Pour lutter contre les injustices, c’est ensemble que nous avons le plus de pouvoir. La preuve : ces victoires remportées en 2022. Face à la morosité ambiante et au flot de mauvaises nouvelles qui nous inonde, elles méritent d’être célébrées !
Tout au long de cette année, grâce à notre travail (campagnes, plaidoyer, sensibilisation, etc.) et à votre mobilisation, nous avons contribué à changer des vies, changer des lois. Partout dans le monde, nous avons aidé des personnes à obtenir justice et réussi à améliorer la situation de personnes dont les droits humains étaient bafoués.
Tour d’horizon des victoires à célébrer, obtenues en 2022 en matière de droits humains.
« We made it ! » : des personnes injustement détenues ont été libérées de prison
Bernardo Caal Xol, au Guatemala. © Simone Dalmasso
En Afghanistan, le professeur Faizullah Jalal, maître de conférences à l’université, a été libéré en janvier après avoir été arrêté et détenu arbitrairement par les talibans.
Ramy Shaath, le militant égypto-palestinien a vécu l'année 2022 en homme libre. Ce célèbre opposant politique et défenseur des droits humains en Égypte a été arrêté arbitrairement et détenu dans son pays pendant deux ans et demi. Dès sa libération, en janvier 2022, il a remercié toutes les personnes qui se sont mobilisées pour lui : « Chacun de vos mots, chacune de vos lettres m’ont énormément apporté. Moralement mais aussi politiquement. Les autorités ne pouvaient pas ignorer que le monde les regardait. ». Le combat continue aujourd’hui pour tous les opposants injustement emprisonnés en Égypte.
Au Soudan du Sud, Magai Matiop Ngong a échappé à la peine de mort. Il avait été condamné à la peine capitale à l’âge de 15 ans, en 2017. Plus de 700 000 actions ont été menées dans le monde entier en sa faveur lors de notre grande campagne des « 10 jours pour signer » de 2019. Il a finalement été libéré en mars dernier. Un grand soulagement !
Au Guatemala, Bernardo Caal Xol, défenseur maya des droits des populations autochtones et de l’environnement, a été incarcéré pour des accusations forgées de toutes pièces en lien avec ses activités militantes. Plus d’un demi-million d’actions ont été menées en faveur de la libération de ce prisonnier d’opinion dans le cadre de notre campagne phare « 10 jours pour signer » de 2021. Une mobilisation payante : Bernardo a été libéré en mars dernier.
En Russie, l'artiste Ioulia Tsevtkova risquait jusqu’à six ans de prison pour de simples dessins de corps de femmes et de vulves sur les réseaux sociaux. Grâce à une large mobilisation, l’artiste russe de 29 ans a finalement été acquittée en novembre dernier. Une décision d’autant plus réjouissante qu’elle est un exemple rare de justice dans la Russie actuelle, qui a par ailleurs approuvé le 24 novembre dernier une loi durcissant l’interdiction de la « propagande » LGBTI.
En Turquie, l’annulation de la condamnation de quatre défenseur·e·s des droits humains, en procès depuis 2017, a été un immense soulagement. Parmi eux, Taner Kılıç, président honoraire d’Amnesty Turquie, et Idil Eser, ex-directrice d’Amnesty Turquie. Tous deux membres fondateurs d’Amnesty International Turquie, ils jouent depuis vingt ans un rôle crucial dans la défense des droits humains dans leur pays. Cinq ans après leur emprisonnement, ce jugement met fin à une parodie de justice et révèle l’objectif à caractère politique de ces poursuites : se servir des tribunaux comme d’une arme pour faire taire les voix critiques. Cette bonne nouvelle ne nous fait pas oublier les nombreux défenseur·e·s des droits humains qui croupissent en prison, vivent dans la crainte d'être arrêtés ou font l'objet de poursuites infondées en Turquie.
Des auteurs de violations des droits humains ont dû rendre des comptes
Manifestation pour demander justice après le décès de la journaliste d'Al Jazeera Shireen Abu Akleh, tuée lors d'un raid israélien à Jénine, en Cisjordanie occupée, à Jérusalem, le 11 mai 2022. © Ammar Awad / REUTERS
En janvier, un tribunal allemand a condamné Anwar Raslan ancien responsable des services de renseignement syriens, à la réclusion à perpétuité pour crimes contre l’humanité. Il a notamment été reconnu coupable de tortures, meurtres et viols de détenus dans la « Branche 251 », un centre de détention géré par le renseignement militaire à Damas. Un verdict historique et une victoire pour les familles des victimes de ce bourreau.
En juin, un tribunal a enfin rendu une justice partielle pour le meurtre, en 2016, de Berta Cáceres, défenseure des droits de l’environnement et des populations autochtones : David Castillo a été condamné à une peine de prison en tant que co-auteur de son assassinat. Nous continuons à nous mobiliser pour que les autres responsables du meurtre de Berta Cáceres soient traduits en justice.
En novembre, le Bureau fédéral d’enquête des États-Unis (FBI) a informé le gouvernement israélien qu'il mènerait une enquête sur l’homicide, en mai, de la journaliste palestino-américaine Shireen Abu Akleh par un soldat israélien.
La lutte pour l'abolition mondiale de la peine de mort a continué de progresser
Mobilisation contre la peine de mort durant le campus de Carcassonne, en France, en 2022. © Amnesty International
Notre combat en faveur de l’abolition mondiale de la peine de mort est historique. En 2022, il a connu de nouveaux succès, toute une série de pays ayant aboli ce châtiment ou pris des mesures significatives dans cette voie.
L’abolition de la peine de mort pour tous les crimes est entrée en vigueur au Kazakhstan en janvier.
La Papouasie-Nouvelle-Guinée lui a emboîté le pas en avril, abrogeant ce châtiment trente ans après sa réintroduction. Puis la République centrafricaine en juin, la Guinée équatoriale en septembre et la Zambie en décembre.
La tendance vers l’abolition universelle de la peine de mort se confirme donc : 143 pays ont aboli la peine de mort en droit ou en pratique. Des pays restent encore à convaincre, le combat continue !
Des avancées importantes ont été remportées pour les droits des femmes et des personnes LGBTI
Un gâteau de la Pride à Zurich, en Suisse. © Fabrice Coffrini / AFP
En 2022, nous avons contribué à certaines victoires notables pour les droits des femmes et des LGBTI.
La marée verte se poursuit en Amérique latine. En Colombie, l'avortement a été dépénalisé jusqu'à la 24e semaine de grossesse. Cette nouvelle fait suite à la légalisation de l’avortement en Argentine, en 2020, et sa dépénalisation au Mexique, en 2021.
En Espagne, un rapport sexuel sans consentement constitue désormais un viol. "No es no!"
En Finlande, le Parlement a pris des mesures allant dans le même sens, avec des réformes qui font de l’absence de consentement un élément clé pour définir le viol. La Finlande a aussi adopté des réformes en octobre qui ont assoupli les lois très strictes sur l’avortement dans la région nordique.
En Suisse, le mariage des couples de même sexe est enfin devenu légal. Près des deux-tiers de la population avaient voté oui lors d’un référendum.
La Slovénie a suivi le mouvement en octobre, légalisant le mariage homosexuel après un arrêt de la Cour constitutionnelle.
De même que Cuba qui, par référendum, a adopté un nouveau code des familles qui ouvre le mariage et l’adoption à « toutes les personnes » !
Des lois et des résolutions essentielles ont été adoptées par des gouvernements
Une militante pour les droits humains en Espagne. © Jose Carlos Ichiro pour Westend61 / Getty
Le travail d’Amnesty International a contribué à l’adoption de lois et de résolutions essentielles, mais aussi à ce que les entreprises prennent plus au sérieux leurs obligations en termes de droits humains et soient amenées à rendre des comptes.
En Inde, la Cour suprême a remporté une victoire pour la protection et la promotion du droit à la liberté d'expression en suspendant la loi relative à la sédition datant de 152 ans.
Aux États-Unis, une loi sur les violences par armes à feu, pour laquelle Amnesty International États-Unis et ses partenaires faisaient campagne depuis longtemps, a été adoptée.
Au Sahel, notre travail de plaidoyer pour protéger les enfants dans les zones de conflit du Niger s’est traduit par un renforcement de la surveillance de la situation par l’ONU. En juillet, le secrétaire général de l’ONU a demandé à sa représentante spéciale de « promouvoir une capacité de surveillance renforcée dans la région du Sahel central », qui couvrirait la région tri-frontalière du Niger – l’une des principales recommandations de notre rapport paru en septembre 2021.
À notre demande, les autorités de Sierra Leone ont invité la société minière Meya, qui déploie ses activités dans le district de Kono, à répondre à nos préoccupations quant à l'impact négatif de ses activités sur les populations locales. La société a répondu qu'elle était engagée dans diverses actions visant à améliorer la sécurité des populations et l'accès à l'eau potable pour les habitant·e·s.
Au Myanmar, grâce à notre enquête établissant un lien entre la chaîne d'approvisionnement en carburant d’aviation et des crimes de guerre commis par l’armée, plusieurs entreprises ont annoncé leur retrait des ventes de kérosène à ce pays.
L’Union européenne est parvenue à un accord politique sur la Loi sur les services numériques (Digital Services Act, DSA). Ce cadre réglementaire historique obligera, entre autres, les plateformes des géants technologiques à évaluer et gérer les risques systémiques posés par leurs services, tels que l’incitation à la haine et la diffusion de fausses informations.
Des progrès notables ont également été enregistrés en matière de justice environnementale : l’Assemblée générale des Nations unies a adopté une résolution sur la reconnaissance universelle du droit à un environnement sain.
En 2023, le combat continue !