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Une manifestante tient une pancarte "liberté, égalité, sororité" lors du 25 novembre 2020, journée contre les violences faites aux femmes. Place de la République à Paris, © Amaury Cornu / Hans Lucas
Afghanistan : la guerre des talibans contre les femmes
Pourquoi une journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes le 25 novembre?
Depuis sa création par les Nations Unies en 1999, la Journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes a lieu chaque 25 novembre dans plusieurs pays du monde. Son but ? Dénoncer les stéréotypes de genre et sensibiliser aux violences à l’égard des femmes.
Chaque jour, dans la sphère publique comme privée, des milliers de femmes et de jeunes filles sont victimes d’humiliations, de privations, de harcèlements, de viols et violences sexuelles, d’homicides basés sur le genre (également appelés féminicides), de traitements inhumains et dégradants perpétrés au nom de traditions ou de lois injustes.
Les violences à l’égard des femmes sont généralisées.
Pourquoi la journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes a-t-elle lieu le 25 novembre ? Pourquoi est-il nécessaire de lutter au quotidien contre ces violences ?
Explications. 👇
À l’origine de cette date : le meurtre des sœurs Mirabal, le 25 novembre 1960
Assassinées par le dictateur Rafael Trujillo, les trois sœurs et opposantes politiques Patria, Minerva et María Tereza Mirabal l’avaient rencontré onze ans plus tôt lors d’une fête mondaine dans leur pays, la République dominicaine. Furieux que Minerva refuse ses avances, le dictateur avait emprisonné et torturé le père des sœurs Mirabal, Enrique Mirabal, en guise de représailles. Cet évènement a précipité l’engagement politique des trois sœurs. Elles participent à l’organisation du mouvement clandestin de contestation du régime et forment, avec leurs maris, le « Mouvement du 14 juin » (en référence à la tentative d’insurrection du 14 juin 1959).
Leur nom de code : « las Mariposas » (les Papillons, en espagnol).
Elles sont arrêtées et torturées à plusieurs reprises pour leurs activités et deviennent rapidement des symboles de résistance à la dictature. Le 25 novembre 1960, les sœurs Mariposas tombent dans une embuscade tendue par des membres des services secrets et sont assassinées. Leur mort soulève l’indignation de tout le pays et conduira à l’assassinat du dictateur quelques mois plus tard.
1981 - Lors de la première Rencontre féministe latino-américaine et des Caraïbes, qui se tient à Bogota en 1981, les noms des sœurs Mirabal sont proposés comme symbole de la lutte contre la violence faite aux femmes. Dès lors la date du 25 novembre devient une journée de commémoration et de lutte pour les droits des femmes à travers le monde.
1993 - Les Nations Unies adoptent la Déclaration sur l’élimination de la violence à l’égard des femmes, le 20 décembre 1993.
1999 - En 1999, les Nations Unies proclament le 25 novembre Journée internationale pour l'élimination de la violence à l'égard des femmes et invitent les gouvernements, les organisations internationales et les organisations non gouvernementales à organiser ce jour-là des activités destinées à sensibiliser l'opinion publique à la violence à l’égard des femmes.
2011 - Signature de la Convention d’Istanbul, traité européen le plus ambitieux pour éradiquer les violences contre les femmes et les violences domestiques.
Les violences faites aux femmes : un phénomène généralisé
Cyberharcèlement, sexisme, agressions sexuelles, mariages forcés, féminicides : les femmes et les filles sont victimes de violences sexistes et sexuelles ciblées, partout dans le monde. Malgré l’omniprésence de ces violences et les dénonciations incessantes des militant.es des droits des femmes et des minorités de genre, les réponses des décideurs politiques pour tenter de les réduire demeurent insuffisantes.
Qu'est-ce que la violence basée sur le genre ?
Les violences fondées sur le genre se réfèrent à l’ensemble des actes nuisibles dirigés contre un individu ou un groupe d’individus en raison de son identité de genre. Elles englobent notamment les formes de violences physiques, sexuelles et psychologiques. Ces violences affectent les femmes et les filles de manière disproportionnée, mais aussi les minorités de genre, soit les personnes qui n’ont pas une identité ou une expression de genre « conforme » à ce qui est socialement, moralement et juridiquement attendu. L’expression de « violence fondée sur le genre » permet de reconnaitre explicitement les causes sociétales – et non individuelles – et les impacts de cette violence qui nécessitent des réponses globales.
Certains pays se sont désengagés de la lutte contre les violences faites aux femmes, à l’instar de la Turquie, qui s’est retirée de la Convention d’Istanbul en juillet 2021.
L’État mexicain nous a abandonnées.
Edith Olivares, Directrice d’Amnesty Mexique
La situation demeure terrible pour les femmes dans de nombreux pays. Au Mexique, par exemple, 10 femmes sont assassinées chaque jour en moyenne. C’est l’un pays dangereux du monde pour les femmes. L’impunité continue de prévaloir dans le pays : 98 crimes sur 100 au Mexique restent impunis. Cette impunité participe à favoriser la culture du viol.
Il s’agit du traité international le plus ambitieux en matière de lutte contre les violences faites aux femmes. Il a été signé le 11 mai 2011 à Istanbul. À ce jour, trente-quatre États membres du Conseil de l'Europe l'ont ratifiée, douze l'ont signée – y compris l'Union européenne.
La Convention d'Istanbul établit des normes minimales en matière de prévention, de protection, de poursuites et d'élaboration de politiques intégrées pour lutter contre la violence à l'égard des femmes et la violence domestique. Les pays qui ont ratifié cet instrument sont tenus de protéger et de soutenir les femmes ayant subi de telles violences. Ils doivent aussi créer des services tels que des numéros d’urgence, des centres d’accueil, des services médicaux et des consultations psychologiques et d’aide juridictionnelle.
La « culture du viol », ce sont tous les éléments, le langage, les idées, les images, les stéréotypes qui banalisent voire justifient les violences sexuelles dans nos sociétés. Ce sont aussi les lois qui ne fondent pas leur définition du viol sur l’absence de consentement. Les stéréotypes de genre autour du consentement sexuel sont très répandus : par exemple l’idée reçue que les femmes disent non pour se faire désirer, ou encore pour ne pas passer pour des filles « faciles ». Le consentement sexuel signifie que chaque personne accepte librement de participer. Garder le silence ou ne pas dire non ne revient pas à consentir. L’absence de résistance ou de vêtements ne définit pas le consentement non plus. Cela ne veut pas dire qu’il faut signer un contrat. Le consentement ne doit pas nécessairement être exprimé par des mots, mais il doit être explicite et enthousiaste. Il est primordial de promouvoir une « culture du consentement » dans les lois et les comportements, car bien comprendre la notion de consentement sexuel peut contribuer à empêcher ou à obtenir justice pour les viols et d’autres infractions sexuelles.
Marche en Colombie, 2020 © Chepa Beltran/Long Visual Press
Les violences sexistes et sexuelles sont parfois utilisées comme outil de répression par les forces de l’ordre et notamment la police. En Colombie, la liste des violences sexuelles et sexistes infligées par la police nationale colombienne aux manifestant.es lors de la grève nationale de 2021 est accablante : attouchements, nudité forcée, injures sexistes, harcèlement.
La violence à l’égard des femmes et des filles englobe ainsi, sans s’y limiter, la violence physique, sexuelle et psychologique perpétrée ou tolérée par l’État, comme les mariages forcés en hausse et la torture envers les femmes sous le régime taliban en Afghanistan.
Lire aussi : Comment les talibans s’attaquent aux droits des femmes
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En Guinée, les violences sexuelles demeurent une grave réalité : selon l’ONU, 97% des femmes et des filles âgées de 15 à 49 ans ont subi des mutilations génitales ou excisions.
Les violences faites aux femmes en France
En France aussi, l’impunité autour des violences à l’égard des femmes existe. 73% des plaintes pour viol ou tentatives de viols sont classées sans suite. Un pourcentage d’autant plus éloquent lorsqu’on sait que seulement 12% des survivantes avaient porté plainte.
Cela participe à favoriser le continuum des violences faites aux femmes.
*selon le ministère de l’intérieur
Le continuum de violence c’est le fait qu’il n’y a pas de violence « anodine » puisqu’elles sont toutes liées entre elles : les plus petites violences autorisent les violences du dessus. Dans cette logique, les meurtres en raison du genre (ou féminicides) sont la manifestation la plus brutale et extrême d’un continuum de violence exercée contre les femmes et les filles.
La majorité des survivantes de violences sexistes et sexuelles en France sont des femmes. En 2022, les services de sécurité ont enregistré 244 000 victimes de violences commises par leur partenaire ou ex-partenaire, dont 86% des victimes étaient des femmes et 87% des mis en cause, des hommes.
Une Commission spéciale pour les droits des femmes à Amnesty International France
La Commission pour les droits des femmes œuvre à la réalisation des objectifs de protection des droits des femmes et de lutte pour la justice de genre portés par la section française d'Amnesty International. Le 25 novembre est une journée importante puisqu'elle nous permet non seulement de sensibiliser aux violences fondées sur le genre, mais aussi de s'inscrire dans un mouvement de solidarité internationale, en soutenant et en portant la voix des femmes et minorités de genre qui luttent pour leurs droits fondamentaux dans le monde entier.
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