Près d’un mois après sa disparition, orchestrée par les forces de sécurité du Qatar, on ignore toujours où se trouve Malcolm Bidali, blogueur kenyan qui s’exprime sur la situation des travailleurs migrants. Au téléphone avec sa mère le 20 mai, il a déclaré qu’il était maintenu en détention à l'isolement 23 heures par jour et qu’il ne pouvait pas consulter d’avocat.
Malcolm Bidali a finalement été autorisé à quitter le Qatar le 16 août, après avoir payé une lourde amende pour son activisme en faveur des droits humains. Malcolm Bidali n’aurait jamais dû être détenu en premier lieu. Sa libération est un soulagement.
Nous venons d’apprendre que Malcolm Bidali a été libéré. Nous ignorons pour l’instant les conditions qui ont mené à cette libération.
Malcolm Bidali a 28 ans, il est agent de sécurité, blogueur et militant. Il s’exprime sur la situation difficile de ceux qui, comme lui, sont des travailleurs migrants. Il a écrit sur un grand nombre de plateformes en ligne pour parler de son expérience de travailleur au Qatar.
Le 4 mai 2021, Malcolm Bidali est arrêté à son domicile. Il est emmené pour se faire interroger.
Une semaine avant son arrestation, il avait fait une présentation à un large groupe d’organisations de la société civile et de syndicats pour y parler de son expérience de travailleur au Qatar.
Le silence assourdissant du Qatar
A ce jour, les autorités n’ont toujours pas révélé ni où il se trouvait, ni la raison pour laquelle il avait été arrêté. Autorisé à s’entretenir par téléphone avec sa mère le 20 mai, Malcolm Bidali a déclaré qu’il était maintenu en détention à l'isolement 23 heures par jour et qu’il ne pouvait pas consulter d’avocat. Au cours de la conversation de 10 minutes, il a assuré à sa mère qu’il n’avait pas été maltraité, mais il n’a pas été en mesure de lui dire où il était détenu, ni pour quelle raison. Il a également déclaré que deux gardes étaient présents pendant la durée de l’appel.
Les autorités du Qatar ne répondent pas aux demandes répétées d’informations de la part de la mère de Malcolm Bidali et dess organisations de défense des droits humains. Il n’y a aucune preuve indiquant une raison légitime pour sa détention. Son travail en faveur des droits humains, sa liberté d'expression, et la lumière qu’il fait sur le traitement des travailleurs et travailleuses migrants au Qatar semblent être les véritables causes de sa disparition forcée.
Si les autorités disposent réellement de preuves crédibles démontrant que Malcolm Bidali a commis une infraction reconnue par le droit international, alors il doit être amené devant un juge pour être inculpé, et bénéficier d’un procès équitable. Dans le cas contraire, il doit être libéré immédiatement et sans condition.
Le militant victime d’une cyberattaque
Malcolm Bidali tweete sur les violations du droit du travail au Qatar sous un pseudonyme. Le 26 avril, un utilisateur de Twitter a identifié Malcolm Bidali dans un tweet sur les violations du droit à la rémunération au Qatar. Le tweet contenait également ce qui semblait être un lien YouTube vers une publication de Human Rights Watch.
Cependant, d’après notre analyse, le lien menait vers une URL suspicieuse, capable d’enregistrer l’adresse IP et d’autres données sur la personne qui cliquait. C’est une technique connue sous le nom de hammeçonnage, et elle pourrait avoir été utilisée pour identifier ou localiser Malcolm Bidali.
Les forces de sécurité du Qatar l’ont arrêté à son domicile le 4 mai, à peine une semaine après l’attaque par hameçonnage. Beaucoup d’éléments laissent à penser qu’il a été ciblé en raison de son militantisme.
La liberté d’expression en grand danger
Malcolm Bidali est l’une des rares voix à s’élever contre les violations des droits des travailleurs et travailleuses migrants au Qatar. Sa disparition forcée aura un effet dévastateur sur la liberté d'expression.
Quand l’un des seuls travailleurs qui défend publiquement les droits des migrants au Qatar est ainsi pris pour cible, cela crée un climat de peur et sert d’avertissement aux autres militants.
Migrant-Rights.org, FairSquare, Amnesty International, Human Rights Watch, et le Centre de ressources sur les entreprises et les droits humains
Le 12 mai, les autorités du Qatar ont reconnu qu’elles détenaient Malcolm Bidali, mais elles ont refusé d’indiquer le lieu ou la raison de sa détention. Tant qu’il n’a pas été soit libéré, soit déféré à la justice pour des chefs d’accusation reconnus par la loi, sa détention continue de constituer une disparition forcée. La disparition forcée est un crime au regard du droit international, et la détention prolongée à l'isolement peut constituer un acte de torture.
Les autorités du Qatar auraient dû révéler immédiatement le lieu où se trouve Malcolm Bidali !
Elles n'auraient jamais dû recourir à la détention à l'isolement ni l'empêcher de consulter un avocat indépendant.
Nous dénonçons la détention subie par Malcolm Bidali pendant un mois !
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