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URGENCE PROCHE ORIENT

Exigez avec nous la protection sans condition des populations civiles

Smoke rises from the site of an Israeli airstrike on the southern Lebanese village of Arnoun on October 17, 2024, amid the continuing war between Hezbollah and Israel.
De la fumée s'élève dans le ciel après une frappe aérienne israélienne dans le village d'Arnoun, au sud du Liban, le 17 octobre, 2024. © AFP
Conflits armés et protection des civils

Liban : des ordres d’évacuation inadaptés d’Israël ont mis en danger des milliers de civil·es libanais·es

Depuis le 8 octobre 2023, le conflit entre le Hezbollah et Israël s'est intensifié, impactant des millions de civil.es libanais·es. Les ordres d’évacuation émis par l'armée israélienne, ont déjà touché un quart du territoire libanais. Notre enquête révèle des défaillances graves dans ces procédures, avec des ordres mal communiqués, peu avant des frappes, mettant des milliers de vies en danger. 

Depuis le 8 octobre 2023, les affrontements entre Israël et le Hezbollah ont fait basculer le sud du Liban dans une crise humanitaire de grande ampleur. En réponse aux attaques croissantes, l’armée israélienne a multiplié les ordres d’évacuation à destination d’environ 118 villes et villages notamment au sud du pays, région particulièrement exposée. Cependant, ces mesures, censées protéger les civil·es, se sont souvent révélées inadaptées, provoquant chaos et confusion.  

Entre l’absence d’itinéraires sûrs et des délais de préavis insuffisants, des milliers de personnes se sont retrouvées prises au piège des violences. Notre enquête, basée sur l’analyse d’ordres d’évacuation et sur des témoignages de civil·es, met en lumière les failles inquiétantes de ces procédures, questionnant leur respect du droit international humanitaire. 

+ 1,2 millionde personnes ont été déplacées au Liban, selon le gouvernement libanais. La majorité a fui au cours des trois dernières semaines
400 000personnes au moins ont franchi la frontière avec la Syrie

Comment avons-nous enquêté ?  

Nous avons examiné plus d’une dizaine d’ordres d’évacuation de l’armée israélienne et interrogé 12 habitant·es qui avaient fui Dahieh après les ordres d’évacuation des 27 et 28 septembre 2024, notamment les quartiers d’Al Laylaki, d’Hay El Sellom, de l’autoroute Hadi Nasrallah et de Burj Al Barajneh. Nous avons aussi interrogé trois habitants de villages situés dans le sud du Liban. 

Notre laboratoire d'analyse de preuves ("Crisis Evidence Lab") a cartographié les zones concernées par les ordres d’évacuation israéliens afin d’analyser les zones touchées par les frappes. 

Enquête sur de nombreux ordres d’évacuation inadaptés, voire trompeurs

Au sud de Beyrouth

Image satellite du quartier d’Al Laylaki, dans le sud de Beyrouth. Le cercle rouge foncé montre la zone indiquée sur la carte publiée par l’armée israélienne sur les réseaux sociaux. Le cercle plus large représente le rayon de 500 mètres concerné par l’ordre d’évacuation. 

Image satellite des quartiers de Burj al Barajneh et d’Al Hadath, dans la banlieue sud de Beyrouth. Les cercles rouge foncé montrent les zones indiquées sur les cartes publiées par l’armée israélienne sur réseaux sociaux. Les cercles plus larges représentent les zones concernées par l’ordre d’évacuation.

Au sud du Liban

Carte des villes et villages concernés par des ordres d’évacuation dans le sud du Liban 

Obligations des parties au conflit pour la protection des civil·es en zone de combat : ce que dit le droit international

Selon le droit international, le Hezbollah et d'autres groupes armés doivent éviter, autant que possible, de placer des cibles militaires (combattants, armes, infrastructures) dans ou près des zones densément peuplées. Cependant, la présence de telles cibles n'exempte pas les forces israéliennes de leur devoir d'éviter les attaques indiscriminées ou disproportionnées et de prendre toutes les précautions pour protéger les infrastructures civiles et les civil·es, y compris ceux qui n'ont pas évacué. En vertu du droit de la guerre, les biens de caractère civil ne sont pas des cibles militaires et ne doivent pas être ciblés.  Y compris, les branches des institutions financières, comme celles du Hezbollah. Ne pas avertir suffisamment à l'avance ou ne pas prendre les mesures nécessaires pour épargner les populations et les infrastructures civiles constitue une violation du droit international humanitaire. 

« Quelle que soit leur efficacité, les ordres d’évacuation ne signifient pas qu’Israël peut traiter comme des cibles les civil·es restés sur place. Les gens qui choisissent de rester chez eux ou qui ne peuvent pas partir parce que des membres de leur famille ont une mobilité réduite en raison d’un handicap, de l’âge ou de toute autre raison demeurent protégés par le droit international humanitaire. Israël doit en toutes circonstances respecter ses obligations aux termes du droit international, notamment en prenant toutes les précautions possibles pour réduire au minimum les dommages causés aux civil·es, où qu’ils se trouvent. »

Agnès Callamard, secrétaire général d'Amnesty International 

« Un missile dans chaque cuisine, une roquette dans chaque garage » : les déclarations inquiétantes des dirigeants politiques israéliens 

Les ordres d’évacuation adressés aux civil·es dans le sud du Liban sont exacerbées par des déclarations de dirigeants politiques et militaires israéliens indiquant qu’ils considèrent la population civile libanaise et les biens à caractère civil du pays comme des cibles légitimes.  

➡️ Ainsi, le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a déclaré le 27 septembre 2024 qu’il y avait « un missile dans chaque cuisine, une roquette dans chaque garage ».  

➡️ Le ministre de l’Éducation a pour sa part affirmé à la télévision le 21 septembre qu’il n’y avait pas de différence entre le Hezbollah et le Liban et que ce pays « serait anéanti ».  

➡️ Le ministre de la Défense avait aussi prévenu en juin 2024 qu’Israël était en capacité de renvoyer le Liban « à l’âge de pierre ».  

Après avoir enquêté ces 12 derniers mois sur les crimes de guerre israéliens à Gaza, nous craignons fortement qu’Israël ne cherche à reproduire la même méthode au Liban, au prix de dommages sans précédents pour la population civile », a déclaré Agnès Callamard.  

Amnesty International appelle les alliés d’Israël, y compris les États-Unis, à suspendre tous les transferts d’armes et toute autre forme d’aide militaire à Israël en raison du risque élevé que ces armes soient utilisées pour commettre ou faciliter de graves violations du droit international. Elle demande aussi la suspension de tous les transferts d’armes au Hezbollah et aux autres groupes armés du Liban 

Agnès Callamard, secrétaire générale d'Amnesty International

Alors que la situation au Liban continue de se détériorer, il est impératif que toutes les parties en conflit, ainsi que la communauté internationale, agissent pour prévenir de nouvelles violations et garantir des voies d'évacuation sûres et efficaces. La vie des civil·es ne peut être sacrifiée au nom d'objectifs militaires. 

Nos demandes à l'État d'Israël

Les ordres d'évacuation doivent inclure des instructions claires et précises pour permettre aux civil·es de s'éloigner des cibles militaires. 

Israël doit respecter le droit international humanitaire en évitant de cibler directement les civil·es, même en présence d’ordres d’évacuation. 

Les évacuations doivent être planifiées à l’avance et donner suffisamment de temps pour permettre aux civil·es de partir en toute sécurité. Les civil·es qui restent sur place, volontairement ou non, doivent continuer à être protégés. 

Israël doit fournir des voies d'évacuation sûres et adaptées, surtout pour les personnes vulnérables (personnes âgées, malades, etc.). 

La diffusion des ordres d'évacuation doit se faire par des moyens accessibles à tous, notamment ceux qui ne suivent pas les informations en ligne. 

Les alliés d'Israël, comme les États-Unis, doivent suspendre tout transfert d’armes en raison des risques d'utilisation pour violer le droit international.

Nous demandons également la suspension des transferts d'armes au Hezbollah et aux autres groupes armés du Liban.