La reprise de bombardements massifs et meurtriers sur Gaza a brutalement mis fin à deux mois de trêve. La population palestinienne paie le prix fort : plus de 400 civil.e.s tué.e.s en une seule nuit. Les États doivent se mobiliser pour exiger un nouveau cessez-le-feu et mettre fin au génocide en cours.
Après deux mois, presque jour pour jour, de trêve, les autorités israéliennes ont lancé, dans la nuit du 17 au 18 mars, une attaque massive contre la bande de Gaza occupée. Toute l’enclave a été visée. Les dégâts matériels sont considérables, le bilan humain terrible : plus de 400 personnes tuées, dont 174 enfants et au moins 550 blessés. Des familles entières ont disparu en quelques heures.
Des scènes d’horreur dans les hôpitaux
Nos chercheurs se sont entretenus avec du personnel médical de trois hôpitaux de la ville de Gaza et du nord de Gaza. Leurs témoignages confirment l’anéantissement quasi-total du système de santé dans l’enclave palestinienne et l’impossibilité de faire face à un tel afflux de personnes blessées.
🚩Le plus grand complexe médical de Gaza, l’hôpital Al Shifa, qui a été en grande partie détruit lors de précédents raids israéliens, n’avait que trois lits pour accueillir des dizaines de blessé·e·s.
🚩 L’hôpital baptiste arabe Al Ahli, seule structure hospitalière disposant d’une unité de soins intensifs opérationnelle, a reçu 80 blessé.e.s en une nuit. Certains ont dû être soignés dans les couloirs et dans la cour.
🚩 L’hôpital indonésien, le seul encore en activité dans le nord de Gaza, était toujours en cours de reconstruction et à peine fonctionnel.
L’anéantissement quasi-total du système de santé à Gaza, en particulier dans le nord, et les pénuries criantes de fournitures et d’équipements médicaux, exacerbées par le siège illégal imposé par Israël, constituent dans les faits une condamnation à mort pour de nombreuses personnes souffrant de blessures et de maladies graves.
Agnès Callamard, secrétaire générale d’Amnesty International
Le retour du blocus total et des ordres d’évacuation
⭕️ Depuis le 2 mars, Israël impose de nouveau un siège total à Gaza. Plus aucun camion d’aide humanitaire, plus aucun bien de consommation courante ou médicaments, n’est autorisé à entrer dans l’enclave. Tout est bloqué, y compris le carburant et la nourriture, en violation flagrante du droit international.
⭕️ Une semaine plus tard, après avoir privé la population palestinienne de nourriture, de médicaments, les autorités israéliennes ont également coupé l’approvisionnement en électricité de la principale usine de dessalement d’eau de Gaza.
⭕️ Le 18 mars, l’armée israélienne publie sur X un communiqué enjoignant les habitant·e·s de Gaza à quitter toutes les zones frontalières de l’enclave avec l’État d’Israël. Quarante-huit heures plus tard, le ministre israélien de la Défense annonce que "bientôt, l'évacuation de la population des zones de combat recommencera".
Les Palestinien·ne·s de Gaza, qui n’ont pas eu le temps de commencer à reconstruire leur vie et qui restent marqués par le traumatisme des précédentes attaques, revivent le cauchemar infernal des bombardements intensifs, du blocus et des ordres d’« évacuation » de grande ampleur.
Au nom des otages
L’armée israélienne et le Shin Bet, le service de renseignement intérieur israélien, ont justifié la reprise des frappes aériennes « suite au refus répété du Hamas de libérer [les] otages ». Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, menace le Hamas et les habitant.e.s de Gaza d'une "destruction totale" si tous les otages ne sont pas libérés. La reprise des attaques israéliennes met pourtant en danger les 24 otages israéliens qui seraient encore en vie, alerte pour sa part notre secrétaire générale, Agnès Callamard.
Nous rappelons à toutes les parties que les otages civils et les Palestinien·ne·s détenus arbitrairement doivent être libérés.
Ne pas rester sans agir
Les États doivent œuvrer ensemble pour exiger la reprise immédiate d’un cessez-le-feu durable, la fin du génocide perpétré par les autorités israéliennes contre la population palestinienne de Gaza ainsi que le démantèlement de son système d’apartheid et d’occupation illégale du territoire palestinien.
Le monde ne peut pas rester sans agir et permettre à Israël de continuer à causer des pertes humaines et des souffrances d’une ampleur aussi ahurissante aux Palestinien·ne·s de Gaza. Nous exhortons tous les États à respecter leur obligation de prévenir et de sanctionner les génocides, et de veiller au respect du droit international humanitaire, en faisant pression sur les autorités israéliennes afin qu’elles mettent fin à leurs attaques et favorisent l’entrée de l’aide humanitaire sans condition ni entrave.
Agnès Callamard, secrétaire générale d’Amnesty International
Plus de 48 000 Palestiniens·ne·s ont été tués depuis le 7 octobre 2023 et l’attaque du Hamas, qui a coûté la vie à 1 200 personnes.
Exigez avec nous la justice pour toutes les victimes et la protection sans condition des populations civiles