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URGENCE PROCHE ORIENT

Exigez avec nous la protection sans condition des populations civiles

Une femme tient un éclair rouge qui symbolise la colère face aux atteintes aux droits des femmes, en Pologne. Mars 2023, © Beata Zawrzel/NurPhoto via AFP
Droits sexuels et reproductifs

Droit à l’avortement en Pologne : où en est-on aujourd’hui ?  

La Pologne a l’une des lois sur l’avortement les plus restrictives d’Europe. Avec Malte, c’est l’un des deux seuls États membres de l’Union européenne (UE) qui n’a pas légalisé l’avortement sur demande ou pour des motifs sociaux élargis. Pourtant au XXème siècle, ce pays a été l’un des premiers à alléger les restrictions d’accès à l’avortement sur le continent.

15.04.2024

Le 12 avril 2024, le Parlement polonais a approuvé en première lecture 4 modifications des lois très restrictives sur l'avortement. Ce vote constitue une étape importante vers l'accès à un avortement sûr et légal.

Dépénaliser l'avortement est essentiel pour garantir que toutes les personnes qui ont besoin d'avorter, celles et ceux qui pratiquent des avortements et les défenseur.es de ce droit, ne s’exposent pas à des poursuites pénales. Les responsables politiques doivent écouter les voix de la société civile qui se battent pour le droit à l’avortement, et mettre fin aux restrictions cruelles et dangereuses de ce droit.

Jusqu’en 1956 en Pologne, l’avortement n’était autorisé que dans trois cas : s’il existait un danger de vie pour la mère, en cas de viol ou d’inceste et en cas de malformation du fœtus.  

Cependant, à partir du 27 avril 1956, des motifs sociaux sont ajoutés aux raisons légales pour avorter : les femmes qui justifient de conditions socio-économiques difficiles (famille monoparentale, pas ou peu de revenus, une situation de pauvreté générale) peuvent désormais y avoir accès. Une avancée très importante puisqu’elle intègre la notion de choix pour les femmes et les personnes enceintes.  

Dans les années 60 et 70, des femmes et personnes souhaitant avoir recours à l’avortement provenant d’autres pays européens se rendaient en Pologne afin d’interrompre leur grossesse.

Comment ce pays qui a été à l’avant-garde en Europe de la protection de ce droit essentiel s’est-il retrouvé avec l’une des lois les plus restrictives en matière d’avortement ? 

Retour sur les lois promulguées ces cinq dernières années sur l’avortement en Pologne. 👇

Les dates clés sur le droit à l’avortement en Pologne 

Avril 1956 : Légalisation du droit à l’avortement en Pologne. Les raisons légales pour avorter sont élargies et les motifs sociaux pris en compte. Une avancée majeure. 

1993 : retour en arrière. Les motifs sociaux sont supprimés des raisons légales pour avorter.  

2011, 2013, 2015, 2016 et 2018 : de nombreuses offensives contre le droit à l’avortement sont exercées par les mouvements anti-choix et le parlement polonais. Grâce aux mobilisations massives, ces tentatives n’aboutissent pas.  

Le 22 octobre 2020, le tribunal constitutionnel polonais interdit l’avortement en cas de malformation du fœtus. 

Où en sommes-nous aujourd’hui ?  

Aujourd’hui en Pologne, l’avortement n’est autorisé qu’en cas de danger pour la vie ou la santé de la femme ou personne enceinte, ou si la grossesse découle d’un viol ou d’un inceste. 

Dans la pratique, cependant, il est quasi impossible pour les personnes éligibles à un avortement légal de l’obtenir.  

Chaque année, des milliers de femmes et personnes enceintes quittent la Pologne pour interrompre leur grossesse dans d’autres pays européens.

Chaque année, des milliers de femmes et personnes enceintes quittent la Pologne pour interrompre leur grossesse dans d’autres pays européens, tandis que certaines importent des pilules abortives ou cherchent des moyens non légaux d’avorter en Pologne. Les femmes et autres personnes polonaises souhaitant avorter, particulièrement celles qui se trouvent dans des situations précaires, dépendent de l’aide cruciale des organisations de la société civile, qui disposent souvent de ressources limitées.

Le 22 septembre 2021, une femme est morte après s’être vu refuser l’accès à des services d’avortement alors qu’une malformation du fœtus était avérée.

Elle s’appelait Izabel, elle avait 30 ans et une petite fille de 9 ans.

D’autres femmes sont mortes depuis Izabel, comme Dorota Lalik, le 24 mai 2023.

La mobilisation continue  

Des manifestations ont eu lieu en octobre et novembre 2021 dans le pays pour réclamer justice pour la famille d’Izabel et, plus largement, l’adoption de réformes.  

➡️ En 2021 plus de 1 000 femmes se sont tournées vers la Cour européenne des droits de l’homme pour faire valoir leurs droits et contester la loi sur l’avortement en Pologne.  

➡️ En juin 2022, la Cour européenne des droits de l’homme a demandé des explications à la Pologne sur cinq nouvelles affaires concernant des refus d’accès aux services d’avortement. 

Des membres de la société civile et des associations continuent à se mobiliser pour que l’accès à l’avortement soit de nouveau sûr et légal en Pologne. C’est le cas du collectif Abortion Dream Team qui fait campagne en faveur du droit à l’avortement, et propose des conseils et des informations pour accompagner les personnes qui souhaitent avorter.  

Justyna Wydrzyńska, l’une de ses fondatrices a dédié plusieurs années de sa vie à ce combat pour un avortement sûr et légal dans le pays. Aujourd’hui, cette militante de 47 ans est harcelée par les autorités polonaises. La justice l’a récemment condamnée à 8 mois de travaux d'intérêt général pour avoir aidé une femme à avorter.  

Le but des autorités polonaises est clair : museler toutes les voix qui critiquent leur politique anti-avortement.  

Nous sommes à côtés de toutes les personnes qui défendent le droit à l’avortement en Pologne et partout dans le monde.  

Agir

Justice pour Justyna, condamnée pour avoir aidé une femme à avorter en Pologne !

✍ Demandez au Procureur général polonais d’annuler la condamnation de Justyna Wydrzyńska.

Justyna doit pouvoir mener son travail sans persécution ni répression. L’accès à l’avortement est un droit humain, et personne ne devrait être puni pour avoir protégé ce droit.