Aller au contenu
Agir
Faire un don
ou montant libre :
/mois
Grâce à la réduction d'impôts de 66%, votre don ne vous coûtera que : 5,1 €/mois
URGENCE PROCHE ORIENT

Exigez avec nous la protection sans condition des populations civiles

Elena Milachina, journalist Moscow-based newspaper Novaya Gazeta © Jorn van Eck / Amnesty International
Liberté d'expression

Une journaliste indépendante russe à Novaïa Gazeta passée à tabac en Tchéchénie

Elena Milachina, journaliste à Novaïa Gazeta, journal russe indépendant, et Alexandre Nemov, avocat défenseur des droits humains, ont été violemment agressés dans la matinée du 4 juillet 2023 en Tchétchénie. Un crime qui illustre les dangers extrêmes auxquels sont confrontés celles et ceux qui luttent contre l’injustice et défendent les droits humains dans cette région.

Le 4 juillet, Alexandre Nemov et Elena Milachina se rendaient à Grozny, capitale de la République tchétchène de Russie. Le but : couvrir l’énoncé du verdict concernant Zarema Moussaïeva. Dans cette affaire, les autorités tchétchènes avaient arrêté, placé en garde à vue et inculpé cette femme de fausses accusations en raison des activités de ses enfants, l’un d’eux étant un défenseur des droits humains.

Selon le Centre Memorial de défense des droits humains, trois voitures noires ont bloqué un taxi qui transportait Alexandre Nemov et Elena Milachina depuis l’aéroport. Les assaillants masqués les ont tirés tous les deux hors du taxi et leur ont asséné des coups de matraques. Ces hommes les ont roués de coups de pied et de poing, frappés à la tête et ont menacé de les tuer s’ils ne mettaient pas un terme à leurs activités en faveur des droits humains. Ils ont également détruit leur matériel de reportage et des documents très importants.

Elena Milachina a eu les doigts des deux mains cassés pendant que ses assaillants la forçaient à débloquer son téléphone. Ils ont aussi poignardé Alexandre Nemov à la jambe.

Plus tard dans la journée du 4 juillet, Zarema Moussaïeva a été condamnée à cinq ans et demi d’incarcération dans une colonie pénitentiaire, à l’issue d’un procès inique où son avocat, Alexandre Nemov, n’était pas présent.

Persécutée pour son travail

Ce n’est pas la première fois qu’Elena Milachina est menacée en raison de son travail en Tchétchénie.  Le 6 février 2020, l’avocate Marina Doubrovina et Elena ont été agressées et rouées de coups par un groupe de personnes dans un hôtel de Grozny, la capitale tchétchène.

La même année, le journal indépendant Novaïa Gazeta a publié un article d’Elena Milachina à propos de la pandémie de Covid-19 en Tchétchénie qui a provoqué les foudres du président tchétchène, Ramzan Kadyrov. Il avait alors publié sur Instagram une vidéo dans laquelle il appelait directement le gouvernement russe et le Service fédéral de sécurité (FSB) à « arrêter ces non-humains qui écrivent et provoquent [son] peuple ». 

Un journal plusieurs fois pris pour cible

Novaïa Gazeta est l'un des rares médias indépendants de Russie et à couvrir ce qu'il se passe en Tchétchénie. Son rédacteur en chef, Dmitri Mouratov a reçu le prix Nobel de la paix en 2021. Plusieurs journalistes de la rédaction ont été tués, dont Anna Politkovskaïa, assassinée à Moscou en 2006.

Loading...

Des attaques répétées contre les défenseur·es des droits humains

Le passage à tabac d’Elena Milachina et d’Alexandre Nemov par des assaillants masqués en Tchétchénie ce matin est un acte de violence odieux qui ne doit pas rester impuni.

Amnesty International condamne avec la plus grande fermeté cette lâche agression et appelle les autorités russes à traduire rapidement les responsables présumés en justice et à garantir la sécurité de ceux qui recherchent la vérité et la justice.

Marie Struthers, directrice pour l’Europe de l’Est et l’Asie centrale

Au regard des violentes attaques répétées visant des défenseur·es des droits humains en Tchétchénie, des menaces directes proférées contre Elena Milachina par de hauts responsables tchétchènes et du fait que les assaillants masqués ont dit à Elena Milachina et Alexandre Nemov qu’ils avaient été "avertis", ce crime illustre les dangers extrêmes auxquels sont confrontés celles et ceux qui luttent contre l’injustice et défendent les droits humains dans un contexte d’hostilité ouverte de la part des autorités et d’impunité totale pour les auteurs.