Les frappes aériennes menées par l’armée nationale libyenne mettent en danger des dizaines de personnes détenues à Benghazi.
Des dizaines de personnes qui ont été enlevées et sont retenues captives à Benghazi sont bloquées sous les bombardements, sans pouvoir se mettre à l’abri. Lancer des frappes aériennes en faisant abstraction de leur présence porte atteinte au droit international humanitaire.
Des vidéos pour se protéger
Quelque 130 détenus avaient été enlevés par le groupe armé Ansar al Charia dans la prison militaire de Bouhdima à Benghazi en octobre 2014. La majorité étaient accusés d’être des soldats ou des bénévoles pro-Kadhafi et étaient incarcérés depuis la fin 2011 sans avoir été inculpés ni jugés. Le Conseil consultatif des révolutionnaires de Benghazi a diffusé plusieurs vidéos ces derniers mois, où apparaissent des civils, notamment des enfants et des ressortissants étrangers, demandant la fin des frappes aériennes sur les zones de Benghazi se trouvant sous son contrôle.
Une nouvelle vidéo a émergé, montrant trois hommes faisant partie des quelque 130 personnes enlevées en 2014. Dans cette vidéo, qui marque leur première apparition depuis leur enlèvement, ces hommes demandent la fin des frappes aériennes qui, affirment-ils, ont blessé plusieurs personnes et mettent leur vie en danger. La vidéo a été produite par le Conseil consultatif des révolutionnaires de Benghazi, peut-être dans le but de protéger ses combattants contre les attaques. Un tel comportement porte atteinte au droit international humanitaire, et pourrait constituer un crime de guerre.
Les familles craignent pour leurs proches
Les trois hommes apparaissant dans la vidéo ont été identifiés comme Mousa Abduljawad al Badri, Mohammed Abdallah Atbaiga et Omar Mohamed Ishkal. Si elles ont été soulagées d’apprendre que leurs proches étaient toujours en vie, les familles des trois hommes ont déclaré qu’elles éprouvaient de vives craintes pour leur vie, sachant que les combats se poursuivent dans des zones de Benghazi entre le Conseil consultatif des révolutionnaires de Benghazi et l’armée nationale libyenne.
Nous demandons seulement qu’on les laisse passer en toute sécurité. C’est une demande d’humanité adressée à la communauté internationale. Depuis l’arrestation de mon frère, nos vies sont à l’arrêt, détruites. Mon père est un vieil homme et il n’en peut plus .
a déclaré le frère de Mohammed Abdallah Atbaiga, plaidant pour que celui-ci soit relâché.
Ansar al Charia et d’autres groupes armés devraient libérer tous les civils retenus captifs, et ils ne doivent pas empêcher les civils de fuir vers des zones plus sûres. Les combattants capturés doivent être traités avec dignité et non pas utilisés comme otages ou boucliers humains.
Les combats à Benghazi
Certaines zones de Benghazi ont été réduites à l’état de ruines après le lancement d’une offensive militaire par des forces loyales à l’armée nationale libyenne, dirigée par le général Khalifa Haftar, contre la coalition de milices et de groupes armés connue sous le nom de Conseil consultatif des révolutionnaires de Benghazi en 2014. Deux ans plus tard, les combats se poursuivent, et l’armée nationale libyenne a effectué des frappes aériennes répétées sur des zones de Benghazi se trouvant sous le contrôle de la coalition de milices et de groupes armés dont fait partie Ansar al Charia.
Tous les camps ont commis des atteintes graves aux droits humains et des violations du droit international humanitaire, dont des crimes de guerre. Ils ont perpétré des centaines d’enlèvements, ainsi que des prises d’otages, des actes de torture, des mauvais traitements, des exécutions sommaires de détenus, et des attaques aveugles contre des zones résidentielles.
Des attaques aveugles interdites
Ces dernières semaines, l’armée nationale libyenne a distribué des prospectus recommandant aux civils de quitter le quartier de Ganfouda à Benghazi, qui est contrôlé par Ansar al Charia, dans les 48 heures, promettant de fournir des voies de sortie sécurisées hors de la zone, ce qui a fait craindre de nouvelles attaques. Plus de 400 familles resteraient dans la zone résidentielle de Ganfouda dans le sud-ouest de la ville. Elles manquent de produits de première nécessité tels que de la nourriture et des médicaments, et ne sont pas en mesure de quitter les lieux à cause des affrontements.
Même si Ansar al Charia utilise intentionnellement des détenus comme des boucliers humains, cela ne dispense pas l’armée nationale libyenne de prendre leur présence en considération et de s’abstenir de lancer des attaques disproportionnées ou aveugles, qui sont susceptibles de constituer des crimes de guerre. Ceux qui mènent des attaques doivent prendre toutes les précautions envisageables afin de prévenir ou au moins de limiter les préjudices envers les personnes ne participant pas directement aux affrontements.
Signer la pétition : Il faut suspendre transferts d’armes à l’Arabie saoudite qui mettent en danger la vie des civils au Yémen