La décision d’accorder des réparations aux milliers de personnes reconnues comme victimes dans le cadre du procès intenté à l’ancien président tchadien Hissène Habré constitue un grand moment pour ces hommes et ces femmes engagés depuis des années dans une quête déterminée de justice.
La décision qui a été prise vendredi 29 juillet marque une étape importante pour les victimes des crimes jugés dans l’affaire mettant en cause Hissène Habré, qui veulent pouvoir reprendre enfin le cours de leur vie.
C’est également une victoire pour les victimes de violations des droits humains du monde entier, car elle met l’accent sur la nécessité absolue d’obtenir des réparations, y compris lorsque les crimes commis remontent à plusieurs dizaines d’années.
Le verdict
Les Chambres africaines extraordinaires (CAE) de Dakar ont accordé aujourd’hui aux victimes de viols et d’autres violences sexuelles de la partie civile 20 millions de francs CFA chacune (soit 33 880 dollars des États-Unis). Elles ont accordé 15 millions de francs CFA (25 410 dollars des États-Unis) à chacune des victimes de détention arbitraire et de torture, ainsi qu’aux prisonniers de guerre, et 10 millions de francs CFA (16 935 dollars des États-Unis) à chacune des victimes indirectes. Les CAE ont rejeté la demande de réparations collectives des parties civiles.
Hissène Habré a été reconnu coupable de crimes contre l’humanité, de crimes de guerre et de crimes de torture perpétrés entre 1982 et 1990. Il a été condamné par les CAE à l’emprisonnement à vie le 30 mai 2016.
D'autres enquêtes doivent être menées
Il s’agit bien sûr d’une avancée dont nous nous réjouissons, mais il faut aussi reconnaître que Hissène Habré n’était pas le seul responsable des atrocités commises. Il faut absolument continuer d’exercer des pressions sur le Tchad, ainsi que sur d’autres États, pour que des enquêtes soient menées sur le rôle d’autres individus accusés de graves violations des droits humains perpétrées entre 1982 et 1990, et en particulier de participation aux massacres commis en septembre 1984 dans le sud du pays, et pour que des poursuites soient engagées contre les auteurs présumés. Le verdict et la décision d’accorder des réparations seront bientôt disponibles par écrit sur le site Internet des CAE.
Amnesty International prie instamment les CAE, l’Union africaine, le gouvernement tchadien et la communauté internationale de prendre les mesures nécessaires pour que des ressources suffisantes soient dégagées et placées sur un fonds, d’où elles seront ensuite réparties, pour permettre la mise en œuvre de la décision de justice.