Cela faisait 40 ans que nos équipes à Hong Kong œuvraient à la défense des droits humains dans la région. Aujourd’hui, nous prenons la douloureuse décision de fermer nos bureaux car face à l’intensification de la répression des autorités, il devient trop risqué de poursuivre notre travail sur place.
Depuis que la loi hongkongaise sur la sécurité nationale est entrée en vigueur, il est devenu de fait impossible pour les organisations de défense des droits humains de travailler à Hong Kong librement et sans crainte de graves représailles de la part du gouvernement.
Compte tenu de l’environnement répressif et de l’incertitude perpétuelle créés par la loi sur la sécurité nationale, il est impossible de savoir quelles activités risquent de donner lieu à des sanctions pénales.
Dans ce contexte devenu si instable, nous avons pris la décision, le cœur lourd, de fermer nos deux bureaux. Notre premier bureau - local - cessera ses opérations le 31 octobre, tandis que notre bureau - régional - mettra la clé sous la porte d’ici la fin de l’année.
« Nous étions face à un dilemme »
Depuis l’entrée en vigueur de la loi sur la sécurité nationale en juillet 2020, nous alertons sur le net recul des libertés à Hong Kong et la détérioration rapide de la situation des droits humains.
Cette loi a fait augmenter les menaces qui pèsent sur la société civile hongkongaise. Nous avons analysé les risques qui pesaient si nous restions à Hong Kong. Les risques étaient trop élevés pour y maintenir nos bureaux. Il nous aurait été impossible d’y travailler librement.
Nous étions face à un dilemme : d'un côté, nous voulions conserver nos bureaux pour être au plus près du terrain. De l'autre, nous n'étions plus en mesure d'assurer la protection de nos salariés et de nos militants. Si nous restions, le risque était de nous obliger à nous autocensurer, pour les protéger.
Cécile Coudriou, présidente d’Amnesty International France
Retrouvez l'intégralité de l'interview de Cécile Coudriou sur France 24. 👇
40 ans à Hong Kong
Nous devons énormément à nos membres et salariés qui ont travaillé inlassablement pendant plus de 40 ans afin de protéger les droits humains à Hong Kong et dans la région.
Nous avons par exemple mené campagne en faveur de l’abolition totale de la peine de mort à Hong Kong en 1993, nous avons aussi documenté le recours excessif à la force par la police durant les manifestations de 2019.
La présence d’Amnesty International à Hong Kong a permis de mettre la lumière sur des violations des droits humains dans les périodes les plus sombres.
Agnès Callamard, secrétaire générale d’Amnesty International
Dans la région, nos recherches et nos actions ont porté sur des sujets tels que la liberté d'expression en Corée du Nord, l’objection de conscience au service militaire en Corée du Sud, le droit au logement en Mongolie, les atrocités commises par le Japon contre les " femmes de réconfort " en temps de guerre, la répression visant les avocats défendant les droits humains en Chine…
Nos salariés et militants proposaient également des programmes d’éducation à Hong Kong en organisant notamment des interventions dans les salles de classe ou des projections de films documentaire.
Matériel de travail au bureau d'Amnesty International à Hong-Kong / © Isaac Lawrence - AFP
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Nous n’arrêterons pas notre travail
L’avenir s’annonce difficile pour les droits humains à Hong Kong. Mais une chose est sûre : la fermeture de nos bureaux ne marque pas la fin de notre engagement à Hong Kong.
Nous continuerons de lutter pour que les droits de la population hongkongaise soient respectés. Nos opérations régionales seront quant à elles transférées à nos autres bureaux dans la zone Asie-Pacifique.
Quitter l’île qui nous a accueillis pendant des décennies est un déchirement. Nous fermons nos bureaux fiers de ce que nous avons accompli au cours de cette période. La force de nos 10 millions de sympathisants dans le monde nous permettra de continuer à travailler, ensemble, pour informer, alerter, documenter et mettre fin aux atteintes aux droits humains partout dans le monde.
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