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URGENCE PROCHE ORIENT

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Portrait de Justyna Wydrzyńska
Portrait de Justyna Wydrzyńska, fondatrice du collectif Abortion Dream Team, © Grzegorz Zukowski
Droits sexuels et reproductifs

Condamnée pour avoir aidé une femme à avorter en Pologne

Justyna Wydrzyńska est harcelée par les autorités polonaises pour son combat en faveur d’un avortement légal et sûr. Le 14 mars 2023, elle a été condamnée à huit mois de travaux d’intérêt général pour avoir aidé une femme à avorter. Le 13 février 2025, la cour d'appel a rejeté « dans son intégralité le jugement contesté » Voici son histoire, emblématique de la répression du droit à l'avortement en Pologne.

Le 14 mars 2023, Justyna Wydrzyńska avait été condamnée pour avoir aidé une femme victime de violences à avorter en Pologne. Elle avait écopé de huit mois de travaux d’intérêt général pour complicité. A la suite de son appel, la cour a ordonné, le 13 février 2025, un nouveau procès. La raison : Justyna n’a pas bénéficié d’un procès équitable en première instance. Grâce à cette décision, le bureau du procureur pourrait retirer les accusations retenues contre elle. 

Ces poursuites judiciaires contre Justyna créent un dangereux précédent dans un pays où l'avortement est presque totalement interdit, ce qui met en danger des milliers de personnes chaque année.

Lire aussi : Droit à l’avortement en Pologne : où en est-on aujourd’hui ?

L’affaire de Justyna Wydrzyńska est révélatrice du harcèlement que peuvent subir les militantes et militants pour le droit à l’avortement en Pologne, et du climat de plus en plus hostile dans lequel elles et ils se mobilisent pour la défense de ce droit.  

Que lui reprochent les autorités ?  

Justyna Wydrzyńska est l’une des fondatrices d’Abortion Dream Team, un collectif qui fait défend le droit à l’avortement et propose des conseils et des informations médicales. Depuis quelques années, les activités de ce collectif sont dans le collimateur des autorités polonaises. Ses militantes sont exposées à des campagnes diffamatoires et de harcèlement. 

 Le 22 novembre 2021, Justyna est à son tour ciblée par les autorités. Après une perquisition effectuée à son domicile, le procureur de Varsovie l’accuse d’avoir aidé une personne à avorter en lui fournissant des médicaments.  

Son procès, reporté à plusieurs reprises, s’est soldé par une condamnation le 14 mars 2023.  

Justyna offre un accompagnement vital aux personnes qui doivent avorter  

Pourtant, elle a simplement effectué son travail. Son collectif fait partie d'Avortement sans frontières, un réseau militant féministe qui fournit des informations, des conseils, des fonds et un soutien pratique aux personnes qui, en Pologne, ont besoin d'avorter à l'étranger ou d'obtenir des médicaments abortifs pour interrompre une grossesse à domicile, en toute sécurité. Pratiquer un avortement autogéré ne constitue d’ailleurs pas une infraction en Pologne.  

L’accompagnement que fournit Justyna Wydrzyńska est vital. Mais, au lieu de valoriser son travail et de le reconnaître d’utilité publique, les autorités polonaises la harcèlent comme bon nombre de militantes et de militants dans le pays. 

Grâce à vous, j’ai la force d’affronter cette affaire. Grâce à vous, je sais que je ne suis pas seule. L’émotion me coupe le souffle.  

Justyna aux militant.es qui se sont mobilisé.es pour elle pendant toute la durée de son procès 

En Pologne, la loi sur l'avortement compte parmi les plus restrictives d'Europe   

Si de nombreux militants et militantes continuent à se mobiliser pour le droit à l’avortement en Pologne, c’est parce qu’ils voient la loi polonaise se durcir année après année. Jusqu’en octobre 2020, les motifs étaient déjà limités, mais il était encore possible d’avoir recours à un avortement légal en cas de malformation grave ou mortelle du fœtus. C’est terminé.

Jusqu’en octobre 2020, les motifs étaient déjà limités, mais il était encore possible d’avoir recours à un avortement légal en cas de malformation grave ou mortelle du fœtus. C’est terminé.

Le 27 janvier 2021, la décision de la Cour constitutionnelle polonaise est entrée en vigueur et a statué que ce motif était contraire à la Constitution. Plus de 90 % des 1  000 avortements légaux pratiqués chaque année dans le pays l’étaient pour ce motif, avant l’entrée en vigueur de cet arrêt. L’avortement reste légal pour seulement deux motifs : lorsque la grossesse met en péril la vie ou la santé d'une femme enceinte et lorsqu'elle résulte d'un viol ou d'un inceste. Cette restriction drastique du droit à l’avortement est dangereuse. Elle a déjà coûté la vie à plusieurs femmes dans le pays.