Notre premier documentaire de 52 minutes, « Présumé coupable » donne la parole aux personnes qui se sont retrouvées devant la justice pour avoir simplement manifesté pacifiquement. Nous sommes allés à leur rencontre.
Youtube interdit Présumé coupable aux - de 18 ans
Youtube a interdit « Présumé coupable » aux - de 18 ans.
Cette interdiction pénalise considérablement la visibilité de notre documentaire, nécessaire pour alerter sur les violations des droits des manifestants pacifiques en France. Nous ne comprenons pas les raisons. C’est la 2ème fois qu’une de nos vidéos sur le maintien de l’ordre en France fait l’objet d’une limite d’âge par la plateforme.
Il reste disponible en intégralité sur nos réseaux :
En France, ces dernières années, la répression des manifestations est d'une ampleur inédite. Nous l’avons documenté, de nombreux manifestants pacifiques se retrouvent dans le viseur des autorités. Nous l'avions analysé en septembre 2020 lors de notre enquête « Arrêtés pour avoir manifesté ». À cette date, nous lancions l'alerte sur la stratégie dite de « judiciarisation du maintien de l’ordre ».
Un an après, Présumé coupable réinterroge le sujet en donnant la parole aux victimes. Les témoignages sont ponctués par l’analyse d’experts et d’avocats. Un documentaire important qui, nous l'espérons, saura replacer au cœur de la réflexion et des débats la protection de ce droit fondamental qu'est notre droit de manifester.
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52 minutes d’alerte
40.000 : c'est avec ce chiffre que s'ouvre le documentaire. Lors de la crise des Gilets jaunes, 40.000 personnes ont été abusivement condamnées en France. L'un des problèmes majeurs que nous dénonçons, c'est le fait que des manifestants, qui n'ont pourtant commis aucune violence, soient interpellés, placés en garde à vue et parfois même poursuivis et condamnés.
Le documentaire alerte sur des lois françaises qui sont utilisées comme des armes de répression contre des manifestants. Cette stratégie dite de « judiciarisation du maintien de l’ordre » est présentée comme visant à « arrêter des « casseurs ». Et pourtant, elle conduit à l'arrestation de manifestants pacifiques. Tant que ce cadre juridique existera, le droit de manifester sera menacé en France.
La gestion des manifestations devrait être un équilibre entre maintenir un ordre public et faciliter le droit de manifester. Sauf qu’aujourd’hui, c’est l’ordre qui a pris le dessus.
Anne-Sophie Simpere, chargée de plaidoyer libertés à Amnesty International France.
La parole aux victimes
Pendant plusieurs mois, nous avons sillonné la France à la rencontre de celles et de ceux qui se sont retrouvés dans une spirale judiciaire infernale, pour avoir manifesté.
Les témoins de Présumé coupable sont emblématiques de la répression des manifestants pacifiques en France.
Frédéric Vuillaume, syndicaliste de Besançon, Odile Maurin, militante toulousaine, Brice Ivanovic, journaliste français basé à Paris et Lara, mère d'un manifestant mineur : tous ont subi des arrestations arbitraires, le stress des gardes à vues et pour certains, des poursuites judiciaires.
Ivanovic
Vuillaume
Morin
La parole aux experts
Pour analyser les situations de nos quatre témoins, nous avons donné notamment la parole à Anne-Sophie Simpere, notre chargée de plaidoyer, spécialiste des questions liées au droit de manifester. Ces témoins, elle les connaît : pour notre dernière enquête « Arrêtés pour avoir manifesté », elle a analysé chacun de leur cas.
Dans le documentaire, nous donnons également la parole à deux avocats : Raphaël Kempf et Alice Becker. Ces dernières années, ces avocats du barreau de Paris ont passé une large partie de leur temps dans les locaux de garde à vue et en comparution immédiate pour rencontrer des personnes arrêtées dans une manifestation.
Raphaël Kempf et Alice Becker, avocats au barreau de Paris dans le documentaire Présumé coupable / © Amnesty International
En France, on peut partir en garde à vue simplement pour s’être rendu à une manifestation.
Raphaël Kempf, avocat pénaliste au barreau de Paris.
En cinq ans, j’ai pu voir comment la police et le parquet se sont radicalisés dans l'utilisation des dispositifs légaux et procéduraux pour limiter le droit de manifester d’un grand nombre de personnes.
Alice Becker, avocate au barreau de Paris.
La parole aux réalisateurs
Présumé coupable est le fruit du travail de nos deux réalisateurs, Arnaud Constant et Nicolas Thomas. Pourquoi avoir choisi le droit de manifester pour ce premier 52 minutes ? Pour Arnaud et Nicolas, ce sujet réclamait davantage de temps de développement et d'exposition.
Les violences policières ont déjà été expliquées et montrées sous de multiples formats. Ici, il s'agissait de traiter d'une réalité beaucoup moins visible : celle de la garde à vue et des comparutions immédiates. Une réalité bien plus complexe à mettre en image.
Arnaud Constant et Nicolas Thomas, réalisateurs du documentaire
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Ce documentaire aura demandé en tout six mois de travail. Ce qu’Arnaud Constant et Nicolas Thomas ont mis en image, les a réellement marqués. En étant au plus près des témoins, ils racontent avoir ressenti, eux-aussi, une certaine pression de la part des autorités : « Il s'agit du seul tournage où nous avons été contrôlés par les forces de l'ordre, et cela, dans deux villes différentes. Il nous arrive souvent de prendre des images d'illustration de commissariat ou de palais de justice. Jamais, nous n'avions fait l'objet d'un contrôle. Cette fois-ci, en compagnie de Frédéric Vuillaume à Besançon ou d'Odile Maurin à Toulouse, nous avons été contrôlés. À notre grand étonnement ! ».
Leur vécu sur le terrain permet de mettre en lumière la réalité de la situation de ces figures locales du militantisme qui sont inquiétées par les forces de l'ordre.
Image du tournage de Présumé coupable avec Odile Morin, militante toulousaine, 2020 / © Amnesty International
Avec notre documentaire Présumé coupable, nous souhaitons à nouveau alerter sur l’instrumentalisation de certaines lois qui sont utilisées pour cibler des manifestants pacifiques. Les arrestations, les poursuites et les amendes arbitraires ont profondément affecté les manifestants, parfois jusqu'à les dissuader de retourner manifester.
Notre documentaire rappelle aussi à quel point il est important de protéger notre droit de manifester. Car, ne l'oublions pas, une grande partie de nos droits ont été obtenus grâce à la manifestation. C’est pour cela qu’ensemble, nous continuerons de protéger notre droit de manifester.
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