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Les populations civiles menacées au Soudan du Sud
Les populations civiles menacées au Soudan du Sud © Amnesty International
Contrôle des armes

Soudan du Sud : des personnes empêchées de quitter le pays

Alors que l’aéroport international de Djouba a rouvert ses portes mardi 12 juillet, après l’annonce d’un cessez-le-feu, les forces de sécurité sud-soudanaises empêchent délibérément des personnes de quitter le pays.

Des milliers de personnes massées à la frontière

Le cessez-le-feu déclaré le 12 juillet a mis fin à plusieurs jours de combats entre les factions fidèles au président Salva Kiir et celles du premier vice-président Riek Machar, qui ont fait des centaines de morts et des milliers de déplacés.

Des milliers de Sud-Soudanais sont massés à la frontière méridionale ; ils tentent d’entrer en Ouganda mais on les en empêche.

Nos chercheurs ont appris par deux compagnies aériennes charters que le Service national de la sûreté et du renseignement leur avait ordonné de ne pas transporter de ressortissants du Soudan du Sud, en particulier des hommes. Par ailleurs, une organisation non gouvernementale a indiqué qu’un de ses employés sud-soudanais n’avait pas pu embarquer sur un vol à destination d’Entebbe (Ouganda).

Ces mesures arbitraires prises par les forces de sécurité sud-soudanaises sont totalement inacceptables. Les pouvoirs publics doivent respecter le droit de circuler librement, y compris le droit de quitter son propre pays.

Il est absolument essentiel que les deux parties au conflit permettent aux civils de se déplacer en toute sécurité jusqu’à des endroits où ils pourront trouver refuge, à l’intérieur comme à l’extérieur du pays.

Regain de violence entre factions rivales

Les récents affrontements entre l’Armée populaire de libération du Soudan (APLS) fidèle au président Salva Kiir et l’APLS-Opposition ayant fait allégeance au vice-président Riek Machar ont éclaté jeudi 7 juillet dans le quartier de Gudele, à Djouba.

Depuis de 7 juillet, le regain de violence a fait des centaines de morts et entraîné un déplacement massif de population. De nombreux civils, qui n’ont pas quitté leur domicile depuis des jours, commençaient à manquer d’eau et de nourriture. D’autres se sont réfugiés dans des églises ou des camps de l’ONU pour personnes déplacées, qui ont également essuyé des tirs d’artillerie ces derniers jours.

Les 10 et 11 juillet, des zones civiles situées à proximité de la base du vice-président Riek Machar, dans le quartier de Djebel, ont été la cible de tirs d’artillerie qui ont blessé des civils et endommagé des habitations.

Les attaques contre des civils et le personnel de l’ONU chargé de l’aide humanitaire constituent des violations du droit international humanitaire et peuvent s’apparenter à des crimes de guerre.

Un embargo sur les armes

Pour rétablir véritablement la paix, le Conseil de sécurité de l’ONU doit veiller à ce que tous les pays arrêtent d’approvisionner en armes le Soudan du Sud en imposant un embargo total sur les armes. Depuis le tout début du conflit, en décembre 2013, notre organisation fait campagne pour qu’il soit mis fin aux transferts d’armes, ce qui contribuerait à faire cesser les graves violations du droit international humanitaire et du droit international relatif aux droits humains au Soudan du Sud.

Cet embargo, qui devra concerner la fourniture, la vente et le transfert d’armes, de munitions et de véhicules militaires, limitera la probabilité de voir tous les désaccords aboutir à des morts et des destructions à grande échelle.

Bien que les sanctions ciblées ne se substituent pas à l’obligation de rendre des comptes en matière pénale, elles auraient un effet dissuasif à court terme, sachant qu’il n’existe aucune autre mesure en ce sens.

Il faut aussi que l’Union africaine accélère la création du tribunal mixte tant attendu, qui sera chargé de poursuivre les crimes commis pendant le conflit et de mettre fin au sentiment d’impunité qui continue d’alimenter la violence.

Protéger les civils partout : il faut suspendre transferts d’armes à l’Arabie saoudite qui mettent en danger la vie des civils au Yémen SIGNEZ