Exigez avec nous la protection sans condition des populations civiles
Des femmes attendent une distribution de nourriture du Programme alimentaire mondial de l'ONU à Kaboul, Afghanistan © Hector RETAMAL / AFP
Afghanistan : la guerre des talibans contre les femmes
Le 15 août 2021, vingt ans après le renversement de leur régime, les talibans entrent dans Kaboul et s’arrogent les pleins pouvoirs en Afghanistan. Ce qu'ils revendiquent : s’être modernisés. Ce que nous constatons : les déclarations n’ont pas résisté à l’épreuve des faits. Depuis leur retour au pouvoir, ils n’ont cessé de restreindre les droits de la population et notamment ceux de leur ennemi numéro un : les femmes.
Nos enquêtes
Depuis le retour des talibans au pouvoir en août 2021, environ une cinquantaine de décrets et lois ont été promulguées pour restreindre les droits des femmes en Afghanistan.
Résultat : les femmes sont invisibilisées. Elles ont été presque totalement effacées de la vie publique et de l’espace public.
Interdiction de se déplacer librement, d’aller à l’école après le primaire, d’exercer de nombreux métiers ou de participer à la vie politique : voilà la réalité des femmes et des filles en Afghanistan.
Les talibans privent délibérément des millions de femmes et de filles de leurs droits fondamentaux, et les soumettent à des discriminations dans presque tous les domaines de leurs vies.
Parce qu’elles sont organisées, généralisées et systématiques, ces persécutions sexistes pourraient constituer un crime contre l'humanité fondé sur le genre.
Les femmes et les filles du pays ont dénoncé la répression des talibans par une vague de manifestations. Les talibans ont répondu une nouvelle fois par la violence : arrestations et détentions arbitraires, actes de tortures physiques et psychologiques, disparitions forcées…
Les manifestantes incarcérées ont parfois eu un accès insuffisant à la nourriture, à l’eau, à la ventilation, à des produits d’hygiène et à des soins de santé.
Pour autant, des femmes courageuses continuent de se mobiliser pour offrir un avenir meilleur aux prochaines générations, en créant par exemple des écoles clandestines.
Lire aussi : L’école au temps des talibans
Pour les rares femmes afghanes qui réussissent à fuir dans les pays limitrophes comme l’Iran et le Pakistan, les difficultés et les violences continuent, avec des arrestations arbitraires par les autorités locales, du harcèlement et le risque d’être renvoyées en Afghanistan.
Lire aussi : Détentions et expulsions massives des réfugiées afghans au Pakistan
Les femmes afghanes qui fuient au Pakistan ou en Iran ont besoin que vous soyez leur voix.
Shabnam Salahshoor, militante afghane réfugiée en France.
Notre combat
La communauté internationale doit redoubler d’efforts pour soutenir les femmes et les filles afghanes. Les visas permettant de rejoindre la France à partir de ces pays voisins sont délivrés au compte-goutte et les délais pour obtenir un rendez-vous dans les consulats s’allongent.
Luttez contre la persécution contre les femmes en Afghanistan, ne laissez pas les femmes seules dans ce pays.
Mursal Sayas, militante pour les droits humains et autrice afghane réfugiée en France.
Nous demandons aux autorités françaises de faciliter la délivrance de visas aux femmes et aux filles afghanes qui fuient les persécutions en Afghanistan.
Vous êtes 148 000 à avoir signé notre pétition pour demander à Emmanuel Macron de faciliter la délivrance de visas pour les femmes afghanes en exil. Après des mois de campagne, nous avons remis cette pétition le 20 juin 2024 à l’Élysée. Merci !
Pendant des mois de campagne, les voix des femmes afghanes ont occupé l’espace public à travers une centaine d'actions et événements organisées nos militants et militantes.
Ensemble, nous avons scandé “Tous⸱tes Afghanes” lors des marches du 25 novembre et du 8 mars pour les droits des femmes.
Plus de 30 projections débats du documentaire “Afghanes” de Solène Chalvon-Fioriti ont été organisées par nos groupes aux quatre coins de la France.
A leurs côtés, les militantes afghanes, Shakiba, Mursal, Shabnam, Sadaf, Simin, Raha, Marwa et bien d'autres, ont pu faire entendre les voix des femmes afghanes en France, et transmettre leur courage et leur espoir.
Des lieux interdits aux femmes
Imaginez un instant que certains espaces publics vous soient interdits simplement parce-que vous êtes une femme... Inconcevable, effrayant, impossible, n'est-ce pas ? Malheureusement, c'est le quotidien des femmes en Afghanistan. Nous avons donc donné un bref aperçu de cette réalité en faisant vivre cette interdiction à des passant·es dans un parc à Paris. Les réactions sont éloquentes. 👇
Notre impact
Grâce à cette mobilisation, nous avons obtenu des avancées.
Au sein de l'Union européenne
Le 4 octobre 2024, la Cour de Justice de l'Union européenne a rendu une décision importante pour les femmes et les filles afghanes. Elles peuvent désormais prétendre au statut de réfugié au sein de l’Union européenne « uniquement sur la base de leur sexe et nationalité. » À présent, les pays de l’UE doivent ouvrir des voies d'accès légales et sûres pour leur permettre de rejoindre leur territoire en toute sécurité.
En France
En décembre 2024, le gouvernement français a annoncé au Global Forum for Refugees, une initiative de réinstallation pour les femmes et les filles réfugiées vulnérables.
En juin 2024, nous avons été reçu⸱es par le ministère des Affaires étrangères, afin que Zaman Sultani, le chercheur d’Amnesty International sur l’Afghanistan et Mursal Sayas, journaliste et autrice militante afghane, puissent exposer la situation et nos demandes. Celles-ci ont été envoyées aux autorités françaises ainsi qu’à plus de cent parlementaires.
Le 11 juillet 2024, la Cour nationale du droit d'asile (CNDA) a reconnu l’appartenance de l’ensemble des femmes afghanes à un groupe social susceptible d’être protégé comme réfugié. Une avancée porteuse d’espoir. Cette décision pourrait faciliter la protection de l’ensemble des femmes afghanes ayant fui les persécutions en Afghanistan et qui demandent l’asile en France.
Aller plus loin : notre réaction suite à la décision de la CNDA
Au Pakistan
Un sursis d’un an pour les afghans et afghanes réfugiés et enregistrés par les Nations-Unies au Pakistan (voir notre réaction ici)
Et ce n'est pas fini ! Nous poursuivons encore aujourd'hui le plaidoyer en faveur des femmes afghanes en exil auprès des autorités françaises. Et nous porterons au cours des prochains mois plusieurs projets culturels qui permettront de faire résonner la voix des femmes afghanes.
A ce jour, les visas permettant de rejoindre la France à partir de l’Iran et du Pakistan restent délivrés au compte-goutte et les délais pour obtenir un rendez-vous dans les consulats ne cessent de s’allonger.
Les femmes afghanes qui cherchent protection doivent pouvoir se rendre en France par des voies légales et sûres. Le combat pour les femmes afghanes continue !
Dès aujourd'hui, changez des vies
Nous avons besoin de vous pour continuer à lutter en toute indépendance et impartialité.