En février 2016, 6 militants de la LUCHA sont condamnés à 6 mois de prison pour avoir exercé leur droit à la liberté d’expression. A un mois du terme de leur peine, ils sont libérés par grâce présidentielle alors que de nombreux autres militants restent en prison pour les mêmes motifs.
Rebecca Kavugho, Serge Sivyavugha, Justin Kambale Mutsongo, Melka Kamundu, John Anipenda et Ghislain Muhiwa ont été graciés le 22 juillet par le Président de la République alors qu’il leur restait moins d’un mois de prison à effectuer. Dans une lettre adressée au Président, ils demandent « par solidarité avec nos camarades et tous nos concitoyens injustement privés de liberté et dont le sort est encore incertain, nous préférons rester en prison, quitte à aller jusqu’au bout de cette peine indue qui, de toutes manières, est presque entièrement consommée ». La réponse du Ministre de la justice à cette demande : ils sortiront de force. Pourtant les militants rappelaient qu’il s’agissait là de leur « liberté et dignité ».
Si nous nous réjouissons de cette libération anticipée, nous rappelons qu’ils n’auraient jamais dû être arrêtés et condamnés. Par ailleurs, de très nombreux autres prisonniers d’opinion croupissent encore en prison et doivent être libérés sans délai. Alors que par cette grâce, les autorités congolaises disaient vouloir décrisper la situation, 7 autres militants, dont 4 de la LUCHA sont arrêtés seulement deux jours après. S’ils ont été libérés le jour suivant, la répression ne semble pas devoir s’arrêter.
Comme le rappellent les 6 de Goma dans leur lettre adressée au Président de la République, leur arrestation et condamnation étaient « arbitraire, injuste et politique ». Pour que la grâce présidentielle ne soit pas uniquement de la poudre aux yeux, les dizaines de prisonniers d’opinion toujours en prison doivent être libérés, notamment Bienvenu Matumo, Marc Héritier Kambale et Victor Tesongo, arrêtés les 15 et 16 février à Kinshasa et Fred Bauma et Yves Makwambala, arrêtés le 15 mai 2015 à Goma et qui encourent la peine de mort.
Ces prisonniers d’opinion sont en prison parce qu’ils dénoncent, par des moyens pacifiques, les retards pris dans le calendrier électoral. Selon la Constitution de RDC, les présidentielles devaient avoir lieu en novembre 2016 or aucune date n’a encore été arrêtée. Pour beaucoup, ces retards sont destinés à maintenir le président Joseph Kabila au pouvoir après la fin de son second mandat, au-delà du terme fixé par la Constitution congolaise. En effet, celle-ci lui interdit de se présenter pour un troisième mandat mais une décision de justice de la cour constitutionnelle l’autorise à rester au pouvoir tant que de nouvelles élections ne sont pas organisées.