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URGENCE PROCHE ORIENT

Exigez avec nous la protection sans condition des populations civiles

Le président de la FIFA, Gianni Infantino (au centre), applaudit lors de la cérémonie de fin du match final de la Coupe du Monde des Clubs de la FIFA 2023 au stade King Abdullah Sports City de Djeddah en Arabie saoudite, 22 décembre 2023 / © Giuseppe CACACE - AFP
Liberté d'expression

Coupe du monde 2034 : un cabinet anglais camoufle les violations des droits humains en Arabie saoudite

Sur la base d'une évaluation biaisée, l’organisation de la Coupe du monde de football 2034 est en passe d’être confiée à l’Arabie saoudite qui affiche un bilan désastreux en matière de droits humains.

La FIFA doit confirmer le 11 décembre l’attribution de la Coupe du monde 2034 à l’Arabie saoudite où les exécutions sont en hausse, les droits des femmes réprimés, et les travailleurs exploités. Pour opérer son choix, la fédération de football va notamment se baser sur l’« évaluation indépendante » du cabinet d’avocats britannique AS&H Clifford Chance sur la situation des droits humains en Arabie saoudite.

Or, cette étude est biaisée. Le document ne contient aucune analyse de fond sur les violations des droits humains du royaume saoudien pourtant recensées par plusieurs organisations et divers organes des Nations unies. À la suite d’une décision de la FIFA et de la Fédération d’Arabie saoudite de football (SAFF), le cabinet d’avocats a exclu de son évaluation le bilan de l’Arabie saoudite concernant plusieurs droits fondamentaux, tels que la liberté d’expression, la discrimination visant les personnes LGBTI+, l’interdiction des syndicats ou les disparitions forcées. Une évaluation qui ne reconnaît pas ces points comme des risques pour les droits humains dans le cadre d’une Coupe du monde en Arabie saoudite perd toute crédibilité. 

Avec 10 ONGs*, nous exprimons notre vive préoccupation au sujet de cette évaluation biaisée et alertons sur les risques de graves violations des droits humains si la Coupe du monde 2034 était organisée en Arabie saoudite.

Risques mortels  

Martha Waithira, originaire du Kenya, est une ancienne employée de maison en Arabie saoudite. Aujourd’hui enquêtrice au sein de l’ONG Equidem, elle dénonce le traitement inhumain dont elle a été victime et que continue de subir des femmes travaillant dans le royaume.

En tant qu’ancienne employée de maison en Arabie Saoudite, je sais que les femmes comme moi sont souvent traitées comme des esclaves. 

Martha Waithira

Régulièrement en contact avec des travailleurs et travailleuses qui vivent des situations terribles en Arabie saoudite, Martha tire la sonnette d’alarme sur le désastre annoncé d’un accueil par le royaume saoudien du plus grand évènement sportif mondial : « Les centaines de milliers de personnes qui devraient arriver en Arabie saoudite pour construire les stades et nettoyer les hôtels avant la Coupe du monde risquent d’être gravement exploitées, et risquent même de mourir. Comment ces réalités ont-elles pu échapper à l’attention d’AS&H Clifford Chance ? » 

Voir : Documentaire - Coupe du monde 2022 : les exploités du Qatar

La responsabilité de la FIFA 

En réaction à l’évaluation biaisée du cabinet d’avocats britannique choisi par la FIFA, Steve Cockburn, responsable du programme Droits du travail et Sport d’Amnesty International déclare « scandaleux » le fait que « la FIFA ait ouvert la voie à une omission des risques aussi flagrante. »  

Les risques graves liés à l’organisation de la Coupe du monde 2034 en Arabie saoudite sont clairs et bien connus.

Steve Cockburn, responsable du programme Droits du travail et Sport d’Amnesty International

Notre organisation a écrit à la FIFA pour qu’elle explique sur quelle base elle avait convenu avec la Fédération d’Arabie saoudite de football (SAFF) de limiter la portée de l’évaluation. Au 25 octobre, la FIFA n’avait toujours pas répondu. Sollicité par l’AFP, un porte-parole de la FIFA a souligné que ce rapport avait été commandé par le comité d’organisation de la candidature saoudienne - une étape désormais obligatoire -, et non par la FIFA.

Le royaume de la répression  

Depuis l’arrivée au pouvoir du prince héritier Mohamed Ben Salmane, la situation des droits humains s’est considérablement détériorée. Nous avons recensé l’ensemble de ces violations dans un rapport intitulé « Arabie saoudite : royaume de la répression » publié en 2024. La population saoudienne est soumise à une répression sans précédent de la liberté d’expression, des activités ou féministes sont condamnées à de lourdes peines de prison pour avoir émis des critiques envers les autorités sur les réseaux sociaux. Les exécutions, prononcées pour un vaste éventail d’infractions, ont atteint un niveau record en 2022 des niveaux records : 196 personnes ont été exécutées en 2022, 172 personnes en 2023.

Campagne de blanchiment d’image  

En 2017, le ministère saoudien de l’Information a lancé une campagne mondiale « pour promouvoir le nouveau visage de l’Arabie saoudite auprès du reste du monde et améliorer la perception internationale du royaume. » Dans les terrains massivement investis : le sport où le royaume a dépensé des milliards de dollars. Parmi les célébrités accueillies dans le royaume, Cristiano Ronaldo. Le joueur de football portugais a signé un contrat avec l’Arabie saoudite pour jouer au club Al Nassr. Une campagne de blanchiment d’image pour donner l’illusion d’un pays transformé. L’un des objectifs : détourner le regard d’un bilan calamiteux en matière de droits humains.  

Lire aussi : Acheter le silence du monde avec une campagne de blanchiment d’image

Le sportwashing a ses limites. Pour accueillir la Coupe du monde sans donner lieu à des violations massives des droits humains, l’Arabie saoudite doit procéder à de profondes réformes.  

Sans réformes et sans prise en considération par la FIFA des risques de violations des droits humains en Arabie saoudite, des opposants seront arrêtés, des femmes et des personnes LGBT seront victimes de discrimination, des travailleurs seront exploités à grande échelle. La FIFA doit s’efforcer d’obtenir une évaluation digne de ce nom et une véritable stratégie en matière de droits humains, faute de quoi sa compétition phare sera ternie par de graves violations. La balle est dans leur camp. 

*Liste des ONGs pointant la défaillance de l'évaluation indépendante concernant les droits humains sur la candidature de l’Arabie saoudite pour la Coupe du Monde 2034 

ALQST for Human Rights 

Amnesty International 

Centre du Golfe pour les droits humains (GCHR) 

Equidem 

FairSquare 

Football Supporters Europe 

Human Rights Watch 

Internationale des Travailleurs du Bâtiment et du Bois (IBB) 

Middle East Democracy Center 

Migrant-Rights.org 

The Army of Survivors 

Agir

Une Saoudienne en prison pour des tweets

Manahel al Otaibi, professeure de fitness de 29 ans, a été arrêtée à la suite d'une publication sur les réseaux sociaux de photos d'elle sans abaya dans un centre commercial.

Elle a été condamnée à 11 ans de prison par les autorités qui ont jugé sa tenue d' «indécente». Une condamnation ubuesque qui illustre le niveau de répression du régime saoudien. Signez notre pétition pour sa libération !