Depuis février, les militants du mouvement du Hirak sont à nouveau dans les rues, chaque semaine. Les autorités algériennes continuent de réprimer les manifestations à Alger et dans d’autres villes du pays.
Arrestations inquiétantes à la veille des élections
À deux jours des élections législatives, les journalistes Khaled Drareni et Ihsen El Kadi ont été arrêtés ainsi que Karim Tebbou, leader de l’opposition politique. Il est très probable que les trois hommes aient été pris pour cible en raison de leurs liens avec le mouvement du Hirak. Cette escalade répressive des autorités est très inquiétante. Selon les organisations locales, 223 personnes sont détenues pour leur participation au mouvement du Hirak.
Pendant près d’un an, les manifestations du Hirak en Algérie ont été interrompues à cause de la pandémie de COVID-19, Face à cette nouvelle vague de protestation, la police réagit brutalement en dispersant par la force des manifestations pacifiques et en procédant à des arrestations collectives. Les témoignages que nous avons recueillis sont extrêmement inquiétants.
En outre, pour la première fois, des accusations de terrorisme sont portées contre des journalistes et des défenseurs des droits humains du Hirak. Cette répression menée par les autorités algériennes survient alors que les élections législatives doivent se dérouler le 12 juin.
Voir : Reportage - L'Algérie réprime les manifestations de façon arbitraire
Des charges fabriquées de toutes pièces
Des professeurs, journalistes et défenseurs des droits humains algériens sont pris pour cible par les autorités. Ils encourent tous la peine de mort ou de lourdes peines de prison sur la base de charges fabriquées de toutes pièces, telles que « participation à une organisation terroriste » et « complot contre l’État », en relation avec leur participation à des manifestations pacifiques. Leur procès a commencé le 18 mai.
Les charges retenues ne sont qu’un écran de fumée visant à réduire au silence ces défenseurs des droits humains et à étouffer leur action
Amna Guellali, directrice adjointe pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord à Amnesty International
Intensification de la répression
Les autorités algériennes ont intensifié la répression visant les militants du Hirak ces derniers jours. Au moins 44 manifestants ont été arrêtés et poursuivis pour avoir pris part à des manifestations pacifiques le 14 mai. En tout, au moins 124 militants se trouvent actuellement en détention en Algérie en raison de leur participation à ces actions de protestation, selon le Comité national pour la libération des détenus, une association locale tenant un rôle d’observateur critique.
Voir : Reportage : l'Algérie réprime les manifestations de façon arbitraire
Le journaliste Said Boudour a dit que cinq policiers l’ont soumis à une arrestation brutale alors qu’il couvrait une manifestation du Hirak à Oran le 23 avril.
Ils nous ont donné des coups de pied, nous ont frappés à coups de poing et de matraque, nous ont giflés et nous ont insultés. J’avais du sang sur le visage
Said Boudour, journaliste algérien
Accusé de terrorisme et de complot contre l’État, il a été maintenu en garde à vue jusqu’au 29 avril.
Nous appelons les autorités algériennes à mettre un terme aux procès visant des défenseurs des droits humains et des militants du Hirak, et à garantir les droits à la liberté d'expression et de réunion pacifique en prévision des élections législatives de juin.