il a été pris « pour cible dans le cadre d’une stratégie plus large visant à réprimer la dissidence » et les personnes se mobilisant en faveur de la Palestine.
"Le Congrès ne fera aucune loi qui touche à l'établissement ou interdise le libre exercice d'une religion, ni qui restreigne la liberté de parole ou de la presse, ou le droit des citoyens de se réunir pacifiquement et d'adresser au gouvernement des pétitions pour obtenir réparation de torts."
Ratifié en 1791, ce texte est au cœur des valeurs démocratiques américaines et garantit des droits essentiels qui permettent aux citoyens de s'exprimer librement, de pratiquer leur religion, de se rassembler et de critiquer le gouvernement sans crainte de représailles.
Une disposition obscure
Le gouvernement américain s’appuie sur une disposition obscure et rarement utilisée du Code des États-Unis pour révoquer le statut de résident permanent de Mahmoud Khalil et tenter de l’expulser.
L’autorité fédérale invoque des tracts distribués dont certains affichaient le portrait de l’ancien chef de la branche armée du Hamas. Sur X, le département de la Sécurité intérieure (DHS) mentionne « des activités alignées sur le Hamas, une organisation désignée comme terroriste ». Pourtant, il ne lui est pas reproché d’avoir eu un quelconque contact avec le Hamas et encore moins de lui avoir apporté un éventuel soutien matériel.
En revanche, à la suite de récents décrets présidentiels de Donald Trump relatifs à l’antisémitisme, le Département d’État avait annoncé son intention de révoquer les visas ou cartes vertes des étudiant·e·s impliqué ·.e ·.s dans des manifestations en faveur de la Palestine.
Pourquoi il faut agir
▶️ S’en prendre à un manifestant pacifique, remettre en cause son statut migratoire au prétexte qu’il a défendu les droits des Palestinien·ne·s, est en soi une violation des droits humains.
▶️ Mahmoud Khalil est actuellement arbitrairement enfermé dans le centre de détention central de Louisiane du Service de contrôle de l’immigration et des douanes (ICE), également appelé centre de détention LaSalle. Cet établissement est connu pour ses conditions de détention cruelles, ses cas de violences physiques et sexuelles et une insuffisance de soins médicaux.
Comment agir ?
Mahmoud Khalil doit être libéré au plus vite et la révocation de sa « carte verte », qui lui permet de résider légalement aux États-Unis doit être annulée. Votre soutien peut être déterminant. Vous pouvez nous aider à obtenir sa libération immédiate et inconditionnelle. Cela ne prend que quelques minutes.
Aidez-nous à obtenir une libération immédiate et inconditionnelle de Mahmoud Khalil !