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Campagne pour la protection des travailleurs migrants au Nepal - D.R.
Responsabilité des entreprises

Travailleurs migrants: le gouvernement népalais ferme les yeux

Nos nouvelles recherches conduites dévoilent que le gouvernement népalais ne sanctionne pas les entreprises qui facturent des frais de recrutement illégaux pour des emplois dans le Golfe et en Malaisie. Il les expose alors à un cycle alliant endettement et exploitation. Enquête

Les travailleurs migrants népalais sont systématiquement et impitoyablement piégés. Contraints de contracter des prêts pour payer les frais exorbitants que les agences de recrutement leur facturent pour aller travailler à l'étranger, ils se retrouvent endettés au point de ne pas pouvoir quitter leur emploi même s’il s'avère sous-payé ou dangereux.

Une majorité des travailleurs dupée et endettée

Près des deux-tiers des travailleurs migrants népalais qui ont répondu à notre enquête, menée au Népal et en Malaisie, avaient payé des frais de recrutement excessifs et illégaux.

Sur les 414 travailleurs migrants népalais qui ont participé à notre sondage réalisé par téléphone portable, la vaste majorité (88 %) a signalé avoir payé des frais à des agents pour travailler à l'étranger.

Ces frais étant très élevés, la plupart avaient dû emprunter plus de la moitié de la somme à des prêteurs sur gages de leur village et se retrouvaient donc endettés.

Les calculs des travailleurs quant au moyen de rembourser ces emprunts capotent souvent du fait de salaires non payés ou d'autres formes d'exploitation au travail. Plus de la moitié des travailleurs interrogés (53 %) ont déclaré qu'ils avaient reçu des salaires mensuels inférieurs à ce que leur avaient promis les agents de recrutement.

En juillet 2015, le gouvernement népalais a adopté la politique « Visa gratuit, Billet gratuit » (Free Visa, Free Ticket), qui a réduit les frais maximum dont doivent s'acquitter les travailleurs à 10 000 roupies népalaises (82 euros) suite aux pressions exercées au niveau local et international. Toutefois, cette politique n'est pas dûment mise en œuvre.

En juin 2017, nous avions publié un rapport, Turning People into Profits, qui concluait que les agences de recrutement continuaient d'exploiter librement les migrants en facturant des frais supérieurs au plafond fixé.

Lire aussi : Népal, des travailleurs exploités et extorqués

Parmi les travailleurs sondés, seul un sur cinq (20 %) a déclaré que le gouvernement appliquait cette politique.

Dans l’impunité la plus totale

Le nouveau sondage vient confirmer l’exploitation des travailleurs migrants à l'échelle du Népal qui prospère sous les yeux d'un gouvernement souvent indifférent.

Les agences de recrutement qui facturent des frais illégaux sont souvent prêtes à tout pour échapper aux contrôles, notamment à envoyer des intermédiaires encaisser l'argent au lieu de le recevoir directement.

90 % des travailleurs qui s'étaient acquittés de frais de recrutement n'ont pas obtenu de reçu de la part des agents.

90 % des travailleurs qui s'étaient acquittés de frais de recrutement n'ont pas obtenu de reçu de la part des agents. Il leur est donc très difficile de porter plainte contre des agents sans scrupules et de réclamer le remboursement de ces sommes.

Constat inquiétant, certains de ces recruteurs – qui détiennent les travailleurs en servitude en les accablant de dettes énormes – « vendent » les travailleurs népalais à des clients étrangers potentiels en insistant sur le fait qu'il est peu probable qu'ils quittent leur emploi. En consultant et analysant 100 sites de recrutement népalais, nous avons constaté qu’ils font la « publicité » des travailleurs népalais en les décrivant comme « loyaux » et « totalement dédiés à leur travail même dans des situations ardues ».

Le gouvernement népalais ne fait toujours pas assez pour lutter contre la corruption qui gangrène le secteur du recrutement au Népal. S'attaquer à cette industrie qui exploite les travailleurs est une priorité.

Les entreprises qui emploient des travailleurs migrants dans les pays du Golfe et en Malaisie, directement ou par l'intermédiaire de fournisseurs ou de sous-traitants, n'assument toujours pas leur responsabilité.

Lire aussi : le triste sort des travailleurs migrants au Qatar

Il serait temps qu'elles prennent des mesures afin de prévenir le recrutement qui relève de l'exploitation et veiller à ce que les travailleurs migrants au sein de leurs chaînes d'approvisionnement et de sous-traitance qui ont payé des frais de recrutement soient remboursés. Tant qu'elles n'agissent pas, elles contribuent au piège de l'endettement qui détruit tant de vies au Népal.

Agir

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