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URGENCE PROCHE ORIENT

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Technologies de surveillance en France : ils sont inquiets, ils témoignent  

Légalisation de la vidéosurveillance algorithmique, expérimentations de la reconnaissance faciale… le déploiement de ces solutions technologiques interpelle autant qu’il inquiète. Rencontres et témoignages avec nos militants qui sensibilisent sur le terrain pour faire comprendre les menaces de ces technologies sur nos droits.

« Vous savez que vous êtes un cobaye ?  » lance Gilles à un passager de la gare Saint-Charles à Marseille. À l’occasion de l’arrivée de la flamme olympique dans la cité phocéenne, nos militants sont mobilisés pour sensibiliser au déploiement des technologies de surveillance en France. Pourquoi cobaye ? Dans le cadre des Jeux olympiques, la France a légalisé la vidéosurveillance algorithmique, une technologie intrusive déjà testée dans la gare Saint-Charles. Des mesures prises à titre expérimentale mais qui risquent de se pérenniser.  

Si nos militants ont souhaité sensibiliser sur le sujet en suivant le parcours de la flamme olympique dans toute la France, c’est parce que les technologies de surveillance en France les questionnements et les inquiètent. Leurs témoignages viennent nous interroger collectivement sur le modèle de société que nous souhaitons. 

Quatre raisons d'alerter

1. L’acceptation de ces technologies 

Nombreux sont nos militants à être préoccupés par la vitesse à laquelle se déploie les technologies de surveillance en France. « Le fait que ces technologies soient aussi facilement acceptées m’interroge grandement. » exprime Ludovic, militant du groupe d’Amnesty International à Marseille. La résignation aurait-elle pris le pas face à la course effrénée aux technologies de surveillance ? C’est une des questions qu’il se pose.

Lorsqu’il tracte à Marseille sur le sujet, il tente de faire prendre conscience qu’avec ces technologies «  On risque de perdre des libertés de façon insidieuse. » Et parmi ses principales inquiétudes  : « l’absence de débat public » sur le sujet. En effet, la France a légalisé la vidéosurveillance algorithmique à l’occasion des JO en procédure accélérée, sans véritable débat public. Sensibiliser, créer du débat, interpeller c’est justement l’objectif que se sont fixés nos militants déployés en région.

Ludovic
Ce qui m’inquiète le plus, c’est que ces technologies soient aussi facilement acceptées. 
Guilaume
Ce qui m’inquiète le plus, c’est notre traçabilité en permanence à chaque fois qu’on sera dans l’espace public
Mohamed
Ce qui m’inquiète le plus avec la reconnaissance faciale, c’est de basculer vers le rejet de l’autre

2. Demain dans quelles mains se retrouveront ces outils 

Gilles est militant d’Amnesty International depuis 1993. « Certains outils technologiques peuvent être merveilleux mais ils peuvent aussi être terriblement dangereux. » alerte t-il. Tract à la main, devant la gare Saint-Charles à Marseille, il confie ses peurs : « Ce qui m’inquiète le plus, c’est de ne pas savoir dans quelles mains demain ces technologies pourront se retrouver. » Une inquiétude partagée par Guillaume, 23 ans, militant d’Amnesty à Montpellier. Sur le stand de sensibilisation d’Amnesty International  - déployé sur le parcours de la flamme olympique - Guillaume a souvent eu à répondre à la phrase « Je n’ai rien à cacher ». « Aujourd’hui » répond-il instantanément « Aujourd’hui tu n’as rien à cacher. Mais n’oublies pas qu’un gouvernement, ça peut changer » assène notre jeune militant.

Voir : "Dans leurs yeux" : notre court métrage qui imagine les dérives de la reconnaissance faciale en France

Depuis la gare Saint-Charles, Gilles illustre ses propos sur les technologies de surveillance en France avec des images très concrètes : « Imaginez. Si demain vous participez à une manifestation pour vous opposer à un projet d’un nouveau gouvernement, vous pourriez être être reconnu et inquiété ». Gilles avertit : « Il faut savoir se projeter vers l’avenir ! » 

3. Le narratif sécuritaire  

Plusieurs dirigeants et hauts responsables politiques n'ont eu de cesse d’affirmer : « La sécurité c’est la première des libertés. ». La première des libertés ne serait-elle pas plutôt de les faire respecter ? s’interroge Mohamed qui porte les sujets liés aux libertés individuelles aux côtés d’Amnesty International depuis plus de 30 ans. « Nous sommes évidemment pour une bonne sécurité tout en protégeant nos libertés ». La voix plus basse, il ajoute «les libertés sont tellement fragiles. ». Mohamed tient à être bien clair : « Je ne suis pas contre le progrès, je suis contre l’utilisation abusive qui peut parfois en être faite. » Convaincu et convaincant il ajoute « La liberté ne rejette pas la technologie ! » 

Anaelle
Ce qui m’inquiète le plus, c’est que les personnes déjà discriminées au quotidien le soient encore plus avec la reconnaissance faciale.
Gilles
Ce qui m’inquiète le plus, c’est le fait de ne pas savoir dans quelles mains demain ces technologies pourront se retrouver. 
Léo
Ce qui m’inquiète le plus, c’est la propension qu’on a à dissocier liberté et sécurité comme si on ne pouvait pas avoir l’un et l’autre.

La reconnaissance faciale, l’arrivée d’une dystopie  

« La mise en place de la reconnaissance faciale c’est ma première peur » expose Gilles avec gravité. « Une peur viscérale » précise-t-il. Lorsqu’il convoque son imaginaire sur le sujet, 1984 de George Orwell s’invite dans la discussion. « Dans Big Brother au moins il avait un petit coin où il pouvait se cacher, où il n’était pas contrôlé, tandis que là, on serait contrôlé partout, tout le temps. » Pour Ludovic, lui aussi militant à Marseille, la reconnaissance faciale c’est « le fichage de l’ensemble de nos activités ». Il craint notamment pour la protection des données. « Aujourd’hui, on a fort heureusement un encadrement européen, le RGPD, qui protège nos données. Mais avec la reconnaissance faciale, c’est infiniment plus compliqué de mettre en place ce genre de protection ! » 

Lire aussi : 9 questions pour comprendre les dangers de la reconnaissance faciale

À Montpellier, Guillaume, 24 ans, interpelle les jeunes de son âge : « Est-ce que t’as envie que l’Etat soit ton stalkeur ? » Il invite un jeune couple en balade à la réflexion : « Là, avec reconnaissance faciale on connaîtrait votre identité, on saurait que vous êtes en couple, on connaîtrait votre vie privée. Ca ne vous poserait pas problème ? » Son but : faire prendre conscience aux gens que « la vie privée peut leur échapper ». 

L'importance d’ouvrir le débat et d’interpeller les élus

Comme le pointait Ludovic, il n’y a pas eu de véritable débat public avant que la France ne légalise la vidéosurveillance algorithmique à l’occasion des Jeux olympiques. « Alors ce débat, il va falloir le créer ! » affirme t-il.

Le groupe de militants d’Amnesty Marseille prévoit déjà de rencontrer leurs élus locaux. « J’aimerais les interpeller en prenant l’exemple de la ville de Montpellier » explique Ludovic. En octobre 2022, la ville de Montpellier a fait un vœu municipal explicitant que la ville refusait la reconnaissance faciale. La seule ville de France à avoir pris cette décision. « Ce serait important que d’autres villes suivent le pas. C’est ce que je compte demander à mes élus à Marseille ». Montpellier aujourd’hui, Marseille et d’autres villes demain ? « C’est comme ça que le sujet du déploiement des technologies de surveillance en France deviendra un débat national. Et si le débat est lancé, ce sera déjà une belle victoire ! ! » affirme Ludovic. Mohamed conclue : « Avec cette campagne, Amnesty fait un formidable travail d’anticipation et d’éveilleur de conscience. On ne pourra pas dire que l’on ne savait pas. » 

Lire aussi : Voici comment vous mobiliser pour demander l'interdiction de la reconnaissance faciale

Et si l’interdiction de la reconnaissance faciale était la véritable épreuve des jeux olympiques ? Notre campagne vise à sensibiliser sur un sujet majeur qui nous concerne toutes et tous. Une campagne pour donner des moyens d’agir afin de refuser le déploiement généralisé de technologies de surveillance. Une campagne qui appelle à l’instauration d’une loi visant à interdire la reconnaissance faciale à des fins d’identification dans l’espace public. Et notre meilleur levier pour y arriver : la mobilisation citoyenne !   

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