Des centaines de réfugiés syriens ont vu leur permis de séjour révoqué par les autorités danoises. En dépit du fait qu’ils risqueraient d’être torturés, soumis à des disparitions forcées et à des détentions arbitraires en cas de renvoi en Syrie.
Au moins 380 personnes réfugiées, dont des enfants, ont été informées par les services d’immigration danois du fait qu’elles devraient retourner en Syrie. En effet, le Danemark considère désormais que Damas et ses environs sont des “zones sûres”. Leur protection temporaire et, par conséquent, leur permis de séjour ont été révoqués. Nombre de ces personnes attendent toujours la décision définitive en appel concernant leur affaire.
La décision du Danemark de qualifier la Syrie de « pays d’origine sûr » est contraire à l’évaluation des experts internationaux sur la Syrie et du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR).
Un risque d'expulsion imminent
Selon nos informations, au moins 39 personnes auraient reçu une décision définitive et risquent d’être expulsées dès que le Danemark rétablira les relations diplomatiques avec le régime syrien. Alors qu’ils ont fui une zone de guerre, ces personnes sont maintenant confrontées à la perspective inquiétante d’un retour “volontaire” en Syrie, ou d’un placement dans un centre de retour dans l’attente de leur expulsion. « Le sort de centaines d’autres personnes reste inconnu », a déclaré Nils Muižnieks, directeur pour l’Europe à Amnesty International.
Dans les centres de retour, les personnes réfugiées ne sont pas autorisées à travailler ni à continuer leurs études. En raison de leur situation migratoire irrégulière, elles ne sont pas non plus éligibles aux aides sociales de l’État.
Une volonté politique dangereuse
Entre le 1er janvier 2020 et le 1er avril 2021, le Danemark a révoqué le permis de séjour d’au moins 380 réfugiés syriens ou n’a pas renouvelé leur permis de séjour auprès des services d’immigration danois. Ces personnes ont reçu l’instruction de retourner dans des « zones sûres » en Syrie.
Il est invraisemblable que les autorités danoises puissent considérer que certaines parties de la Syrie, pays dans lequel des personnes sont régulièrement arrêtées, soumises à des disparitions et torturées, soit un endroit où l’on peut renvoyer en toute sécurité des personnes.
Nils Muižnieks
Aucune expulsion n’a été menée pour l’instant en raison de l’absence de relations diplomatiques. Les personnes concernées doivent rester dans des centres de retour jusqu’à la reprise des expulsions, ou jusqu’à ce qu’elles décident de retourner « volontairement » en Syrie.
La Syrie n'est pas une « zone sûre »
Nos recherches montrent que les civils qui sont retournés dans des zones contrôlées par le gouvernement en Syrie, notamment à Damas, ont dû se soumettre à une procédure d’ « habilitation de sécurité ». Cette dernière comprend un interrogatoire par les forces de sécurité syriennes. Amnesty International considère que ces forces de sécurité sont responsables d’atteintes aux droits humains et de violences généralisées constituant des crimes contre l’humanité. Et notamment des actes de torture, des exécutions extrajudiciaires et des disparitions forcées.
Les forcer à retourner en Syrie, même indirectement, les soumettrait au risque d’être victimes de torture et d’autres graves violences et constituerait une violation du droit international.
Nils Muižnieks.
Les autorités danoises doivent revenir sur cette décision inacceptable et cesser de prendre pour cible des personnes déjà forcées à fuir et à quitter leur domicile et leur famille !
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