La conseillère d’État birmane a été condamnée à quatre ans de prison pour incitation aux troubles publics et des violations de non-respect des restrictions liées au Covid-19, une peine réduite à deux ans, quelques heures plus tard. Une parodie de justice.
Aung San Suu Kyi avait été arrêtée le 1er février 2021, lors du coup d’État de l’armée birmane. Les lourdes peines infligées à la conseillère d’État sur la base d'accusations infondées illustrent une nouvelle fois la détermination de la junte à éliminer toute opposition et à asphyxier les libertés au Myanmar.
Depuis le coup d’État militaire de février, le constat est alarmant et inquiétant : plus de 1 300 personnes sont mortes et plus de 10 000 ont été arrêtées.
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Décision de justice ubuesque et corrompue
La condamnation d’Aung San Suu Kyi s’inscrit dans le cadre d’une politique destructrice de sanctions arbitraires. Depuis que les militaires sont au pouvoir, ils se livrent à une frénésie d’arrestations injustifiées et usent d’une violence extrême, allant jusqu’à tirer sur des manifestants pacifiques.
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Aung San Suu Kyi est sous le coup de plusieurs autres inculpations. Toutes les audiences la concernant se déroulent à huis clos. L’envoyé spécial de l’Association des nations de l'Asie du Sud-Est (ASEAN) n’est pas autorisé à lui rendre visite. Aung San Suu Kyi est détenue dans un lieu tenu secret dans la capitale Naypyidaw.
L’urgence d’une réponse internationale
Sans une réponse unie et rapide de la communauté internationale, la situation au Myamar ne pourra que s’aggraver.
La situation au Myanmar est extrêmement inquiétante.
La violence monte d’un cran, se traduisant par le déplacement de dizaines de milliers de personnes et une crise humanitaire en pleine pandémie. Le système de santé du pays est en lambeaux, l’économie est au bord du gouffre et les pénuries alimentaires se profilent.
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L’ASEAN a fait preuve d’une grande faiblesse face à l’armée du Myanmar qui continue d’écraser la dissidence pacifique, de semer la destruction et de réduire à néant la liberté d’expression.
Le 24 avril 2021, l’ASEAN a organisé un sommet d’urgence sur le Myanmar à Djakarta. Un consensus a été trouvé lors de ce sommet. Il portait sur cinq points : l'arrêt immédiat des violences au Myanmar, l’engagement d’un dialogue constructif entre toutes les parties concernées, la nomination d’un envoyé spécial de l’ASEAN afin de favoriser le dialogue, l’acheminement d’aide humanitaire et la visite de l’envoyé spécial au Myanmar.
Plus de sept mois après, il est clair que ce sommet n’a pas donné lieu aux résultats espérés.
La communauté internationale doit intervenir afin de protéger la population civile et d’amener les auteurs de graves violations des droits humains à rendre des comptes. Elle doit veiller à ce qu’une aide humanitaire et sanitaire soit acheminée de toute urgence au Myanmar. Car aujourd’hui, la situation est grave : l’armée continue de tuer des manifestants et autres civils, d’arrêter, de poursuivre et d’emprisonner des militants, défenseurs des droits humains, journalistes, artistes et opposants politiques.
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