La guerre du Tigré dévaste depuis le mois de novembre cette région du nord de l’Éthiopie. Une crise humanitaire grande ampleur fait rage et l’envoi urgent d’une aide à la hauteur de l’extrême gravité de la situation est nécessaire. Malgré l’accord conclu entre l’Onu et le gouvernement éthiopien, l’accès des personnels et convois humanitaires reste très limité, ce qui fait cruellement défaut à la population,dont une grande partie se trouve dans des zones rurales.
Selon les Nations Unies, 2,3 millions de Tigréens sont ainsi actuellement en situation d’urgence vitale et la Croix Rouge éthiopienne prévoit des milliers de morts si la situation reste en l’état dans les deux mois à venir.
Les civils pris pour cibles
La Guerre du Tigré oppose le pouvoir fédéral éthiopien à son ancien allié, le Front populaire de libération du Tigré (TPLF) qui détenait jusqu’à présent les commandes du gouvernement régional.
On compte plus de 470 000 déplacés, selon le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés. Le bilan des terribles massacres de Maï-Kadra et d’Aksum, sur lesquels Amnesty International a enquêté, est venu confirmer que la population civile est la principale victime des affrontements.
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La situation est également très préoccupante pour les 96 000 réfugiés érythréens présents au Tigré, avec parmi eux de nombreux enfants. Encore récemment, dans les camps de réfugiés de Hitsats et de Shimelba, aucune aide humanitaire n’était arrivée depuis le début du conflit.
Un manque d'informations inquiétant
Si l’accès à la région des travailleurs humanitaires est extrêmement limité, rendant la situation alarmante, il en est de même pour les journalistes et les observateurs des droits humains. Les témoignages sont rares et les connexions téléphoniques et Internet très restreintes. Néanmoins, de multiples violations des droits de l’homme et du droit humanitaire sont avérées et corroborées par les récits de celles et ceux qui ont fui ou ont été déplacés.
Il est de la responsabilité des autorités éthiopiennes de faciliter l’accès et le travail des organisations humanitaires pour ainsi permettre aux populations civiles du Tigré de bénéficier d’une assistance vitale. Les observateurs indépendants doivent également être en mesure de garantir le respect des droits humains dans la région
Depuis trois mois, l’ampleur réelle des souffrances humaines au Tigré demeure inconnue. Cette situation est exacerbée par un accès restreint à la région et par des coupures d’Internet et de téléphone.
Sarah Jackson, directrice adjointe du programme Afrique de l’Est, Corne de l’Afrique et région des Grands Lacs d’Amnesty International
Un accord insuffisant
Le 6 février dernier, David Beasley, directeur exécutif du Programme Alimentaire Mondial de l’Onu a annoncé un accord avec le gouvernement éthiopien concernant des mesures concrètes afin d’élargir l'accès des humanitaires à la région tigréenne. Les modalités de cet accord sont encore loin d’être suffisantes face à la gravité de la situation. L’aide aux populations du Tigré continue encore d’arriver au compte-goutte.
Les autorités éthiopiennes doivent honorer leur promesse de permettre à l’aide humanitaire d’accéder à la région, où la population civile continue d’être la principale victime des affrontements.
Sarah Jackson
Nous demandons aux autorités éthiopiennes :
de permettre aux organisations humanitaires de se rendre librement et en sécurité dans toute la région du Tigré, où l’accès de la population à l’aide humanitaire dont elle a grandement besoin est toujours entravé ;
d’autoriser les observateurs des droits humains à accéder à la région du Tigré ;
de solliciter l’aide d’acteurs régionaux et internationaux pour que des enquêtes en bonne et due forme soient menées sur les atteintes aux droits humains et les violations du droit international humanitaire ;
de rétablir immédiatement les communications téléphoniques et électroniques dans le Tigré afin de respecter le droit à la liberté d’expression.
ENSEMBLE DÉFENDONS UN MONDE PLUS JUSTE
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