Le 15 mai, les Palestiniens et Palestiniennes commémorent la Nakba ou jour de « la catastrophe » en arabe. Une journée importante qui fait référence au déplacement de plus de 800 000 Palestiniens et Palestiniennes à la suite de la création de l’État d’Israël en 1948. 76 ans après, Israël continue de priver les réfugiés palestiniens de leur droit de retourner sur leurs terres.
Le 15 mai 1948, des centaines de milliers de Palestiniens et Palestiniennes ont été expulsés de leurs villages et de leurs villes. Leurs terres et leurs biens ont été confisqués et plus de 500 villages ont été détruits. Où sont allées ces personnes ? De nombreux Palestiniens et Palestiniens ont été déplacés en Israël ou ont fui dans des zones proches : la Bande de Gaza, administrée par l’Égypte à l’époque, et la Cisjordanie, anciennement gérée par la Jordanie. D’autres ont dû s’exiler en Jordanie et au Liban.
La Palestine, un territoire disputé dès 1922
En 1922, la Palestine, comme une série d’autres anciens territoires ottomans, est placée sous mandat britannique par la Société des Nations. Tous ces territoires deviendront par la suite des États pleinement indépendants, à l’exception de la Palestine. En 1947, un plan de partage est proposé par l’ONU et divise la Palestine en deux États indépendants : l’un arabe et l’autre juif, et place Jérusalem sous régime international. Ce plan qui attribue 55% du territoire aux Juifs et 45% aux Palestiniens est rejeté par les leaders palestiniens et les États arabes. S’en suit alors un violent conflit, qui durera jusqu’en 1949. La déclaration de l’État d’Israël, en mai 1948, est ainsi marquée par la mort de nombreux Palestiniens et Juifs.
Les Palestiniens et Palestiniennes ne peuvent toujours pas rentrer chez eux
La souffrance des Palestiniens et Palestiniennes continue. Les agissements des autorités israéliennes y contribuent fortement : elles leur refusent leur droit de retour et ne les ont jamais indemnisés pour la confiscation de leurs terres et de leurs biens immobiliers. Aucune solution durable ne pourra être trouvée pour ces personnes réfugiées tant que l’État d’Israël ne respectera pas ce droit au retour, garanti par le droit international. Ce droit au retour garantit également à la descendance des Palestiniens et Palestiniennes expulsé·es en 1948, d’obtenir le statut de réfugié.
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En plus de la perte de leurs terres, les réfugiés palestiniens continuent de souffrir dans les pays limitrophes. Certains pays d’accueil ont mis en place des lois discriminatoires et des obstacles qui les empêchent de s'intégrer, d’avoir accès à des emplois et aux services de base.
Un réfugié palestinien au Liban © Tanya Habjouqa
Des vies marquées par des discriminations
La grande majorité des réfugiés de « la Nakba » vit encore aujourd’hui en Jordanie, au Liban et dans les territoires palestiniens occupés. Les réfugiés palestiniens qui se trouvent dans ces territoires sont pris au piège dans un cycle de pauvreté et de discrimination systématique qui semble ne devoir jamais prendre fin. La plupart des réfugiés palestiniens qui vivent au Liban sont nés dans ce pays et y ont toujours vécu, mais ils ne peuvent pas obtenir la nationalité libanaise, et un grand nombre d’entre eux sont toujours apatrides et privés d’accès aux services publics, y compris aux soins médicaux et à l’éducation.
La plupart des réfugiés palestiniens qui vivent au Liban sont nés dans ce pays et y ont toujours vécu, mais ils ne peuvent pas obtenir la nationalité libanaise, et un grand nombre d’entre eux sont toujours apatrides et privés d’accès aux services publics, y compris aux soins médicaux et à l’éducation.
Plusieurs d’entre eux ont expliqué que leur espoir de carrière professionnelle et d’avenir meilleur est anéanti en raison des lois discriminatoires qui empêchent les réfugiés palestiniens, issus de la Nakba ou d’autres périodes d’exil, de pratiquer une trentaine de professions, et notamment d’être médecins, dentistes, juristes, architectes ou encore ingénieurs.
La communauté internationale doit leur offrir la possibilité d'être réinstallés dans un pays tiers. Si les Palestiniennes et Palestiniens ne peuvent rentrer dans leurs maisons ou sur leurs terres, ils doivent pouvoir se réinstaller à proximité de leurs anciens foyers. Ils doivent être tous indemnisés. Nous appelons à la mise en place d'un programme de retour soutenu par la communauté internationale pour superviser la mise en œuvre du processus de retour et d'attribution des compensations.
Une réfugiée palestinienne à sa fenêtre au Liban © Tanya Habjouqa
Les Nations unies engagées pour la protection des réfugiés palestiniens depuis 1949
En 1949, une agence des Nations unies du nom de l'UNRWA (Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient) a été créée pour prêter assistance aux réfugiés palestiniens et à leurs descendants en Jordanie, au Liban, et dans ce qui sont aujourd’hui appelés les territoires palestiniens occupés.
Leur droit au retour est reconnu par les Nations unies. Les personnes réfugiées vivent dans des camps dans les territoires palestiniens occupés et dans une partie des Etats tiers. Les camps reçoivent les services de base de l'UNRWA, école, nourriture et centres médicaux. Ils sont gérés par un comité populaire rassemblant toutes les tendances politiques qui gère les problèmes. Ces camps sont souvent le théâtre de violences : des attaques de l’armée israéliennes et des heurts avec les forces de sécurité palestiniennes s’y déroulent.
Droit au retour bafoué : une violation de plus des droits du peuple palestinien
Le non-respect de la part d’Israël du droit au retour des Palestiniens et des Palestiniennes constitue une violation flagrante du droit international. Il s’inscrit dans une série d’autres violations des droits humains perpétrées par les autorités israéliennes : ségrégation territoriale et restrictions de déplacement, détentions arbitraires, tortures, homicides illégaux… Leur objectif est toujours le même : réduire la présence des Palestiniens et Palestiniennes et leurs accès aux terres dans la région.
Nous avons enquêté pendant 4 ans pour documenter ce système d'oppression et de domination mis en place par les autorités israéliennes à l'encontre de la population palestinienne. Il correspond à la définition du crime d’apartheid en droit international, tel que défini notamment par le Statut de Rome de la Cour pénale internationale en 1998.
La situation des Palestiniens et Palestiniennes est intenable. Combien de temps encore devront-ils endurer une vie de souffrance, de privations et de discriminations ?
En Israël, à Gaza et dans le reste des territoires palestiniens occupés, un conflit terrible dure depuis des décennies et affecte les vies de millions de civils. Le déchainement de violence depuis le 7 octobre 2023 a marqué un nouveau tournant dramatique, et c’est la population civile qui en paie le prix fort. Retrouvez l’ensemble de nos enquêtes dans ce dossier et rejoignez notre appel à un cessez-le-feu en signant notre pétition.