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URGENCE PROCHE ORIENT

Exigez avec nous la protection sans condition des populations civiles

Des habitants transportent leurs biens alors qu'ils fuient Kibati, où les combats se sont intensifiés, en direction de la ville de Goma, le 26 janvier 2025 / Copyright : Collection privée
Conflits armés et protection des civils

République démocratique du Congo : les civils en danger alors que le conflit s'intensifie dans l'Est du pays

La reprise des combats dans l’Est de la République démocratique du Congo (RDC) suscite une vive inquiétude quant à la sécurité des populations civiles. Des milliers de personnes fuient la région, notamment la ville de Goma, théâtre d’intenses affrontements. Nous appelons à une protection urgente des populations civiles et un accès humanitaire sans entrave.

Le groupe armé M23 assure avoir pris le contrôle de Goma, dans le nord Kivu. La situation est extrêmement instable dans la troisième plus grande ville du pays.  Des explosions et des tirs persistants sont signalés. Des journalistes sur place et des informations sur les réseaux sociaux font également état de pillages et d’attaques contre la population. 

Des milliers de civils congolais fuient à nouveau pour rester en vie et ont désespérément besoin de sécurité et d’aide humanitaire. La protection des civils dans ce contexte de violences destructrices doit être la priorité de toutes les parties en conflit.

Tigere Chagutah, directeur régional pour l’Afrique de l’Est et l’Afrique australe

Un conflit marqué par des violations des droits humains 

L’histoire récente de la région montre que les conflits dans l’Est de la RDC ont souvent été accompagnés de graves violations des droits humains, notamment des homicides de civils, des violences sexuelles et des attaques ciblant les défenseurs des droits humains, et des journalistes critiques. Ces exactions, si elles sont commises dans le cadre du conflit armé actuel, pourraient constituer des crimes de guerre. 

Les organisations humanitaires alertent par ailleurs sur l’ampleur de la crise humanitaire : 

🚩 Plus de 400 000 personnes ont été déplacées en janvier 2025 en raison du conflit qui secoue la région. (Source : Médecins Sans Frontières). Nombre d’entre elles avaient cherché à se réfugier dans la troisième ville du pays. 

🚩Goma abritait déjà plus de 600 000 personnes déplacées

Des risques identifiés 

Les civils sont confrontés à un risque grave de violations des droits humains dans cette nouvelle escalade de la violence. Les deux camps ont intensifié leur recours aux armes explosives dans des zones densément peuplées, causant des conséquences dévastatrices pour la population.

Eviter une catastrophe humanitaire d’ampleur 

Nous demandons aux parties au conflit :

de ne pas utiliser d’armes explosives à large rayon d’impact dans des zones civiles, notamment dans les camps de personnes déplacées 

d’assurer la sécurité des civil·e·s, y compris des défenseur·e·s des droits humains et des journalistes 

de permettre un passage sûr aux personnes fuyant les combats et faciliter l’accès humanitaire sans restriction

Nous appelons la communauté internationale et les partenaires régionaux de la RDC 

à exercer des pressions sur toutes les parties au conflit, y compris les combattants du M23 soutenus par le Rwanda, les forces armées rwandaises et congolaises ainsi que leurs alliés, afin qu’ils garantissent la protection des civil·e·s et respectent le droit international humanitaire. 

Nous condamnons par ailleurs la décision du M23 de suspendre toutes les activités sur le lac Kivu, entravant ainsi les déplacements des populations en quête de refuge. Certaines infrastructures essentielles de Goma, notamment l’accès à l’eau et à l’électricité, ont été gravement endommagées, plongeant la ville dans une situation critique. 

Des milliers de personnes à Goma et dans les environs ont besoin de toute urgence d’un abri, de nourriture, d’eau potable et de soins médicaux. Toutes les parties au conflit doivent garantir un accès humanitaire sans entraves et sûr à l’aide d’urgence.

Tigere Chagutah, directeur régional pour l’Afrique de l’Est et l’Afrique australe.

Le coltan et les racines d’un conflit  

L’est de la RDC est en proie depuis plusieurs décennies à une instabilité permanente, avec la présence de nombreux groupes armés – souvent sous le contrôle de puissances régionales - qui s’affrontent pour le contrôle de zones riches en matières premières. Le drame de cette région, c’est en effet qu’elle regorge de ressources naturelles, et surtout de terres rares, de lithium ou de cobalt, ces ingrédients nécessaires à la production de matériels électroniques complexes ou de batteries pour véhicules électriques. Le Coltan, notamment, est un minerai noir contenant du tantale, qui est extrêmement recherché pour l’industrie aérospatiale ou celle des conducteurs, nécessaires pour produire nos smartphones, ordinateurs portables ou autres tablettes. Or 80% des réserves mondiales de Coltan se trouvent dans cette région. 

Ces affrontements, qui dégénèrent le plus souvent en pillages, massacres, ou encore viols systématiques, ont été à l’origine de deux guerres dites « du Congo » (1996-1997, et 1998-2023) extrêmement meurtrières impliquant des Etats voisins comme le Rwanda ou l’Ouganda, qui convoitent eux aussi ces richesses. Mais si ces guerres se sont terminées, la paix, elle n’est jamais totalement revenue dans la région. Depuis les années 90, selon les Nations unies, au moins 6 millions de Congolais sont morts (pas forcément en raison des tueries, mais également de maladies, de blessures, des suites des viols, et des conditions précaires d’existence liées aux combats) et 4 millions au moins ont été déplacés, dans l’indifférence quasi-générale ou presque de la communauté internationale. Une mission de l’ONU (Monusco) a bien été mise en place, mais qui n’a ni les moyens ni le mandat nécessaire pour protéger les populations civiles dans ce territoire immense. Sa présence a été remise en cause par le pouvoir central de Kinshasa et une partie de la Monusco a dû se retirer en juillet dernier de la zone du Sud-Kivu, où s’étend désormais la rébellion du M23/AFC.

En savoir plus sur l’origine d’un conflit qui dure depuis des décennies : 

Pourquoi la République démocratique du Congo est-elle ravagée par les conflits ?

La situation des droits humains en République démocratique du Congo en 2023 et 2024   

Les reportages publiés par notre magazine La Chronique :

Voyage au bout de l'enfer

« Il n’y a pas de bons et de méchants facilement identifiables »