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URGENCE PROCHE ORIENT

Exigez avec nous la protection sans condition des populations civiles

Des hommes inspectent les dégâts dans une usine de recyclage de déchets médicaux récemment touchée par des frappes aériennes sous la direction de l'Arabie saoudite, novembre 2016 © REUTERS/Mohamed al-Sayaghi
Contrôle des armes

Une bombe de fabrication américaine utilisée contre des civils

Au Yémen, une attaque aérienne meurtrière a tué six civils. L’arme utilisée est de fabrication américaine. Une nouvelle preuve que les armes vendues à la coalition saoudienne sont utilisées contre des civils.

Le 28 juin 2019, au Yémen, une frappe aérienne a tué six civils, dont trois enfants. Cette attaque aérienne était menée par l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis. L’arme utilisée est une bombe à guidage de précision fabriquée aux États-Unis par la compagnie Raytheon.

Il s’agit d’un nouvel élément prouvant que les États-Unis vendent des armes que la coalition dirigée par l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis utilisent dans des attaques constituant de graves violations du droit international humanitaire au Yémen.

Il est incompréhensible et inadmissible que les États-Unis continuent de convoyer des armes vers le conflit qui dévaste le Yémen.

Une famille déchirée

Parmi les six civils tués dans l’attaque, qui s’est déroulée dans le village de Warzan, dans le directorat de Khadir, figuraient une femme de 52 ans et trois enfants âgés de 12, 9 et 6 ans.

Nous les avons enterrés le jour même, parce qu’ils étaient réduits à des membres mutilés. Il n’y avait pas de cadavres à examiner. La chair de telle personne était mélangée à celle de telle autre. Ils ont été enveloppés et emmenés.

Un membre de la famille

Un témoin a déclaré : « Je travaillais dans une ferme voisine, à environ trois minutes de marche de là. J’ai entendu l’avion planer et j’ai vu la bombe, qui tombait vers la maison. J’étais près de la maison lorsque la seconde bombe a été larguée… et je me suis jeté à terre. »

La cible militaire la plus proche au moment de l’attaque était la salle des opérations houthistes à la ferme Hayel Saeed, à environ un kilomètre. Toutefois, elle a cessé de fonctionner il y a plus de deux ans, après avoir été touchée par plusieurs frappes aériennes de la coalition en 2016 et 2017. Selon des témoins, il n’y avait ni combattants ni objectifs militaires à proximité de la maison au moment de l’attaque.

Une deuxième frappe aérienne s’est déroulée au même endroit, environ quinze minutes après la première, indiquant que le pilote voulait s’assurer de la destruction de la maison de la famille al Kindi. Cette habitation a de nouveau été frappée cinq jours plus tard, alors que les membres de la famille étaient sur place, en train d’inspecter le site. Personne n’a été blessé ni tué lors de cette dernière frappe.

Depuis mars 2015, nos chercheur ont enquêté sur des dizaines de frappes aériennes. Ils ont trouvé et identifié de nombreux fragments de munitions de fabrication américaine.

Des preuves irréfutables

Malgré les nombreux éléments prouvant que la coalition dirigée par l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis a commis maintes fois de graves violations du droit international, notamment de possibles crimes de guerre, les États-Unis et d’autres pays exportateurs d’armes comme le Royaume-Uni et la France demeurent insensibles à la souffrance et au chaos que ces armes infligent à la population civile.

Nous nous sommes entretenus avec deux proches des victimes et deux habitants du secteur, dont deux témoins de l’attaque. Nous avons également analysé des images satellite, des photos et des vidéos prises après l’attaque afin de corroborer les déclarations des témoins.

Notre expert en armement a analysé les photos des débris de l’arme déterrés sur le site de la frappe par des membres de la famille et a pu, grâce à des données inscrites sur l’ailette de la bombe, déterminer avec certitude qu’il s’agissait d’une bombe GBU-12 Paveway II, pesant 225 kilos, fabriquée aux États-Unis.

Un embargo sur les armes

Cette attaque souligne à quel point il est urgent d’instaurer un embargo exhaustif sur toutes les armes susceptibles d’être utilisées par l’une des parties au conflit au Yémen.

Les États exportateurs d’armes ne peuvent pas pratiquer la politique de l'autruche en prétendant qu’ils ne connaissent pas les risques associés aux transferts d’armes vers des parties à ce conflit, qui violent systématiquement le droit international humanitaire. Diriger intentionnellement des attaques contre des civils ou des biens civils, mener des attaques disproportionnées et aveugles qui tuent ou blessent des civils, ce sont des crimes de guerre.

En fournissant sciemment les moyens à la coalition dirigée par l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis de violer à répétition le droit international humanitaire et relatif aux droits humains, les États-Unis ainsi que le Royaume-Uni et la France partagent la responsabilité de ces violations.

Un récent rapport du Groupe d’éminents experts sur le Yémen, créé par le Conseil des droits de l’homme de l’ONU, a conclu que la persistance des frappes aériennes menées par la coalition jette « un doute sérieux sur la conformité du processus de ciblage adopté par la coalition avec les principes fondamentaux du droit international humanitaire ».

Ce rapport dévoile aussi toute une série de graves atteintes aux droits humains commises par toutes les parties au conflit au Yémen, un conflit qui, selon l’ONU, aura tué plus de 233 000 Yéménites d’ici à la fin de l’année 2019, en raison des combats et de la crise humanitaire.

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