Vous êtes des millions à faire entendre votre voix pour défendre des personnes dont les droits sont bafoués ou menacés. En signant nos pétitions, vous changez l’histoire de ces personnes pour qu’elles puissent regagner leur liberté. En 2023, à l'occasion de notre grande campagne de signature annuelle, nous nous sommes mobilisés ensemble pour défendre dix situations de personnes en danger. Retour sur l’histoire de ces personnes pour et avec lesquelles nous nous battons au quotidien.
L’édition 2023 de Changez leur histoire a mobilisé des millions de personnes à travers le monde. Plus de 5,8 millions actions dans le monde ont été menées pour défendre les dix situations de personnes victimes d’injustices. C’est 500 000 actions de plus qu’en 2022 ! Rien qu'en France, plus de 700 000 personnes ont signé nos pétitions en faveur de ces personnes en danger.
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Justice pour Rita Karasartova, qui risquait 15 ans de prison pour avoir manifesté pacifiquement au Kirghizistan
Plus de 400 000 personnes, dont plus de 63 000 rien qu’en France, ont signé notre pétition demandant justice pour Rita.
Rita Karasartova dirige l’Institut d’analyse publique, une entité non gouvernementale, et est membre du Mouvement démocratique uni du Kirghizistan, qui lutte contre la pauvreté et pour des institutions démocratiques.
En octobre 2022, elle a été arrêtée, en même temps que 26 autres personnes, pour avoir participé à des manifestations pacifiques contre un accord frontalier controversé avec l’Ouzbékistan, qui pourrait limiter l’accès à l’eau de la population kirghize. Elle était accusée d’avoir cherché à « renverser le gouvernement par la force », une infraction passible de 15 ans de prison.
Rita a été acquittée le 14 juin 2024 ! Une nouvelle que nous avons accueillie avec beaucoup d'émotions car elle montre toute la force de la mobilisation internationale.
Je tiens à exprimer mon immense gratitude… Vos signatures de la pétition et le grand nombre de lettres qui sont arrivées jusqu’au bureau du procureur ont eu un impact très puissant. Cela nous a donné une force énorme… Bien sûr, l’acquittement était totalement inattendu. Dans notre tête, nous avions ressassé toutes types de scénarios, avec des issues différentes, mais jamais nous n’aurions pensé que nous serions tous·tes acquitté·es !
Rita Karasartova
Maung Sawyeddollah, un jeune réfugié qui se bat pour que Meta verse des réparations aux Rohingyas
En 2017, à l’âge de 15 ans, Maung Sawyeddollah a dû fuir avec sa famille lorsque l’armée du Myanmar lançait une campagne de nettoyage ethnique contre les Rohingyas. Avec sa famille, il s’est d’abord réfugié dans le plus grand camp de réfugiés au monde, Cox’s Bazar au Bangladesh avant de pouvoir s’installer aux Etats-Unis.
Depuis le camp de réfugiés, Maung Sawyeddollah se battait au quotidien pour faire reconnaître la responsabilité de Facebook dans le nettoyage ethnique subi par les Rohingyas. Car si Facebook est pointé du doigt c’est parce que l’algorithme de la plateforme a promu des publications appelant à la haine contre les Rohingyas et a ainsi contribué aux atrocités commises par l’armée du Myanmar.
Maung Sawyeddollah demande à Meta des réparations qui permettront, notamment, de financer des programmes éducatifs à Cox's Bazar car il est convaincu que l'éducation contribuera à reconstruire les vies brisées des membres de sa communauté.
Notre pétition a récolté plus de 476 000 signatures à l’international dont 74 000 rien qu’en France.
Nous soutenons Maung Sawyeddollah dans son combat pour que Meta assume sa responsabilité dans les atrocités commises contre le peuple Rohingya au Myanmar en leur versant des réparations. Nous continuerons à soutenir Maung Sawyeddollah et les Rohingyas dans leur lutte pour l’accès à la justice.
En 2023, la sécurité de Sawyeddollah a été grandement menacée dans les camps de réfugié·es. Avec nos partenaires Victim Advocates International et Dev.tv, nous avons mobilisé des ressources en vue de garantir la sécurité de Sawyeddollah.
En août 2024, Sawyeddollah a obtenu un visa étudiant et il s’est installé aux États-Unis. Il est désormais inscrit à l’université de New York en tant qu’étudiant étranger.
L'impact de la campagne ne s'est pas limité à élever ma voix, mais aussi à créer une solidarité qui a résonné au-delà des frontières.
Maung Sawyeddollah
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Chaima Issa, persécutée pour son engagement politique en Tunisie
Chaima Issa est une écrivaine célèbre et une figure de l’opposition en Tunisie. Elle a été condamnée à 12 mois de prison avec sursis par le tribunal militaire de première instance de Tunis à la suite des propos qu’elle a tenu sur le rôle de l’armée dans les élections législatives de décembre 2022.
Cette figure de proue de l’opposition au gouvernent tunisien est déclarée coupable d’incitation faite aux militaires de désobéir aux ordres, de propagation de rumeur et d’offense au chef de l’État. Elle n’a pourtant fait qu’exercer pacifiquement son droit à la liberté d’expression.
Quand je reçois des lettres du Canada, du Japon ou du Maroc, je sens que les personnes qui m’écrivent sont dans l’empathie, qu’elles ressentent notre souffrance. [...] La confiance et l’espoir que je puise dans ces lettres me donnent la force de continuer. Je retrouve une forme d’espoir en l’être humain. La campagne d’Amnesty m’a permis de vivre cette unité universelle mais elle a eu aussi un impact direct sur moi en me donnant beaucoup de courage.
Chaima Issa
Chaima Issa ouvre ses lettres de soutien reçues dans le cadre de la campagne Changez leur histoire
Alors que nous demandions aux autorités tunisiennes l’abandon immédiat de toutes les restrictions et charges retenues contre Chaima Issa, plus de 509 000 personnes dont 74 000 rien qu’en France ont signé notre pétition pour changer son histoire, et lui rendre la liberté.
Le 13 juillet 2023, Chaima Issa a été libérée de prison après plus de quatre mois de détention arbitraire. Cependant, elle fait toujours l'objet d'une enquête et de poursuites pour « conspiration », ce qui pourrait lui valoir des années d'emprisonnement voire la peine de mort. Nous continuerons à suivre l'évolution de sa situation et à faire campagne pour l’arrêt des charges retenues contre Chaima Issa.
Lire aussi : Portrait de Chaima Issa
Ahmed Mansoor, condamné à dix ans de prison pour avoir défendu les droits humains aux Émirats arabes unis
Ahmed Mansoor, poète et blogueur, est un célèbre défenseur des droits humains dans son pays. Dans ses recherches, il parle de ses préoccupations face aux arrestations arbitraires, aux actes de torture et aux procès iniques subis par des personnes qui s’élèvent contre le pouvoir en place. Il pointe du doigt des problèmes au sein du système judiciaire, et dénonce des lois émiriennes contraires au droit international.
Plus de 577 000 personnes dont 77 000 personnes en France ont déjà signé notre pétition.
En mai 2018, Ahmed est condamné à 10 ans de prison, entre autres pour « outrage aux Émirats arabes unis et à leurs symboles ». Il est actuellement incarcéré à la prison d’al Sadr à Abou Dhabi dans des conditions déplorables. Nous demandons sa libération immédiate et sans condition !
Mobilisation des militant.es d’Amnesty International en faveur d’Ahmed Mansoor au lancement de la campagne Changez leur histoire 2023 au bureau d'Amnesty International Maroc à Rabat le 25 novembre 2023.
Alors que la COP28 se déroulait, le 7 décembre 2023, les autorités des Émirats arabes unis ont entamé un nouveau procès de masse contre plus de 80 Émiratis dont le prisonnier d’opinion Ahmed Mansoor. L'ouverture de ce nouveau procès de masse alors que la conférence sur le climat COP28 avait rassemblé des représentants de tous les États du monde à Dubaï envoie un message clair que, quelle que soit l'attention internationale sur les Émirats arabes unis, la dissidence continuera d'être sévèrement punie.
Les signatures de la pétition pour la campagne d'Ahmed Mansoor seront remises aux ambassades des Émirats arabes unis et nous continuerons à nous battre sans relâche pour sa libération.
Lire aussi : Portrait d'Ahmed Mansoor
Les Wet’suwet’en : le combat d’une nation autochtone pour sauver ses terres
Les Wetʼsuwetʼen vivent en territoire autochtone, non cédé au Canada, depuis des milliers d'années. Or, en 2021, un projet faramineux de gazoduc, le « Coastal Gaslink » projette de traverser leurs terres ancestrales. S’engage alors une lutte effrénée pour faire face aux appétits des entreprises et au harcèlement de la Gendarmerie Royale Canadienne (GRC).
Vingt membres de la nation Wet’suwet’en sont arrêtés en novembre 2021 alors qu’ils manifestaient pacifiquement. Parmi les détenus se trouve la porte-parole Sleydo’ (Molly Wickam), accusée d'outrage, et toujours dans l’attente de son jugement. Pourtant, ces personnes ne revendiquaient que l’application du droit à l’auto-détermination.
Nous soutenons leur combat et demandons l’abandon des charges qui pèsent sur ces personnes, ainsi que l’abandon du projet de gazoduc sur leurs terres. En France, plus de 95 000 personnes ont affirmé leur soutien aux Wet’suwet’en en signant notre pétition.
Lire aussi : Les Wet’suwet’en : le combat d’une nation autochtone pour sauver ses terres
Justyna Wydrzyńska, condamnée pour avoir aidé une femme à avorter en Pologne
Justyna Wydrzyńska milite pour le droit à l’avortement en Pologne. Co-fondatrice du collectif « Abortion Dream Team », elle fournit des informations médicales aux personnes souhaitant avorter et défend le droit à un avortement sûr et légal en Pologne.
Le 14 mars 2023, le verdict tombe : Justyna Wydrzyńska est condamnée pour avoir aidé une femme à avorter en Pologne. Elle écope de huit mois de travaux d’intérêt général. Avec ses avocats, elle fait appel. En plus d’être injuste pour Justyna, cette condamnation crée un dangereux précédent dans un pays où l'avortement est presque totalement interdit.
Justyna doit pouvoir mener son travail sans persécution ni répression. L’accès à l’avortement est un droit humain, et personne ne devrait être puni pour avoir protégé ce droit. Plus de 582 000 personnes dont 100 000 rien qu’en France ont signé notre pétition qui appelle le Procureur général polonais à annuler la condamnation de Justyna Wydrzyńska.
Justyna Wydrzynska lit des lettres du monde entier qu’elle a reçu dans le cadre de la campagne Changez leur histoire
Je viens d'arriver au bureau polonais d'Amnesty International et je suis allée dans la salle où se trouvaient des milliers de lettres. La seule chose que je veux dire à tous ces gens qui les ont écrites, c'est : « Merci, merci beaucoup. Cela représente énormément pour moi. Même les remerciements ne suffisent pas, à mon avis. Toutes ces lettres m'ont touché droit au cœur
Justyna Wydrzyńska
Du 9 au 13 octobre 2023, nous avions accueilli et accompagné Justyna Wydrzynska à Paris, où elle a répondu à plusieurs interviews de médias, participé à des événements pour le droit à l'avortement et à des réunions de plaidoyer dans les institutions publiques.
Thapelo Mohapi, menacé parce qu’il lutte pour les droits de sa communauté en Afrique du Sud
Thapelo Mohapi est l’un des leaders du mouvement populaire Abahlali baseMjondolo (AbM). Leur objectif : lutter contre la précarité et pour les droits économiques et sociaux, notamment l'accès au logement en Afrique du Sud.
Mais depuis 2021, Thapelo ne peut plus exercer son travail normalement. Il est obligé de se cacher car il craint pour sa vie. Et il ne peut clairement pas compter sur les autorités pour le soutenir. Au contraire, elles harcèlent les membres du mouvement AbM et ont même incité à la violence à leur encontre. Plusieurs de leurs domiciles ont été dégradés et certain.es ont été ciblés par des tentatives de meurtre. Selon le mouvement AbM, 25 de leurs membres ont été tués depuis la création du mouvement en 2005.
Nous demandons au ministre de la Police d’Afrique du Sud, l’ouverture d’une enquête efficace, impartiale et transparente sur le harcèlement et les homicides des membres de l’AbM. Plus de 517 000 personnes dont 60 000 en France ont déjà signé notre pétition.
Justice pour Thulani Maseko, tué pour avoir critiqué la répression de l’État en Eswatini
Thulani Maseko était un avocat allié des personnes LGBTI. Fervent défenseur des droits humains, il s’est battu sans relâche pour faire d’Eswatini un pays plus libre et a ouvertement critiqué les lois répressives et les violences de l’État lors de manifestations pacifiques.
Le 21 janvier 2023, il a été abattu devant sa femme Tanele, à travers une fenêtre de leur maison. Quelques heures auparavant, le roi avait prononcé un discours affirmant qu’ « on s’occuperait » des personnes réclamant une réforme démocratique. À ce jour, personne n’a été amené à rendre de comptes pour l’homicide de Thulani.
394 121 personnes dont 65 095 en France ont signé notre pétition demandant au Roi d’Etswatini une enquête efficace et que les suspects soient traduits en justice dans le cadre d’un procès équitable.
En août 2023, la police de l’Eswatini a publié une déclaration indiquant que l’enquête sur la mort de Thulani progressait et que des avancées interviendraient quand « tous les éléments techniques seront réglés ». Pourtant, la famille de Thulani n’a reçu aucune information des autorités depuis cette déclaration. Tanele, l’épouse de Thulani, a évoqué le soutien que lui a procuré la campagne, qui a permis d’amplifier l’appel à la justice pour son époux et a servi de relais à la campagne #JusticeForThulani.
Justice pour Uncle Pabai et Uncle Paul, menacés par le dérèglement climatique en Australie
Uncle Pabai et Uncle Paul sont des dirigeants communautaires du peuple Guda Maluyigal, dans les îles du détroit de Torrès, une région au nord de l’Australie. Aujourd’hui, leur mode de subsistance, leurs pratiques culturelles et spirituelles sont en danger. L’élévation du niveau de la mer, qui dans ce détroit augmente deux fois plus vite que la moyenne mondiale, est chaque année plus destructrice : elle érode les côtes, détruit les sites sacrés, ravage les potagers mettant en danger leur alimentation, et menace les infrastructures des îles.
Uncle Pabai et Uncle Paul se sont tournés vers les tribunaux. Ils affirment que le gouvernement australien ne prend pas les mesures nécessaires pour limiter les effets du dérèglement climatique.
Les peuples autochtones héritent d’une Histoire millénaire. Nous demandons aux autorités australiennes de protéger les droits humains des communautés des Premières nations du détroit de Torrès, et de réduire rapidement les émissions de carbone, conformément à l’engagement pris au niveau mondial de limiter le réchauffement climatique à 1,5 °C. Plus de 518 000 personnes à travers le monde ont signé notre pétition.
De la part de Uncle Pabai et Uncle Paul, du fond du cœur, nous adressons nos remerciements les plus sincères à Amnesty International qui a organisé une mobilisation pour nous soutenir et nous accompagner et pour aider les insulaires du Détroit de Torres. Merci beaucoup.
Soutien à Ana Maria Santos Cruz, dont le fils a été assassiné au Brésil
Pedro Henrique militait contre le racisme. Il organisait notamment des « Marches pour la paix » qui rassemblaient de nombreuses personnes pour dénoncer les violences policières, en particulier à l’encontre des personnes noires. En raison de son militantisme, des policiers ont commencé à le suivre, à le menacer et à l’attaquer.
Le 27 décembre 2018, à l’âge de 31 ans, Pedro Henrique a été tué. Trois hommes cagoulés ont effectué une descente à son domicile alors qu’il dormait avec sa petite amie. Il a reçu huit balles dans la tête et le cou.
Plus de 509 000 dont 65 607 personnes en France ont signé notre pétition pour demander qu’une enquête indépendante, impartiale et approfondie sur l’homicide de Pedro Henrique soit menée et que les responsables rendent des comptes.
Cette grande pression internationale exercée sur les autorités brésiliennes pour qu'elles enquêtent sur l'assassinat de Pedro Henrique a permis l’accès à son dossier d'enquête de police. Jusqu'à ce jour, ce dossier avait été gardé secret et était inaccessible à sa famille ou à ses représentants. Nous continuerons à travailler en étroite collaboration avec Ana Maria et avec ses représentants afin de soutenir sa quête vers la justice pour Pedro.
Je dis toujours que Pedro m'a beaucoup appris, notamment à lutter sans relâche pour la justice. C'est également Pedro qui m'a mise en contact avec Amnesty International, car il soutenait le mouvement. Il avait l'habitude de me dire, en plaisantant, qu'Amnesty International l'emmènerait un jour dans des pays d'Afrique, en Jamaïque et ailleurs pour travailler sur les droits humains. Qui pourrait imaginer qu'il avait raison ? Après son assassinat, grâce à la campagne Écrire pour les droits, Pedro Henrique et moi avons été, d'une certaine manière, emmenés dans différents pays à travers l'histoire de la lutte pour les droits humains. Je suis très heureuse et je me sens renforcée par cette vague de solidarité qui me réconforte.
Ana Maria Santos Cruz
Cette année, défendez avec nous neuf personnes qui ont élevé leur voix pour changer l’histoire