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URGENCE PROCHE ORIENT

Exigez avec nous la protection sans condition des populations civiles

© Elise Desmars-Castillo d’après © Jim Watson/AFP et Jacquelyn Martin/AP/Sipa

Avortement aux États-Unis : les femmes sacrifiées

La réélection de Donald Trump et son retour à la Maison blanche suscite de nombreuses inquiétudes en matière de droits humains. Nous appelons la prochaine administration américaine à respecter et protéger l’ensemble des droits fondamentaux. Le premier mandat de Donald Trump a été marqué par des politiques ou des actions discriminantes et xénophobes. Les violations des droits des femmes, notamment en lien avec le droit à l’avortement, observées précédemment appellent à la plus grande vigilance. Enquête de La Chronique, notre magazine des droits humains.

Extrait de La Chronique #256 de novembre 2024

— De notre envoyé spécial au Texas et en Arizona, Théophile Simon (texte et photos), et Karen Lajon.

Il y a deux ans, la Cour suprême décrétait que le droit à l’avortement n’était pas constitutionnel. Depuis, 21 États américains ont pris des mesures pour empêcher les femmes d’y avoir recours. Une régression qui impacte doublement les plus défavorisées. Cette atteinte à leur droit a mobilisé une nouvelle génération de militantes qui interpelleront la Maison-Blanche dans les années qui viennent.

Le mardi 10 septembre, devant les caméras d’ABC, les deux candidats à la présidentielle, Kamala Harris et Donald Trump, débattent à couteaux tirés au sujet de l’avortement. La candidate démocrate réaffirme sa volonté de redonner aux Américaines le droit d’interrompre leur grossesse. Le candidat républicain n’est pas à l’aise sur le sujet, il sait qu’il peut lui coûter des voix. Mais il lance quand même, devant des millions de téléspectateurs médusés, que le colistier de la démocrate, Tim Walz, juge « acceptable que des bébés soient exécutés après la naissance ». Kamala Harris dénonce une nouvelle fake news et rappelle aux Américains que c’est Trump, durant son mandat, qui a nommé les trois juges de la Cour suprême ayant mis fin à presque un demi-siècle de droit à l’interruption volontaire de grossesse (IVG).

Lire aussi : Droit à l’avortement aux États-Unis : les conséquences de l’annulation de l'arrêt Roe vs Wade 

C’était le 24 juin 2022 : ces juges abrogeaient l’arrêt Roe vs Wade qui, depuis quarante-neuf ans, sanctuarisait dans la Constitution le droit à l’avortement. Le combat pour supprimer le droit des Américaines à disposer de leur corps avait commencé en 2013, dans l’État historiquement conservateur du Texas, avec une loi restreignant le champ d’action géographique des médecins : le deuxième État le plus peuplé d’Amérique perdait alors plus de la moitié de ses cliniques pratiquant l’avortement. Plus tard, en 2021, le législateur texan interdisait les IVG au-delà de six semaines de grossesse, et limitait les interruptions médicales de grossesse (IMG) aux cas d’extrême urgence. Mais il y avait encore cet arrêt Roe vs Wade, qui protégeait d’une interdiction pure et simple de l’avortement. L’été 2022, c’en est fini : l’arrêt est abrogé.

Fuir pour avorter

Un an et demi plus tard, fin décembre 2023, une jeune Texane de 23 ans, Alexandria Cardenas, fait un test de grossesse : il est positif. La jeune fille fond en larmes. Sa relation amoureuse est trop fraîche, sa santé psychologique chancelante, et sa carrière de puéricultrice vient à peine de commencer : « J’ai réalisé avec horreur qu’il me serait impossible d’avorter ici, au Texas », nous raconte-t-elle, son chat lové sur les jambes, depuis son salon de la banlieue de Houston.

Habitante de Houston (Texas), Alexandria Cardenas, 24 ans, a dû se rendre l’hiver dernier à Los Angeles pour un avortement médicamenteux.

Elle se rend quand même au planning familial de son quartier, où le personnel l’accueille avec un silence gêné. « Ils m’ont dit qu’ils ne pouvaient rien faire pour moi. Même me renseigner sur les différentes options disponibles hors du Texas leur était impossible. » Au cours de l’entretien, le psychologue cesse carrément de prendre des notes alors qu’elle lui explique sa situation. Car les législateurs texans ne se sont pas contentés d’interdire l’IVG : ils ont aussi voté une loi permettant à n’importe quel citoyen de poursuivre en justice une personne suspectée « d’aider ou d’encourager » un avortement. Une définition floue à dessein, conçue pour encourager les chasseurs de primes et terrifier les professionnels de santé. Livrée à elle-même, voyant filer les jours, Alexandria envisage d’acheter une pilule abortive sur le Web. Mais le flou règne, là aussi. À travers tout le pays, les activistes anti-avortement font pression sur les juges et les élus pour prohiber ces cachets. Ils y parviennent au Wyoming en mars 2023, puis au Texas le mois suivant. Les associations dispensant les pilules craignent de tomber sous le coup de la loi et ne répondent plus au téléphone. « La seule solution pour avorter était de quitter le Texas. Je voulais un endroit apaisant, proche de la mer. » Arrivée à Los Angeles, Alexandria doit louer une voiture, prendre une chambre d’hôtel, payer une clinique pour une consultation et des pilules abortives. La facture dépasse l’équivalent de 2 000 euros. De peur que des policiers texans découvrent la transaction, la clinique exige en plus un paiement en espèces. Alexandria se retrouve bientôt seule dans une chambre d’hôtel sans âme, en proie à d’horribles crampes abdominales déclenchées par ses pilules. « Fuir pour avorter est une expérience terrifiante que je ne souhaite à personne. Et encore, j’estime avoir eu de la chance de pouvoir payer le voyage. Des milliers de femmes n’ont pas ce luxe », conclut-elle, la voix brisée. Sans professionnels de santé à qui se confier, de retour chez elle, Alexandria sombre dans une grave dépression.

« Fuir pour avorter est une expérience terrifiante que je ne souhaite à personne »

— Alexandria Cardenas, 23 ans

Les populations marginalisées sont les plus impactées

Depuis la révocation de l’arrêt Roe vs Wade, quatorze États, dont le Texas, interdisent les IVG. Huit autres en restreignent drastiquement l’accès. Résultat, près de 23 millions d’Américaines en âge de procréer – soit une sur trois – ne peuvent plus avorter dans l’État dans lequel elles vivent. Au cours de l’année 2023, au moins 170 000 d’entre elles ont dû, à l’instar d’Alexandria, partir avorter dans un autre État. Ce chiffre devrait encore grimper, car la Floride a récemment abaissé de quinze semaines à six la durée limite de grossesse pour pouvoir pratiquer une IVG. Selon la chercheuse d’Amnesty International USA Jasmeet Sidthu, les États-Unis violent leur obligation en droit international de garantir aux personnes enceintes la possibilité d’interrompre leur grossesse. « L’Amérique traverse une crise sans précédent, ajoute-t-elle, qui impacte de façon disproportionnée les groupes de populations les plus marginalisés. »

Zaena Zamora vit cette crise en première ligne. Depuis 2019, cette travailleuse sociale installée dans la région de Brownsville, à l’extrême sud du Texas, aide les personnes défavorisées à avorter en prenant en charge leurs frais de déplacement ou les honoraires médicaux. Un coup de pouce bienvenu dans cette région ouvrière peuplée à 89 % de Latinos, et où un quart des habitants vit sous le seuil de pauvreté – deux fois et demie plus que la moyenne nationale. Malgré l’immensité des besoins, le nombre de femmes texanes sollicitant les services de Zaena a été divisé par quatre, depuis l’abrogation de Roe vs Wade : « Auparavant, dans notre État, la clinique la plus proche était à deux heures de route. Maintenant, les femmes doivent se rendre au Nouveau-Mexique, à plus de douze heures d’ici, explique la quadragénaire. L’avion n’est pas une option : le prix est exorbitant. Ajoutez à cela la barrière de la langue, la nécessité de s’absenter du travail et de trouver une garde pour ses enfants. Au-delà des obstacles financiers, entreprendre un tel périple est insurmontable pour les plus modestes. De plus en plus de femmes ne peuvent pas se le permettre, et elles baissent les bras. »

Lire aussi : 200 ans de combat pour l'avortement en dates

Ces grossesses non désirées, qui se chiffreraient en dizaines de milliers à l’échelle du pays, ont des répercussions concrètes, pour ne pas dire vitales. Selon deux études des universités du Maryland et du Michigan, la mortalité infantile au Texas a augmenté de 13 % après la loi de 2021 restreignant le recours à l’avortement. L’explication ? L’effondrement du nombre d’avortements médicaux a entraîné une augmentation des naissances d’enfants atteints d’anomalies congénitales, et du nombre des IVG clandestines. L’abrogation de Roe vs Wade devrait encore accélérer la tendance. C’est au Texas que, pour la première fois depuis quinze ans, le nombre de grossesses d’adolescentes augmente. Surtout chez celles issues de minorités.

Dans l’est du Texas, où avorter est interdit, le lycée de Brownsville accueille des lycéennes et leurs bébés.

Cela saute aux yeux au lycée de Lincoln Park, un quartier populaire de Brownsville. C’est ici, à moins d’un kilomètre de la frontière mexicaine, que la proviseure Cynthia Cardenas accueille, chaque matin, 80 lycéennes accompagnées de leurs bébés. Grâce à des horaires et des locaux spécialement ­aménagés, les adolescentes peuvent ici poursuivre leur scolarité en élevant leurs enfants. « Toutes les politiques de l’État convergent pour restreindre l’accès aux droits reproductifs : en plus de l’interdiction de l’IVG, les mineures ne peuvent plus accéder à la contraception sans l’accord préalable de leurs parents, témoigne Cynthia Cardenas en regardant ses élèves, presque toutes d’origine hispanique, descendre d’un bus scolaire avec leurs poussettes. Depuis l’abrogation de Roe vs Wade, nous voyons dans le quartier de plus en plus d’adolescentes enceintes. Et l’État du Texas n’alloue presque aucune ressource pour faire face au problème. »

À Dallas, Anna Rupani dirige l’association Fund Texas Choice, qui aide chaque mois 200 femmes à avorter hors du Texas. Elle met en cause les politiciens qui les privent de leurs droits : « Les deux tiers de ces femmes que nous aidons ont déjà des enfants. 85 % d’entre elles sont racisées(1). Elles ne sont pas de jeunes étourdies, mais des adultes qui renoncent à enfanter pour des raisons le plus souvent financières. Or les politiciens anti-IVG connaissent ces statistiques : ils savent quelles populations seront principalement atteintes par leurs restrictions. Ils se contentent d’en prendre acte. C’est pourquoi je considère que l’interdiction de l’avortement a tout d’une mesure raciste et classiste, s’indigne cette travailleuse sociale de 38 ans. À cause de leur politique, des milliers de femmes vulnérables vont un peu plus s’appauvrir, dans un État où le salaire minimum n’a pas été relevé depuis quinze ans et qui détient le record national du nombre de personnes dépourvues d’une assurance santé. »

Pour ne pas tomber sous le coup de l’interdiction « d’aider ou d’encourager » un avortement, Anna Rupani tâtonne depuis deux ans le long d’une étroite ligne de crête juridique. Chaque trimestre, au gré des nominations et des déclarations de juges locaux, son avocat dresse la liste des villes où l’équipe peut opérer sans trop de risques. Lorsque nous la rencontrons, au printemps dernier, seule la très progressiste ville d’Austin, abritant à peine 3 % de la population du Texas, figure encore dans cette liste. « Notre travail devient de plus en plus en plus risqué. Malgré l’afflux de nouveaux bénévoles depuis deux ans, nous ne pouvons pas aider tout le monde », regrette Anna Rupani, hantée par le cas de ce Texan réclamant en 2023 un million de dollars de dommages et intérêts à trois femmes ayant aidé son ex-compagne à acheter une pilule abortive.

« Je ne reconnais plus le Texas »

Comme huit autres États ayant proscrit l’IVG, le Texas n’a pas prévu d’exception en cas de viol, y ­compris de nature incestueuse. Les chercheurs estiment qu’environ 65 000 Américaines tombées enceintes après un viol n’ont pas pu accéder à une IVG après l’abrogation de Roe vs Wade. Seule exception prévue par la loi texane, les grossesses mettant en danger la vie de la mère. Or le texte est, là encore, si flou qu’il pétrifie les médecins. Lauren Miller en a fait l’horrible expérience. À l’été 2022, cette cadre en entreprise tombe enceinte de jumeaux. L’un des deux fœtus est diagnostiqué d’une trisomie 18. Ses chances de survie sont proches du néant. Une série de complications mettent en danger la vie du fœtus sain et celle de Lauren. Aucun médecin n’ose pourtant endosser la responsabilité d’une réduction fœtale. « Le dernier spécialiste que j’ai consulté a jeté ses gants avec rage et m’a dit : “Vous ne pouvez rien faire de plus au Texas et je ne peux rien vous dire de plus. Vous devez quitter l’État”, raconte Lauren depuis sa vaste maison de la banlieue de Dallas. Heureusement, j’ai eu les moyens de réagir. Je me suis envolée pour le Colorado pour obtenir une interruption médicale de grossesse. »

Les médecins du Texas ont refusé de l’avorter en dépit d’une urgence médicale. Lauren Miller a pu être suivie dans le Colorado et accoucher d’un de ses jumeaux, Henry.

A son retour, Lauren Miller décide de porter son affaire en justice. Elle rejoint un groupe de vingt Texanes demandant à l’État de clarifier les types d’urgence médicale pouvant ouvrir la voie à une IMG. Chacune des plaignantes a vécu une épouvantable tragédie. Amanda Zurawski, la plaignante principale, a frôlé la mort à la suite d’une rupture prématurée des membranes. La loi a empêché ses médecins d’intervenir tant que le cœur du fœtus battait toujours. Elle n’a pu avorter qu’après une septicémie et la perte d’une trompe de Fallope.

Malgré la succession de témoignages insoutenables à la barre, la Cour suprême texane s’est montrée inflexible. Le 31 mai, les neuf juges – tous républicains – ont rejeté la demande des vingt plaignantes. « Je ne reconnais plus le Texas, enrage Lauren Miller. Cet État s’est construit sur une farouche indépendance vis-à-vis du gouvernement fédéral pour finir par se vautrer dans une invraisemblable immixtion dans la vie privée de ses citoyennes. » L’échec judiciaire ne la décourage pas. La jeune maman sillonne les États-Unis pour témoigner. Mi-juin, elle est intervenue devant le Sénat de Washington avant d’être invitée à la Maison-Blanche. En août, elle a participé à la convention du Parti démocrate à Chicago. « L’élection présidentielle de novembre sera cruciale pour le droit des femmes, alors je m’engage. À quoi bon se soucier d’économie, d’inflation ou d’immigration si certaines femmes de votre entourage sont en danger de mort ? », conclut-elle.

Faire basculer la présidentielle

Le drame de Lauren Miller, comme celui de tant d’autres Américaines percutées par l’abrogation de Roe vs Wade, a fait naître une nouvelle génération de militantes féministes. Amirah Coronado et Lexie Rodriguez, 17 ans chacune, en font partie. En ce splendide matin de mai, les deux amies font le pied de grue devant le Sénat de l’Arizona, à Phoenix, un bandana rose dans les cheveux et le poing levé. Autour d’elles, une foule de militants anti-IVG brandissent leurs pancartes dressant un parallèle entre l’avortement et l’Holocauste. L’ambiance est électrique. Chaque camp est venu assister à la mise au vote, par les démocrates, de l’abrogation d’une vieille loi interdisant complètement l’IVG en Arizona. Le texte, datant de 1864, était depuis longtemps oublié et inappliqué, jusqu’à ce que, le 9 avril dernier, les conservateurs le ressuscitent et fassent passer ­l’Arizona d’une interdiction partielle de l’avortement à une interdiction totale. « Les républicains ont déclaré la guerre aux femmes. Hors de question de rester les bras ballants pendant que l’on attaque l’un de nos droits fondamentaux », jurent en chœur Amirah et Lexie.

« Les républicains ont déclaré la guerre aux femmes. hors de question de rester les bras ballants »

— Amirah et Lexie, deux militantes pro-IVG

La coursive réservée aux spectateurs, surplombant l’hémicycle du Sénat, est noire de monde. Les sénateurs votent, puis l’un d’eux proclame, d’un ton solennel : « À 16 voix contre 14, le texte est adopté. La loi de 1864 est abrogée. » Le décompte des voix s’égrène à l’écran et dévoile une surprise. Deux élus républicains ont voté pour avec les démocrates ! Patti O’Neil, la cheffe du Parti démocrate en Arizona, affiche un sourire triomphant. « Les conservateurs comprennent que ces lois anti-IVG risquent de leur coûter l’élection présidentielle de novembre », analyse-t-elle. L’Arizona s’annonce en effet comme l’une des étapes décisives dans la course à la Maison-Blanche, puisqu’il compte parmi les sept swing states (« États clés ») susceptibles de basculer dans un camp ou dans l’autre.

« Pour un avortement sûr et légal » et « L’avortement est un soin de santé » : Amirah Coronado et Lexie Rodriguez posent avec leur slogan devant le Sénat de l’Arizona, le 1er mai 2024.

La fin de Roe vs Wade a transformé la question de l’IVG en un puissant carburant politique à l’échelle nationale. Dans ces swing states, les deux tiers des électeurs estiment que l’avortement doit être autorisé. Parmi les femmes de moins de 45 ans, l’interdiction de l’IVG est le premier sujet d’inquiétude, devant l’économie. Donald Trump a bien senti le danger. Après avoir promis de sanctuariser l’interdiction de l’IVG dans la loi fédérale, l’ex-président fait marche arrière toute. Fin août, il estimait que la limite maximale de six semaines de grossesse pour une IVG était « trop courte ». Aujourd’hui, son programme se borne à s’opposer aux « IVG tardives », sans autre précision.

Kamala Harris, elle, jouit d’une forte crédibilité sur le sujet. La candidate démocrate a promis de faire voter une loi fédérale rétablissant le même niveau de protection que Roe vs Wade. Mais la probable future composition du Congrès lui compliquera la tâche.

Si elle devient présidente des États-Unis, en novembre, les démocrates devraient au mieux pouvoir améliorer l’accès aux pilules abortives et faciliter les déplacements d’un État à l’autre pour pouvoir avorter. L’espoir de rétablir le droit à l’IVG dans toute l’Amérique reste fragile.

1— Se dit d’une personne ou d’un groupe de personnes faisant l’objet de discriminations raciales systémiques.

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