Au Mexique, 10 femmes sont assassinées chaque jour. Wendy Galarza, militante pour les droits des femmes, a failli perdre la vie. La police lui a tiré dessus pendant une manifestation contre les féminicides. Elle n’a toujours pas obtenue justice. Mais pour Wendy, pas question d’abandonner. Elle reste debout et poursuit son combat. Rencontre.
Les autorités n'ont pas tenu leurs engagements
Les autorités de Quintana Roo s’étaient engagées à ce que Wendy obtienne justice. Le gouvernement quitte ses fonctions en septembre et a refusé de proposer un plan de réparations pour les victimes de la manifestation du 9 novembre. Nous continuerons à nous mobiliser pour faire pression sur le nouveau gouvernement.
Un pas de plus vers la justice
Nous avons remis 435 179 signatures de la pétition au Procureur mexicain Oscar Montes, en charge de la situation de Wendy. Il s'est engagé à garantir l'accès à la justice pour Wendy et les autres victimes des violences du 9N avant le 22 novembre 2022. Nous maintiendrons la pression sur les autorités mexicaines jusqu'à ce que Wendy obtienne justice !
Si Wendy Galarza a pris l'avion de Cancún à Paris, c'est pour raconter son histoire au public européen : le 9 novembre 2020, elle a été gravement blessée par la police lors de la répression d'une manifestation contre les féminicides à Cancún. Depuis, elle se bat sans relâche pour les droits des femmes et pour obtenir justice.
Ce sont nos équipes, en France, qui sont à l'initiative de sa tournée : Wendy fait partie des 10 personnes que nous défendons dans le cadre de notre campagne annuelle 10 jours pour signer pour la journée internationale des droits de l'homme. Nous avons choisi Wendy parce que son histoire symbolise le combat contre les violences sexistes et sexuelles. À travers son histoire, ce sont les droits de milliers de femmes au Mexique que nous défendons.
Lire aussi : Retour sur la marche #NousToutes : toujours dans la rue en 2021 !
La militante féministe mexicaine Wendy Galarza et la directrice d'Amnesty Mexique Edith Olivares dans la cour des bureaux d'Amnesty France, le jeudi 11 novembre à Paris / © Amnesty International
La venue de Wendy Galarza en France, et plus largement en Europe, permet de donner une visibilité internationale à la situation des femmes au Mexique en sensibilisant les médias, et en menant des actions auprès de députés et d'ambassadeurs afin de faire pression sur les autorités du pays.
Signez notre pétition pour que Wendy Galarza obtienne justice
Nos équipes ont aussi travaillé pour que cette tournée permette à la jeune militante mexicaine de nouer des contacts avec des réseaux féministes en France. Nos équipes du service « Travail pour et avec les personnes » ont tout mis en œuvre pour accompagner Wendy au quotidien.
Pendant leur visite, nous échangeons beaucoup avec les personnes que nous défendons. Il est aussi important de veiller à ce que tout se passe bien. Ces personnes ont vécu des événements traumatisants. Les raconter trois fois par jour pendant un mois, lors de leur séjour à l’étranger, peut rouvrir des blessures.
Aurelio Perez, chargé de mission pour les personnes en danger à Amnesty France
marche #NousToutes : pour une lutte sans frontières
La jeune militante de 30 ans est venue en France à un moment hautement symbolique : le samedi 20 novembre, la marche nationale contre les violences sexistes et sexuelles était organisée par le collectif #NousToutes. Nous y avons participé, aux côtés de Wendy en mettant le Mexique à l'honneur dans notre cortège. L'objectif : porter son combat pour lutter contre les violences faites aux femmes, par-delà les frontières.
Pour Wendy Galarza et Edith Olivares, marcher dans les rues de Paris pour rendre visible le combat de milliers de femmes mexicaines était extrêmement important, et pour nous aussi.
Camille Dechambre, chargée de campagne à Amnesty France
Combativité, détermination et émotion : trois mots qui ressortent de cette marche.
Des dizaines de jeunes militants étaient présents et entouraient Wendy Galarza avec des pancartes « Toutes pour une, justice pour toutes » et des foulards violets « Que vivan las mujeres » (Que vivent les femmes). Nous avons aussi scandé ce slogan : « So-so-solidarité, avec les femmes du monde entier ! ».
Lire aussi : Interview de la directrice d'Amnesty Mexique sur les violences faites aux femmes au Mexique
Wendy Galarza et Edith Olivares sont à à la tête de notre cortège pendant la marche Nous Toutes, contre les violences sexistes et sexuelles organisée à Paris le le 20 novembre 2020 / © Inès Mermet - Amnesty International
C’est Amnesty Mexique qui m’a contactée. J’étais allongée dans mon lit d’hôpital la première fois que j’ai rencontré Edith Olivares. Elle m’a apportée un soutien immense. Participer à cette marche en France me donne de la force. Merci d’être à mes côtés et aux côtés des femmes mexicaines.
Wendy Galarza, militante féministe mexicaine depuis la marche NousToutes à Paris
Nos équipes ont travaillé longuement en amont de cette marche pour entourer au mieux Wendy. Dans la préparation d'une tournée, tout doit être pensé et anticipé afin d'évaluer le dispositif de sécurité à mettre en place et le niveau de soutien psychologique à apporter.
Wendy Galarza est encore marquée par la répression policière du 9 novembre 2020 à Cancun : les balles qui l’ont blessée à la jambe lui causent encore des douleurs et l'empêchent de parcourir de trop longues distances. Notre équipe du service « Travail pour et avec les personnes » a bien pris en compte ces indicateurs dans l'organisation de la marche en proposant à Wendy un dispositif adapté.
Rdv politiques : créer un pont entre le Mexique et la France
Les relations diplomatiques franco-mexicaines étant privilégiées, il faut pouvoir créer des ponts comme levier d'action.
Pendant sa visite en France, Wendy Galarza a eu l'occasion d'échanger avec plusieurs responsables politiques.
L'un des objectifs d'une tournée est de pouvoir organiser des rencontres entre des figures politiques en France et la personne soutenue afin d’informer, sensibiliser et lorsque cela est possible de les mobiliser.
Wendy Galarza et Edith Olivares sont devant l'Assemblée nationale
La première rencontre a eu lieu à l’Assemblée nationale.
Une occasion d'évoquer les violences à l’égard des femmes en France et au Mexique et d'identifier quelles réponses politiques communes apporter :
- Comment faciliter l’accès à la justice ?
- Quels moyens dédiés pour la formation des forces de l’ordre ?
- Quid de l’éducation à la sexualité ?
Nous avons eu l'occasion de rencontrer des représentants du ministère des affaires étrangères. Nous avons évoqué la diplomatie féministe française à la fois multilatérale et bilatérale avec le Mexique.
Les deux pays ont co-organisé en 2021 le Forum génération égalité : des événements importants pour consacrer des engagements financiers dans la lutte contre les violences basées sur le genre ou les droits sexuels et reproductifs.
Les rendez-vous de plaidoyer sont très intenses et s'enchaînent rapidement. Wendy et Edith étaient impressionnantes : elles sont parvenues à capter leur auditoire et à insister sur des points en s’adaptant toujours à leur interlocuteur.
Lola Schulmann, chargée de plaidoyer droits des femmes à Amnesty France
Wendy Galarza dans la cour de l'Ambassade du Mexique en France
Nous avons aussi organisé un rendez-vous avec la représentation du Mexique en France. Cet échange a permis à Wendy Galarza et à Edith Olivares de partager leurs témoignages, de présenter les recommandations et les actions de soutien aux défenseures des droits des femmes que nous mettons en œuvre, en France comme au Mexique.
Nous avons pu présenter notre travail de soutien aux défenseures des droits des femmes, nos rapports de recherche sur le Mexique ainsi que l’importance des relations France - Mexique sur les droits des femmes.
Lire aussi : Notre dernière enquête sur les féminicides au Mexique
Comment préparons-nous ces rendez-vous avec des responsables politiques ?
Ces rencontres ont été préparées en amont par nos équipes à la fois spécialisées sur les questions des droits des femmes et dans les relations extérieures et internationales.
Dans un premier temps, les personnes identifient les cibles les plus intéressantes pour des rendez-vous. Une fois les rendez-vous pris, le temps est à la préparation. Nos chargées de plaidoyer ont travaillé aux côtés de Wendy et de la directrice d'Amnesty Mexique pour identifier quels messages principaux devaient être portés auprès des interlocuteurs français.
Wendy, un cas édifiant pour la presse française
C'était la première fois que Wendy témoignait devant des médias français. Pendant son séjour en France, plusieurs journalistes se sont intéressés à son histoire.
Wendy Galarza et Edith Olivares ont notamment été invitées à RFI, France Culture les a suivies lors de la marche du 20 novembre. Le magazine Causette, le journal Libération, Courrier International ont publié des portraits de la jeune militante dans le cadre de la Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes.
Lire aussi : Portrait de Wendy Galarza par Libération
Lire aussi : Portrait de Wendy Galarza par le magazine Causette
Écouter : Interview de Wendy Galarza par RFI en espagnol
À gauche, Wendy Galarza militante féministe mexicaine et à droite, Edith Olivares, la directrice d'Amnesty Mexique. Elles donnent une interview à RFI dans leur locaux / © Amnesty International
L’écho médiatique de la venue de Wendy en France a eu des répercussions jusque dans les rédactions mexicaines et par ricochet, auprès des autorités du pays qui ont communiqué auprès des familles victimes de féminicides pour leur demander pardon. Ces résultats concrets sont gratifiants et encourageants.
Véronique Tardivel, attachée de presse à Amnesty International France
Nos équipes ont travaillé pour que le cas de Wendy soit rendu plus visible dans la presse française.
Un petit-déjeuner presse a été organisé à Paris. Wendy Galarza était présente avec Edith Olivares et Lola Schulmann, notre chargée de plaidoyer droit des femmes. Pendant cette rencontre, nous avons proposé aux journalistes d'aborder la lutte contre les violences faites aux femmes au Mexique sous l'angle de l'expertise, par la présentation de nos rapports, et sous l’angle du témoignage, par l'histoire de Wendy. Nos équipes ont organisé ces interviews en veillant à ménager Wendy le plus possible.
Wendy Galarza et Edith Olivares parlent de la situation des violences faites aux femmes au Mexique devant des journalistes français lors d'un petit-déjeuner presse organisé au café des Éditeurs à Paris, le 18 novembre / Amnesty International
Des militants accueillants et toujours investis
Lors de sa visite, Wendy a pu rencontrer des militants français en partageant des moments plus conviviaux.
Ce sont aussi ces moments qui font partie d'une tournée : créer des moments de solidarité pour nous donner à toutes et à tous de la force pour poursuivre nos combats.
Camille Dechambre, chargée de campagne à Amnesty International France
Jeudi 18 novembre : après une longue journée marathon entre les rencontres avec des journalistes et les rencontres avec des députés, nous avions préparé une petite surprise à Wendy. Ce soir-là, c’était répétition d'une chorale militante, en amont de la marche du 20 novembre.
La chorale prend place. Wendy est à l'honneur, au centre. La première chanson est française : « L’hymne des femmes ». Wendy ne comprend pas toutes les paroles mais ressent la chaleur et la vigueur militante. La chanson suivante sera mexicaine. C'est notre surprise pour Wendy. Cette chanson, elle la connaît. Toutes et tous ensemble, en rond autour d'un feu, nous allons lui chanter Cancion sin miedo , devenu un véritable hymne féministe mexicain. 3,2,1, « vamos » : elle reconnait immédiatement les premiers mots. L'émotion est forte, l'énergie croissante. Tout le monde entoure Wendy avec beaucoup de bienveillance et de force. Une militante chante sans quitter Wendy des yeux. Une chanson en hommage à son combat. Les mots résonnent : « Si tocan a una respondemos todas ! Justicia ! Justicia ! » (« Si vous en touchez une seule, nous répondons toutes ! Justice ! Justice ! »).
Du Mexique à la France, nos voix étaient unies. Nous avons chanté ensemble pour faire résonner d'une seule voix un même combat : celui contre les violences faites aux femmes.
De jeunes militantes d'Amnesty prennent une photo avec Wendy Galarza et Edith Olivares, lors d'une rencontre organisée à Marseille, le 13 novembre 2021 / ©Marine Perrin - Amnesty International
Après Paris, Wendy est allée à Marseille. Elle y a rencontré des jeunes militants engagés à nos côtés. Devant des lycéens très attentifs, elle a expliqué la situation des femmes au Mexique, la nuit de violence du 9 novembre 2020 qu'elle a vécue à Cancun et son engagement au quotidien dans son mouvement 9N, créé suite à la répression de la police.
Une jeune militante les a remerciées, émue en demandant à Wendy : « Malgré les violences que tu as subies et l’inefficacité de l’état pour rendre justice, comment gardes-tu espoir ? ». Ce à quoi Wendy à répondu, poing levé : « Continuer le combat, avec le sourire, voici notre vengeance. »
Wendy est actuellement en Espagne. Elle reviendra à Paris le 1er décembre pour une conférence publique organisée avec #NousToutes avant de reprendre son vol pour Mexico. Nous espérons que cette tournée européenne permettra à Wendy et à toutes les femmes mexicaines qui ont subi des violences d’obtenir justice.
DEMANDONS JUSTICE POUR WENDY GALARZA !
Parce qu’elle dénonce les violences faites aux femmes et les féminicides, Wendy Galarza a failli elle aussi perdre la vie. Signez notre pétition pour qu'une enquête indépendante soit ouverte et que Wendy reçoive des réparations adaptées.