Le 17 avril 2023, un tribunal de Moscou a déclaré Vladimir Kara-Mourza coupable de « haute trahison », diffusion de « fausses informations sur l’armée russe » et « conduite d’activités d’une organisation indésirable ».
Enfin libre !
Le 1er août, dans le cadre d'un accord d'échange négocié entre la Russie et le Bélarus d'une part, et l'Allemagne, la Norvège, la Pologne, la Slovénie et les États-Unis, d'autre part, les autorités de Moscou et de Minsk ont gracié et libéré 16 personnes.
Parmi eux, des militants et des défenseurs des droits humains russes, Oleg Orlov, Aleksandra (Sasha) Skotchilenko, Lilia Chanysheva, Ksenia Fadeeva, Andrei Pivovarov et Ilya Yashin, ainsi que les journalistes Evan Gershkovich et Alsu Kurmasheva. Et Vladimir Kara-Murza.
Comme Vladimir, toutes ces personnes avaient été emprisonnées à l'issue de procès iniques. Elles étaient accusées d'avoir critiqué les autorités, milité contre la guerre ou exercé des activités journalistiques. Elles n’auraient jamais dû se retrouver derrière les barreaux.
Aujourd'hui nous partageons le soulagement et la joie que suscite la libération de ces défenseur·es des droits humains, militant·es et journalistes, dont Vladimir, qui pourront bientôt serrer leurs proches dans leurs bras.
Alors que des dizaines et des dizaines de défenseurs, d'activistes et de journalistes russes sont incarcérés dans des geôles russes, le combat continue pour mettre fin au système répressif russe et demander aux autorités de libérer sans condition toutes les autres personnes détenues arbitrairement pour des motifs politiques !
Il était l’un des opposants au Kremlin. La condamnation de Vladimir Kara-Mourza est un nouvel exemple de la répression de la société civile exercée par les autorités russes, une répression renforcée depuis la guerre en Ukraine.
Ce fervent militant de 41 ans a été jugé pour s’être opposé publiquement à l’invasion de l’Ukraine et pour avoir plaidé en faveur de victimes d’atteintes aux droits humains.
Cette condamnation qui assimile à tort le militantisme en faveur des droits humains à de la “haute trahison” rappelle la répression imposée sous le régime stalinien.
Natalia Zviaguina, directrice d’Amnesty International Russie.
Qui est Vladimir Kara-Mourza ?
Militant politique et journaliste, Vladimir Kara-Mourza est connu pour son activisme politique, son travail de défense des droits humains avec des ONGs et sa collaboration avec des médias indépendants. Il était un proche allié du dirigeant de l’opposition Boris Nemtsov, assassiné en 2015 dans le centre de Moscou.
Vladimir Kara-Mourza a survécu à deux tentatives d’empoisonnement, en 2015 et 2017. Aucune enquête n’a été menée par les autorités russes sur ces deux empoisonnements. Le 11 avril 2022, il a été arrêté près de son domicile à Moscou. Pendant sa détention, son état de santé s’est détérioré.
Condamné pour avoir dénoncé l'invasion de l'Ukraine
Vladimir Kara-Mourza a écopé de 25 ans de prison suite à plusieurs accusations : « haute trahison » (article 275 du Code pénal russe) en raison de sa « coopération avec un pays de l’OTAN » par des discours donnés à Lisbonne, Helsinki et Washington DC, lors desquels il avait condamné l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Il a aussi été condamné pour « dissémination délibérée de fausses informations sur les forces armées russes » (article 207.3(2) du Code pénal russe) liées à ses critiques de l’invasion de l’Ukraine lors d’un discours devant la Chambre des représentants aux États-Unis et pour « conduite des activités d’une organisation indésirable » [article 284.1(1) du Code pénal].
Lire aussi : En Russie, des lois pour réduire au silence les voix anti-guerre
Les autorités russes ont de plus en plus recours à ces poursuites pénales pour arrêter, poursuivre en justice et condamner des défenseur·e·s des droits humains, des journalistes et des opposant·e·s politiques critiquant l’invasion de l’Ukraine.
« Tel est le prix à payer quand on refuse de se taire en Russie »
Dans sa dernière déclaration au tribunal, Vladimir Kara-Mourza a affirmé : « Je sais quel jugement sera rendu. Je le sais depuis que j’ai vu dans mon rétroviseur des hommes en uniformes et masques noirs courir après ma voiture l’année dernière. Tel est le prix à payer lorsque l’on refuse de se taire en Russie aujourd’hui. Mais je sais aussi qu’un jour viendra où les ténèbres dans lesquelles notre pays est plongé se lèveront. Ce jour finira forcément par venir, tout comme le printemps finit forcément par remplacer même le plus froid des hivers. Et notre société ouvrira alors les yeux et sera horrifiée par les terribles crimes que nous avons commis en son nom. »
Vladimir Kara-Mourza a été déclaré coupable uniquement en raison de ses opinions politiques. Nous le considérons donc comme un prisonnier d’opinion et appelons à sa libération immédiate.
Une artiste russe risque dix ans de prison
Tout comme Vladimir Kara-Mourza, Alexandra Skotchilenko, 31 ans, a été condamnée pour avoir critiqué la guerre en Ukraine. En prison depuis un an, elle est dans l'attente de son procès. Elle risque jusqu'à dix ans de prison.
Mobilisons-nous pour sa libération !