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URGENCE PROCHE ORIENT

Exigez avec nous la protection sans condition des populations civiles

La jeunesse asiatique

leader de la contestation

Répression des manifestations de Hong Kong © Anthony Cole

En Asie, la liberté d’expression et de réunion pacifique sont durement attaquées. Alors, sur tout le continent, la jeunesse s’est mobilisée en réaction au durcissement de la répression. Avec succès dans certains cas.

Notre nouveau rapport régional "Human rights in Asia Pacific : review of 2019", extrait de "Droits humains dans le monde : retour sur 2019", examine la situation des droits humains en 2019 dans 28 États de la région Asie-Pacifique. En 2019, cette région a été marquée par la lutte de toute une nouvelle génération de militants et militantes contre la violente répression visant la dissidence, les campagnes toxiques orchestrées sur les réseaux sociaux et la censure politique généralisée.

Alors que les gouvernements à travers le continent s’efforcent d’attaquer les libertés fondamentales, les citoyens se mobilisent – et les jeunes sont en première ligne de la lutte.

La résonance des manifestations de Hong Kong

A protester wears a Guy Fawkes mask at a Human Rights Day march in the district of Causeway Bay in Hong Kong, China December 8, 2019. REUTERS/Laurel Chor

Un manifestant porte un masque de Guy Fawkes lors de la marche pour les droits humains à Hong Kong, 8 2019. © REUTERS/Laurel Chor

La Chine et l’Inde, les deux grandes puissances d’Asie, ont donné le ton de la répression dans la région en rejetant ouvertement les droits humains. Le soutien de Pékin au projet de loi sur l’extradition à Hong Kong, texte conférant au gouvernement local le pouvoir de transférer des suspects vers la Chine continentale, a suscité un mouvement de protestation d’une ampleur sans précédent sur le territoire.

Depuis le mois de juin, une partie de la population de Hong Kong descend régulièrement dans les rues pour réclamer le respect de l’obligation de rendre des comptes face aux méthodes brutales de maintien de l’ordre. Elle dénonce notamment l’utilisation injustifiée de gaz lacrymogènes, les arrestations arbitraires, les agressions physiques et les atteintes aux droits humains en détention. Cette lutte contre l’ordre établi a fait ricochet sur tout le continent.

En Inde, des millions de personnes ont contesté une nouvelle loi discriminatoire à l’égard des musulmans et manifesté pacifiquement. En Indonésie, des citoyens et citoyennes se sont rassemblés pour protester contre la promulgation par le Parlement de plusieurs lois menaçant les libertés publiques. En Afghanistan, les manifestants se sont mis en danger pour exiger la fin du conflit qui sévit de longue date dans le pays. Au Pakistan, le Mouvement pour la protection des Pachtounes (PTM), mouvement non violent, a défié la répression étatique pour se mobiliser contre les disparitions forcées et les exécutions extrajudiciaires.

Lire aussi : En Asie, un nationalisme intolérant contre les minorités

La dissidence se heurte à la répression

An anti-extradition bill demonstrator receives medical attention after riot police fire tear gas after a march to call for democratic reforms, in Hong Kong

Un manifestant contre le projet de loi anti-extradition reçoit des soins médicaux après que la police anti-émeute a tiré des gaz lacrymogènes à Hong Kong © REUTERS / Tyrone Siu

Les contestations et la dissidence pacifiques ont fréquemment fait l’objet de représailles de la part des autorités. Les manifestants ont été confrontés aux arrestations et à l’incarcération au Viêt-Nam, au Laos, au Cambodge et en Thaïlande, les gouvernements répressifs en Asie du Sud-Est ayant pris diverses mesures pour réduire au silence leurs opposants et museler les médias.

En Indonésie, plusieurs personnes ont trouvé la mort lorsque la police a réprimé des manifestations en faisant usage d’une force excessive. Pourtant, les autorités n’ont pas fait grand-chose pour amener les responsables présumés à rendre des comptes. Aucun policier n’a été arrêté ni aucun suspect identifié.

Au Pakistan et au Bangladesh, des militants et des journalistes ont été pris pour cibles par des lois draconiennes qui restreignent la liberté d’expression et sanctionnent la dissidence en ligne.

Et à Hong Kong, pour écraser les manifestations pacifiques, la police a employé des méthodes dangereuses sans discrimination, notamment la torture en détention. Les demandes d’ouverture d’une enquête digne de ce nom sur la conduite des forces de l’ordre n’ont toujours pas été entendues.

Les manœuvres des autorités visant à écraser toute forme de critique et à bâillonner la liberté d’expression s’avèrent tout aussi impitoyables qu’imprévisibles. Les personnes osant s’exprimer contre ces gouvernements répressifs en paient souvent le prix fort.

Les autorités répondent aux habitants de la région Asie-Pacifique que leurs aspirations à des sociétés plus équitables sont fantaisistes, qu’il est impossible de remédier aux inégalités économiques, que le réchauffement climatique est inexorable et les catastrophes naturelles inévitables. Surtout, la population s’entend dire que remettre en cause ce discours ne sera pas toléré.

Contre toute attente… des avancées

© REUTERS/Pichi Chuang

Les personnes qui dénoncent ces atrocités sont régulièrement sanctionnées, mais leur mobilisation a fait bouger les lignes. Dans de nombreux cas, les initiatives visant à faire progresser les droits humains en Asie se sont avérées payantes.

À Taïwan, le mariage entre personnes de même sexe est devenu légal, grâce au travail de campagne soutenu mené par les militants. Au Sri Lanka, des avocats et des militants ont mené avec succès une campagne contre la reprise des exécutions.

Le Brunéi Darussalam a été contraint de faire marche arrière quant à l’application de lois rendant l’adultère et les relations homosexuelles passibles de lapidation.

Le gouvernement pakistanais a promis de lutter contre le dérèglement climatique et la pollution de l’air et, pour la première fois, deux femmes ont été nommées juges pour siéger à la Cour suprême des Maldives.

À Hong Kong, la force de la contestation a contraint le gouvernement à retirer le projet de loi sur l’extradition. Pourtant, l’obligation de rendre des comptes étant bafouée pour les violences infligées aux manifestants depuis des mois, la lutte continue.

En 2019, en Asie, les personnes qui manifestaient ont été blessées, mais pas brisées. Elles ont été muselées, mais pas réduites au silence. Et ensemble, elles ont adressé un message de résistance aux gouvernements qui continuent de bafouer les droits humains dans le but de consolider leur mainmise sur le pouvoir.

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