La troisième conférence sur le TCA a montré que nous avions raison de continuer notre action de dénonciation quand cela s’impose.
Durant cette semaine de travaux, nous avons mis en avant un certain nombre de situations pays illustrant un certain nombre de transferts irresponsables.
Parmi eux le cas des Philipines. De fait, depuis son arrivée à la présidence il y a un an, Rodrigo Duterte et son administration ont présidé à toute une série de violations des droits humains, intimidé et emprisonné des personnes critiques à leur égard.
Tirant parti de sa position au plus haut niveau de l’État, Rodrigo Duterte a explicitement approuvé la violence qui, dans le cadre de la campagne gouvernementale de lutte contre la drogue, a conduit à des milliers d'exécutions extrajudiciaires, soit davantage que le nombre de personnes tuées sous le régime meurtrier de Ferdinand Marcos, de 1972 à 1981.
Une enquête accablante sur ce pays
En février 2017, notre mouvement avait publié une enquête accablante, qui montrait comment la police en est venue à ressembler à une organisation criminelle, tuant – ou payant d'autres personnes pour tuer – principalement des personnes pauvres soupçonnées de consommation et de vente de drogue, tout en volant les biens des victimes, plaçant de fausses preuves et échappant à toute obligation de rendre des comptes.
Par ailleurs, notre mouvement a relevé avec inquiétude qu’il n'y avait pas eu d'enquête en bonne et due forme sur ces exécutions extrajudiciaires généralisées, qui peuvent s’apparenter à des crimes contre l'humanité. En réponse au rapport d'Amnesty International, le ministre de la Justice des Philippines a affirmé froidement que les personnes tuées ne faisaient pas partie de l'humanité.
En mai, lorsque le bilan des Philippines en matière de droits humains a été examiné dans le cadre de l'Examen périodique universel (EPU) sous les auspices du Conseil des droits de l'homme [ONU], plus de 40 États ont exprimé des inquiétudes au sujet de la vague d'exécutions extrajudiciaires et du projet gouvernemental de rétablissement de la peine de mort pour les infractions liées à la drogue qui constituerait une violation des obligations incombant aux Philippines en vertu du droit international.
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Depuis Amnesty International appelle le gouvernement à inviter le Rapporteur spécial des Nations unies sur les exécutions extrajudiciaires, sommaires ou arbitraires à effectuer une visite officielle dans le pays, et engage le Conseil des droits de l'homme à diligenter une enquête des Nations unies sur la « guerre contre la drogue ».
Jeudi 14 septembre, en pleine session plénière de la conférence des États parties sur le Traité sur le commerce des armes, le délégué des Philippines a pris la parole devant tous les autres États mettant en cause notre travail et disant de nos recherches que tout cela était faux, nous invitant au surplus à ne pas politiser les discussions. Les ONG n’ayant pas le droit de répondre, au terme du règlement de procédure, nous avons glissé une réponse d’Amnesty International dans une déclaration générale qu’il était prévu que la coalition Control arms fasse sur le sujet de l’universalisation.
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En quatre lignes nous avons rappelé le sérieux de notre méthodologie de recherche. Et que nous étions prêts à dialoguer avec le délégué philippin. Quelques temps plus tard, notre proposition a été acceptée. J’ai été approché par la délégation Philippine pour organiser un dialogue dont seule l’avenir dira si les Philippines sont prêts à nous entendre.