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URGENCE PROCHE ORIENT

Exigez avec nous la protection sans condition des populations civiles

Crédit photo : AFP

Inde : Emmanuel Macron invité d'honneur à la Fête de la Constitution, un signal inquiétant 

Alors que le président de la République accompagné de plusieurs ministres et chefs d’entreprise est en visite officielle de deux jours en Inde pour « renforcer le partenariat stratégique » avec le gouvernement de Narendra Modi, à quelques semaines des élections générales dans ce pays, Jean-Claude Samouiller, notre président, rappelle que les minorités (religieuses, ethniques et de genre) subissent toujours de violentes persécutions dans le pays, en toute impunité. Les récents évènements dans le Manipur en sont le symbole, et plus encore la criminalisation par le gouvernement indien de la liberté d’expression et de réunion pacifique impose de dangereuses restrictions à la société civile.

Nous alertons depuis des années les autorités françaises sur les dérives autoritaires du régime et ses attaques répétées contre les institutions publiques et les contre-pouvoirs (universités, justice, médias). De nombreux groupes marginalisés et minorités du pays sont mis au ban de la société et menacés par des campagnes de haine. Amnesty International a documenté des atteintes majeures à l'État de droit et au fonctionnement libre des institutions dans le pays..

En Inde, de nombreuses associations nationales et internationales de défense des droits humains, parmi lesquelles Amnesty International Inde, sont victimes de harcèlement judiciaire, d’intimidations et de fermetures arbitraires. De nombreux défenseur·e·s des droits humains, journalistes, avocat·e·s, opposant·e·s politiques, manifestant·e·s pacifiques, universitaires et étudiant·e·s, sont en butte à des arrestations et détentions arbitraires, à des poursuites sans fondement, à la surveillance numérique illégale et à d’autres formes de violation de leurs droits notamment à la liberté d’expression et de réunion.

Surveillance : l'Inde à la pointe

Le défenseur des droits humains cachemiri Khurram Parvez, détenu depuis novembre 2021, a fait l’objet de nouvelles accusations dans le cadre d'une campagne de dénigrement et de harcèlement contre ses anciens collègues ; en avril 2023, sa détention a été déclarée arbitraire par le groupe de travail des Nations unies sur la détention arbitraire. L’Inde refuse par ailleurs de répondre aux demandes d’accès des rapporteurs spéciaux des Nations unies à son territoire, malgré son engagement affiché à coopérer pleinement avec ces dernières, notamment lors de sa candidature au Conseil des droits de l’homme des Nations unies dont elle est membre. D'autres cas similaires sont ceux d'Umar Khalid et de neuf des militants du BK16 qui continuent de croupir en prison sans procès.

La France ne doit pas rester silencieuse sur le bilan de l'Inde en matière de droits humains au nom de considérations économiques et géostratégiques. Elle doit dénoncer ces graves dérives et exiger de l’Inde le respect de ses engagements en la matière, faute de quoi elle enverrait un signal politique désastreux de normalisation et d’impunité aux auteurs des graves violations des droits humains commises, encouragées ou tolérées par les autorités indiennes, La société civile indienne doit pouvoir compter sur le soutien de la diplomatie française dans la défense de ses droits..

Les autorités indiennes instrumentalisent les lois et réglementations antiterroristes afin de réprimer le travail en faveur des droits humains mené par des défenseur·e·s, des militant·e·s et des organisations à but non lucratif dans le pays, a déclaré Aakar Patel, président du conseil exécutif d’Amnesty International Inde. Elles utilisent des accusations infondées de financement étranger, de terrorisme et de règlements financiers pour cibler, intimider, harceler et faire taire les détracteurs.

L’Inde ne cesse de régresser dans tous les classements ​​​​internationaux relatifs aux droits humains, quel que soit l’​angle d’analyse​ retenu :​ elle se classe​ 160e sur 180 pays au Classement mondial de la liberté de la presse de 2023, 180e selon l’Indice de performance environnementale de 2022, 132e selon l’Indice de développement humain du ​​​​PNUD de 20213,  107e ​selon​ de l’indice sur la faim dans le Monde, 4 135e selon l’Indice mondial sur l’écart entre les genres5, 135e selon l’Indice global sur la paix (Global Peace Index) de 2022, etc.